PM 283

D’engagement en engagement, témoignage à la veille de ma profession solennelle (vœux perpétuels)

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Je suis entré dans la vie religieuse par un appel impérieux à tout consacrer au Seigneur en sanctifiant jusqu’aux profondeurs obscures de mon être (Publié dans Présence Mariste n°283, avril 2015)

Fait peu commun par les temps qui courent, le Frère Pierre de Marolles, 27 ans, a prononcé ses vœux solennels, le 4 octobre 2014, au couvent de Fribourg (CH). Voici son témoignage écrit pour ses amis la veille de ce grand jour.
F. Pierre de Marolles

Trois ans ! C’est le temps qui s’est écoulé depuis que, dans les mains de mon prieur provincial, je faisais profession et devenais Frère dominicain « profès » (et non plus « novice »). C’est le temps déterminé pour lequel je me suis engagé et qui maintenant est arrivé à son terme …

M’engager

Je me revois, plein de désir, d’un désir creusé par une année de noviciat, m’engageant à vivre pour trois ans comme Frère prêcheur. C’est étonnant de constater, combien je me sens proche de cet instant et pourtant combien d’expériences vécues m’en séparent. C’est qu’il y a un paradoxe dans tout engagement (pas seulement religieux) : on sait généralement à quoi on s’engage, mais on ne saura vraiment ce qu’était cet engagement qu’après l’avoir vécu dans sa chair.

Nécessité vitale pour les jeunes religieux/ses de se rencontrer pour s’encourager chacun dans sa mission
Photo CORREF

Dans mon cas, c’était évident ! J’ai sans doute expliqué longuement et avec passion à tous ceux qui ont eu l’imprudence de me le demander ce à quoi je venais de m’engager, mais c’est seulement maintenant - trois ans plus tard - que je peux vraiment vous en parler. C’est ainsi que va la vie. C’est la parole qui descend dans la chair !

J’ai fait bien des découvertes

Moi qui tremblais à l’idée de longues études, j’espère aujourd’hui ne plus sortir de notre bibliothèque que pour prêcher ce que j’y aurais découvert de beau et de vrai ! Moi qui ne savais pas comment j’aillais pouvoir prendre la parole en public, je cherche aujourd’hui les moyens pour que ma parole touche le plus de cœurs possible !

Mais ma plus grande découverte date de cet été et c’est à nos sœurs moniales d’Estavayer que je la dois. En effet, j’ai eu, grâce à elles, la chance d’être un prédicateur « prématuré » car, bien que n’étant pas encore prêtre, elles m’ont proposé de prêcher la retraite d’un groupe d’adolescentes. Et voici la découverte : Prêcher c’est tout sanctifier ! Ce que l’on dit, ceux qui écoutent mais aussi et surtout soi-même ! Comprenez-moi bien : c’est en évangélisant qu’on s’évangélise !

« Je cherche des moyens pour que ma parole touche le plus de cœurs possible » (F. Pierre)
Photo O.P.
Prêcher, c’est tout sanctifier

C’est peut-être évident, mais j’avais jusqu’alors toujours vu cela comme deux aspects séparés de ma vie : d’un côté, je suis entré dans la vie religieuse par un appel impérieux à tout consacrer au Seigneur en sanctifiant jusqu’aux profondeurs obscures de mon être ; et de l’autre, je sens grandir en moi l’appel à quitter cette « retraite » pour aller annoncer au monde la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, mort et ressuscité ! Et en fait, il n’y a aucune séparation, c’est même tout un !

Au fond, c’est même le cœur de l’Evangile : donner sa vie et par cela même la recevoir ! C’est aussi la clé révélant l’unité fondamentale de la vocation de l’Ordre des prêcheurs : Pas d’opposition dans le « contemplé et transmettre aux autres ce qu’on a contemplé », mais un seul élan de toute une vie. Puisse celui-ci être le mien aujourd’hui, demain et « jusqu’à la mort » !

F. Pierre de Marolles, op
(Publié dans « Présence Mariste » n°283, avril 2015)

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