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Accueil de migrants adolescents dans la maison de Llinars (Catalogne)

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« En juillet dernier, la Maison de Llinars del Vallès a reçu un appel urgent venant des autorités du pays pour accueillir un groupe de 33 adolescents migrants et leurs éducateurs » « Cette expérience nous a touchés. La communauté de Llinars a vécu avec une attitude d’accueil exceptionnelle ». (Présence Mariste n°298, janvier 2019)

F. Lluis AGUSTÍ

En juillet dernier, la Maison de Llinars del Vallès a reçu un appel urgent venant des autorités du pays pour accueillir un groupe de 33 adolescents migrants et leurs éducateurs. Ils venaient du Maroc et de Guinée Conakry. Tous ont traversé le détroit de Gibraltar en bateau ou cachés dans des camions.

Deux garçons nous ont dit : « Nous avons pris un bateau en plastique sur les côtes du Maroc, la nuit nous avons pris la mer. Nous étions quatre. Nous avons ramé à tour de rôle. Et pendant que nous pagayions, les deux autres essayaient d’enlever l’eau du bateau. Nous avons tous prié. Au milieu de la nuit, un hélicoptère nous a découverts et un navire de sauvetage maritime nous a emmenés sur l’autre rive. »

De toute évidence, ces gars ont dû payer les mafias pour obtenir le bateau. Arrivés sur le territoire espagnol, ils ont été distribués dans différentes villes. Ces 33 adolescents se sont promenés autour de Barcelone jusqu’au jour où la Police les a attrapés et les a emmenés dans un centre pour mineurs.

Et puis est arrivé un autre groupe une fois que le premier est parti. 50 à 60 adolescents avec leurs éducateurs correspondants ! Tous sont de nationalité marocaine de la région de Tanger. Beaucoup d’entre eux sont berbères.

Maison de Llinars (extérieur)
Phto FMS

Ils doivent apprendre la langue : espagnol et catalan, rester dans les centres d’accueil jusqu’à l’âge de la majorité, supervisé par les autorités compétentes et suivre le processus d’intégration.

Cette expérience nous a touchés. La communauté de Llinars a vécu avec une attitude d’accueil exceptionnelle. Du côté du centre de colonie, le personnel de service a fait tout ce qu’ils ont pu pour ces jeunes ainsi que pour leurs éducateurs. Ce sont peut-être aussi les « Montagne » d’aujourd’hui !

Parmi ces jeunes, le cas d’Ibrahim

Ibrahim était l’un de ces mineurs. Il est passé de Guinée Conakry au Maroc en traversant le Sénégal, la Mauritanie et le Sahara occidental.
Pendant la guerre, son père a été tué et il ignore où se trouve sa mère.
Un beau jour, il décide de quitter son pays. Il a pris contact avec les mafias qui l’ont aidé dans son voyage à condition de payer un certain montant. Il est arrivé au Maroc où il avait des connaissances et il y travaille depuis quelques années jusqu’à ce qu’il perde une certaine somme qu’il payait pour le voyage en Espagne dans un bateau d’une capacité de 20 personnes, mais en réalité plus de 40.

Maison Llinars (intérieur)
Phto FMS

Une fois au centre, après avoir passé les tests médicaux pour déterminer son âge, on lui a demandé de retourner dans son pays parce qu’il était majeur. Il a nié qu’il était plus âgé et n’a pas signé l’ordre de rapatriement. Le centre d’accueil ne pouvait pas s’en charger automatiquement. Il a erré dans les rues de Llinars et a dormi dans la mosquée, jusqu’au jour où il est apparu à la maison de colonie.

Que faire ? On l’a aidé avec des vêtements, de la nourriture, médecins, papiers, contacts… Et puis un beau jour, il a décidé de partir pour la France. Là, il a retrouvé une bonne personne, rencontrée à Llinars et qui a travaillé avec des migrants en France.

F. Lluis AGUSTÍ
(Publié dans « Présence Mariste » n°298, janvier 2019)

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