PM 297

Frères Maristes dans la guerre de 1914-1918

La paix, cadeau ou conquête ?
PM 297- C1 logo

Au total, avec les Frères allemands, Italiens et belges, l’Institut a eu plus de 1 000 mobilisés. En cette année 2018, il convient d’en faire mémoire. (Présence Mariste n°297, octobre 2018)

Habituellement, dans la rubrique Ouverture, il y a la présentation de telle ou telle initiative venue d’ailleurs que du monde mariste et que l’on a trouvée intéressante pour les lecteurs de Présence Mariste.
Aujourd’hui, pour marquer le centenaire de 1918, exceptionnellement, voici un article qui rappelle la place significative qu’ont pris les Frères comme citoyens en répondant il y a un siècle à l’appel sous les drapeaux !
(Cet article fait écho au dossier paru au n°294)
« Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie
Ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie.
Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau »

Victor Hugo, Les Chants du crépuscule
Bernard FAURIE

Peu de temps après la fin de la “grande guerre”, en 1925, paraît le Livre d’or du clergé et des congrégations. Deux volumes de plus de mille pages chacun où figurent les noms de 24 000 prêtres et religieux qui ont été mobilisés, mais aussi de religieuses qui se sont dévouées au service des blessés et des malades.

C’est un moyen de répondre à la politique du Bloc des Gauches (1924-26) qui veut relancer un anticléricalisme virulent. C’est dans ce livre d’or qu’on lit les noms de 238 Frères Maristes mobilisés, les uns décorés pour actes de bravoure, les autres (104) tués au combat. Parmi les 9 281 religieux mobilisés les Frères Maristes sont, avec 708 mobilisés, au troisième rang, après les Frères des Écoles chrétiennes et les Jésuites.

Au total, avec les Frères allemands (205), Italiens (88) et belges (20), l’Institut a eu plus de 1 000 mobilisés. En cette année 2018, il convient d’en faire mémoire.

Ils reviennent !

F Dodane Louis

Les religieux enseignants s’étaient expatriés, pour la plupart à la suite des décrets Combes interdisant les congrégations religieuses en 1903.

Les exilés réfugiés dans les pays limitrophes de la France rentrent nombreux d’Italie, (Grugliasco, Santa Maria et San Mauro, dans le Piémont) ; de Péruwelz en Belgique ; d’Espagne et de Suisse. Les Frères allemands, italiens, belges sont enrôlés dans les armées de leur pays.

D’autres reviennent du Canada, des États-Unis, du Brésil et d’Argentine. Les plus nombreux viennent du Mexique, vingt-quatre, dont huit de Mexico.

Il en revient de Ceylan (l’actuel Sri-Lanka), des Seychelles, d’Aden, alors possessions anglaises, de Chine (Tien-Tsin, Shanghai…). Le groupe des rapatriés le plus important vient de l’Empire ottoman, engagé dans le conflit aux côtés de l’Allemagne. Les Frères sont donc expulsés non seulement de la Turquie actuelle mais aussi de Syrie, du Liban, et même de Bagdad en Mésopotamie.
Au total, les Frères de retour sont plusieurs centaines.

Des Frères dans la guerre

F Baud Louis

Parmi les “Petits Frères de Marie” il y eut bien des “petits, des obscurs, des sans grades” mais aussi des meneurs d’hommes qui firent l’admiration de leurs frères d’armes. Je relève les noms de vingt-huit caporaux, de vingt sergents, de cinq sous-lieutenants et de trois lieutenants. D’autres ont accédé à des grades supérieurs.

Il est parmi eux des interprètes. Le maréchal des logis Charles Marchand et Marie Ernest Guyot sont interprètes pour les armées britanniques ; François Bertholier et le sergent Pierre Fiat, interprètes pour les armées américaines ; le sergent Henri Receveur, interprète pour l’armée d’Orient ; et le maréchal des logis Claudius Dubost, interprète de turc.

Des soldats valeureux

F Yung René

Soucieux de montrer le patriotisme des religieux le Livre d’or mentionne les citations obtenues, dont on ne peut retenir que quelques exemples, tout en regrettant de ne pouvoir allonger la liste.

Du sous-lieutenant Pierre Bourguet, né en 1894 et revenu de Ceylan, il est dit que : “Blessé grièvement le 18 juin 1917, il n’a consenti à se laisser panser qu’après avoir donné les ordres nécessaires pour mettre sa section à l’abri.”

Du caporal Martin Joseph Chaix, né en 1883, revenu de Tehuantepec, Mexique : “Le 4 septembre 1916 s’est porté spontanément au point où la tranchée était le plus bouleversée par le feu de l’ennemi pour soutenir par son exemple le courage de ses hommes.”

De Vincent Antoine Desmurger, né en 1876, revenu d’Alep où il enseignait à l’école arméno-catholique : “Le 4 novembre 1915 s’est offert spontanément pour aller en avant de nos lignes relever les corps de soldats laissés sur le champ de bataille. Malgré un feu intense a ramené sept cadavres ; les a identifiés et inhumés.”

De Jean-Joseph Piegay, né en 1880, revenu de Turquie : “Peu soucieux du danger pour lui-même a sauvé la vie à de nombreux camarades.” Son jeune frère Jean-Pierre-Marie, né en 1894, également Frère Mariste revenu de Grugliasco, est aussi mobilisé. Ils sont de Saint-Martin-en-Haut.

F Duny Basile

Le caporal Joseph Revol, né en 1875 : “monte au front, sur sa demande à la place d’un père de famille.” Il est tué le 25 octobre 1915.

Le sergent-fourrier Marius Uberty, né en 1882, est couvert d’éloges : “Est arrivé l’un des premiers dans une tranchée ennemie suivi de ses hommes. A chanté avec eux la Marseillaise dès qu’il eût sauté dans les lignes ennemies.”
En Serbie, il enseigne le français aux officiers et employés des Chemins de fer, “partout où la langue française était nécessaire sur la ligne de Macédoine-Grecque, à la satisfaction générale.”

Plaque Frères NDH

La plaque commémorative des Frères de la province de l‘Hermitage

Chacun des noms inscrits sur cette plaque mériterait l’attention.

Celui de Pierre-Marie Escot est à retenir, la famille Escot, de Chevrières (Loire) ayant donné d’autres enfants à la congrégation. Pierre Marie est né le 23 février 1897. Il avait commencé sa formation en Italie, au juvénat de Sangano.
Revenu d’Italie, il est mobilisé le 26 août 1914. Il a 17 ans et demi.

En octobre 1917, il combat au Chemin des Dames et en 1918 en Champagne. Il est tué le 23 juillet 1918 au combat de Vrigny. Il avait 21 ans.

À titre posthume il est décoré de la médaille militaire : “Fusilier-mitrailleur, soldat d’élite, volontaire pour toutes les missions périlleuses. A été mortellement frappé à son poste de combat en cherchant à réduire une mitrailleuse ennemie.”

Il est inscrit sur le monument aux morts de Chevrières sous son nom religieux : Frère Émile Escot.

Bernard Faurie - 25 juillet 2018
(Publié dans « Présence Mariste » n°297, octobre 2018)

Dans la même rubrique…

Mots-clés

Articles liés

Revenir en haut