Lille … Rome … Djibouti … Nicaragua

Guy explique pourquoi il est parti à Djibouti puis au Nicaragua

Guy LETELLIER, originaire de BETHUNE (Pas de Calais), était dans mon équipe MEJ, alors qu’il était en 4e, pendant le camp TA en Corse, en juillet 1992. Nous sommes restés amis depuis ce « temps fort » qu’a constitué ce camp de marche dans les paysages somptueux de la Corse. Guy a eu la chance de vivre dans une ambiance familiale marquée par l’Evangile : 7 frères et sœurs, de tous pays, quelques-uns handicapés ; présence Eucharistique dans la demeure familiale.

Laissons Guy nous parler…

Fr Alain : Pourquoi, après les JMJ de Rome, en août 2000, Guy, es-tu parti à Djibouti, pour en revenir deux jours avant la rentrée universitaire ? Qu’y as-tu fait ? Qu’est-ce que cela t’a apporté ?

Guy : "Certes les JMJ ont été une étape intéressante, mais le projet sur Djibouti me motivait très fort depuis plusieurs mois. Vers le début de l’année 2000, alors étudiant en 2e année de médecine à Lille, l’envie me travaillait de repartir avec mon excellent ami Charles.

Il s’agissait d’habiter une action comme chrétien, et de vivre une rencontre avec toute mon Histoire.

Au cours d’une conversation, Sr Marie-Thérèse LIBESSART, de la Congrégation des Sœurs Franciscaines de Marie, me parla de la pouponnière dont elles s’occupaient à Djibouti. Finalement, trois jours après les JMJ, avec Charles, nous avons atterri à Djibouti chargés de médicaments, couches, jouets.

Guy tient Myriam dans ses bras

Raphaëlla, étudiante en communication, a partagé notre expérience pendant 15 jours.

Ce que nous avons découvert dans cette corne de l’Afrique nous a marqués à vie. Nous nous sommes retrouvés parmi une soixantaine d’enfants de 0 à 1 an et demi et avec quelques grands de 2 à 4 ans… abandonnés par leurs parents au pied de la grille de la mission, dans un panier de poissons… dans la rue, à la maternité ou bien après que leur mère ait accouché à la pouponnière.

Nous avions une seule consigne par la mère supérieure : « AIMEZ-LES ». C’est ce que nous avons essayé de faire, jour et nuit, pendant cinq semaines. A travers toutes les étapes de la journée et de la nuit du bébé : biberons, soins, changes, jeux, nous vivions l’attention aimante, rieuse et câline. Nous avons vécu des événements durs aussi : la mort d’un petit dénutri ou déshydraté ou surtout sans explication, reste un drame. J’ai souffert, tout comme les soeurs, les trois volontaires de la Délégation Catholique à la Coopération (DDC) et les aides éthiopiennes, qui font un travail dur, mais toujours à recommencer. Je suis certain pourtant que le Ressuscité, lui aussi, fera une place à ses enfants dans ses bras.

Nous avons pu également rencontrer le pays avec sa multitude de difficultés politiques, économiques et sanitaires. C’est simple : rien ne pousse à Djibouti ! Charles et moi avons passé à tour de rôle quelques jours au Centre Antituberculeux d’Ali Sabieh où les plus pauvres venaient chercher un ultime remède ou mourir.
"Certains font plus de 1 000 km avec un verre de thé dans le ventre",
nous a confié Christophe, infirmier DCC sur place.

C’est une leçon de vie, un regard sur l’Afrique, l’Islam. Cela exige de se faire plus petit, à l’écoute des enfants.!"

Fr Alain : Juillet 2001 : Nicaragua ! "Pourquoi ? Pourquoi faire ? Pour qui ?

Guy : « Ah, le Nica ! Par curiosité, par envie, mon regard s’est porté plus à l’ouest, vers une partie du monde dont je connaissais mieux la langue. Je voulais profiter de mes dernières »grandes vacances universitaires" avant d’être externe à l’hôpital et entrevoir la santé à la façon nicaraguayenne. Le dépaysement a été important. Je suis parti seul, ayant l’adresse d’un prêtre français du diocèse de Nantes, en fonction au Nicaragua pour 6 (+ 2) ans en plein cœur du pays, à Sto Domingo (Chontales), Charles a pu me rejoindre au bout de 15 jours.

J’ai pu effectuer de surprenantes et intéressantes balades avec « un curé de campagne » dans ses communautés isolées : des parcours de 3/4 heure en 4X4 prolongés par 2 ou 3 heures de cheval, Au centre de santé de la petite ville, le Ministère de la Santé nicaraguayen gère une petite équipe médicale et paramédicale : deux médecins, deux infirmiers, auxiliaires, administration…

Voyage en pirogue au Nicaragua

L’emploi du temps était particulièrement chargé à cause des très nombreuses consultations. Les gens habitent loin et ils ne se déplacent qu’avec trois ou quatre enfants malades. Le voyage peut durer très longtemps, en stop, à pied ou à cheval. Il fallait organiser des sorties en campagne pour atteindre ceux qui ne pouvaient pas accéder au centre. Là encore les consultations succédaient aux vaccinations. Parasitoses, maladies chroniques, drames psychologiques, conséquences de la révolution sandiniste, de la guerre, des assassinats, de la corruption, des inondations… remplissaient la journée."

Fr Alain : Pourquoi as-tu la foi, Guy ?

Guy : "Pourquoi j’ai la foi ? Je n’en sais rien ! Pourquoi suis-je croyant et pas mon voisin ? Cela appartient certainement à un des nombreux mystères de Dieu. Dieu aime qui II veut, quand II veut, et mon voisin est autant destinataire de cet amour. La foi est un don que l’on reçoit et cultive.
Par mes parents sans aucun doute et par ce chemin personnel que j’ai dû commencer petit et creuser davantage à l’adolescence. Mais je me convertis encore aujourd’hui…"

Fr Alain : Mais qu’est-ce que la Foi, pour toi, actuellement ? Qu’est-ce qu’elle t’apporte ?

Guy : "La Foi, c’est la joie de croire. Elle me pousse à espérer que toute l’humanité aspire à une création nouvelle, c’est-à-dire à se laisser rejoindre par Dieu. Même avec les tragédies que connaît le monde dont les médias sont pleins en ce moment, je crois que le monde est sauvé, puisque Jésus Christ est ressuscité.
Attention au témoignage brillant qui en met plein la vue : ça donne des boutons ! Rester humble, discret en humanité avec des « non-croyants », c’est une chance pour bien se redire qu’on n’est pas meilleur que les autres et qu’il faut être attentif à l’œuvre de Dieu en dehors de l’Eglise."

Fr Alain : Puisse ton dynamisme dans la foi davantage nous inspirer ! </font<

Interview de Guy LETELLIER par Frère Alain STEINBACH

(Publié dans « Présence Mariste » n°231, avril 2002

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