Un évêque sur les stades

« Mgr Dominique Lebrun expose comment il a pu concilier ses activités d’arbitre sur les stades et son ministère sacerdotal. ( »Présence Mariste" n°256, Juin 2008)

Jusqu’à présent, j’ai évité de m’exprimer sur mon activité sportive. Pourtant, j’ai aimé jouer au foot. Poussin, pupille, minime puis cadet, j’ai éprouvé la joie du sport et aussi ses exigences, parfois ses dérives. J’ai gagné mais aussi perdu. Et, surtout, j’ai souvent fait partie de ces gamins qui ne sont pas sélectionnés pour jouer le dimanche ! Je n’étais pas très bon.

Le père Dominique Lebrun arbitrant un match avec les jeunes venus pour son ordination

Ensuite, je n’ai jamais cessé de participer volontiers aux sports de base que sont la course, le football, le volley ou le tennis de table mais sans compétition. Quelques fois, je me suis lancé des défis comme celui de jouer au rugby malgré mon gabarit inadapté ou bien courir un marathon malgré mon insuffisante préparation.

Le matin à la messe, l’après-midi sur le stade
Devenu prêtre, je cherchais le moyen de concilier l’horaire varié de mon ministère et une pratique sportive régulière. J’avais aussi besoin d’un stimulant, trouvant toujours un prétexte pour remettre à une autre semaine le footing solitaire. Marcellin CHAMPAGNAT semble, lui, avoir eu un beau stimulant pour faire ses longues marches à travers les monts du Pilat et au-delà : le feu de l’amour de Dieu. Un jour, la radio explique qu’il y a besoin d’arbitres et comment le devenir. Je téléphonais à la Fédération française de football et me voici rechaussant les crampons pour une nouvelle aventure. Elle a duré 12 ou 13 ans et s’est déroulée dans le district de Seine-Saint-Denis puis à la ligue d’Île-de-France. J’étais stimulé par ce match à gagner chaque semaine : obtenir que le bon esprit soit le premier vainqueur. Peut-être n’est-ce pas si loin de la vocation du prêtre ! Résultat : je participais à la messe le matin et parcourais les stades l’après-midi. A vrai dire, je connaissais mieux la géographie des installations sportives que celle des églises en Seine-Saint-Denis. En effet, j’officiais le dimanche matin toujours dans la même église et l’après-midi dans un stade très souvent différent ! Bref, j’étais un double pratiquant !

Sur la terre comme au ciel…
« J’ai un peu » testé de la course à pied en m’entraînant. Plus d’une fois, j’ai senti sous mes pieds une nouvelle relation à la terre que je parcourais. J’étais bien seul mais, en même temps, relié à tous les autres — j’ose dire à tout le monde… à tous ces terriens qui foulent de leurs pas cette planète sur laquelle je fais 5, 10 ou 20 kms… Seul, on n’a plus qu’un choix : être vraiment seul ou être avec tous. Souvent, cet entraînement était le moment de prière, de prière large où je pensais à ceux et celles qui, à quelques distances, arpentent la terre… avant le ciel.

En plein air, lors d’une rencontre pastorale

Le sportif, à cause des limites qu’il tutoie ou en raison des joies qu’il éprouve dans son corps, ne peut pas non plus ne pas penser à ceux qui n’ont plus leurs capacités physiques normales. Je suis devenu de plus en plus sensible aux handisports mais aussi aux personnes handicapées. La pratique de l’arbitrage n’y est pas pour rien.

Mgr Dominique LEBRUN,
Évêque de St Étienne

(Paru dans « Présence Mariste » n°256, juin 2008)

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