PM 283

De l’ancien et du neuf

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La Vie Consacrée, en France, donne à voir des réalités assez contrastées. La vie monastique reste bien vivante et visible. La vie religieuse dite « apostolique » connaît un sérieux déclin. (Publié dansPrésence Mariste n°283, avril 2015)

La vie monastique reste bien vivante et visible bien que le nombre de ses membres ait diminué. La vie religieuse dite « apostolique » connaît, quant à elle, un sérieux déclin quant au nombre, au vieillissement de ses membres et au peu de nouvelles recrues. C’est un fait qu’on ne peut nier.
Il est vrai, par contre, que les « laïcs consacrés » des communautés nouvelles offrent le visage de la jeunesse, de la vitalité, du renouveau. Ils sont, par ailleurs, souvent repérables dans le « paysage » par leur habit religieux.

Cependant, les Instituts ou Congrégations plus anciens sont toujours une réalité vivante, même si cela se fait différemment que dans le passé.
Voici quelques évolutions significatives, de mon point de vue.

Des présences en d’autres lieux

Autrefois, les religieux et religieuses de vie apostolique étaient nombreux et repérables dans diverses institutions : écoles, hôpitaux et autres… Ils dont dû s’adapter à l’évolution de la société. Ils sont présents autrement et ailleurs. Ils le sont souvent à ces « périphéries » auxquelles le Pape François appelle non seulement les religieux, mais toute l’Église.

Ils/elles ont toujours été aux côtés de ceux dont la société ne s’occupait pas (enfants des campagnes, vagabonds, malades, détenus…).
"Aujourd’hui,
note Sr Joëlle Ferry, les périphéries ont changé et obligent la Vie religieuse à être moins institutionnelle. Ainsi, on trouve des religieuses dans le monde du travail, avec un développement parallèle à celui de la place des femmes dans la vie professionnelle. Il y a des religieuses ingénieures, confrontées à des questions sur l’éthique financière. Des choses que l’on n’imaginait pas au moment du Concile Vatican II".

Un groupe de futurs formateurs maristes de tout pays venus se ressourcer au lieu de fondation : N.D. de l’Hermitage à St-Chamond (42)
Photo FMS

On trouve des religieux/ses auprès des immigrés, des personnes en difficulté d’illettrisme, dans les centres sociaux ; mais aussi dans les moyens modernes de communication, d’information et de diffusion du savoir.

Ces présences sont sans doute moins visibles qu’autrefois. Cette année de la Vie consacrée est une bonne occasion de mettre en lumière tout ce qui est vécu par des religieux/ses, souvent dans une grande discrétion.

Des communautés de plus en plus internationales

Aux 19e et 20e siècles, de nombreux Instituts religieux sont partis fonder des missions aux quatre coins du monde. Beaucoup sont ainsi devenus internationaux. Aujourd’hui, le mouvement n’est plus du Nord vers le Sud, ou d’Ouest en Est, mais plutôt en sens inverse. De nombreuses communautés religieuses aujourd’hui, en France, sont composées de membres venus d’ailleurs, pour un temps de formation, pour des missions spécifiques ou des services internes à la Congrégation. Ces communautés multiculturelles, sans minimiser les défis que cette « cohabitation fraternelle » représente, offrent cependant un visage différent, renouvelé et rajeuni de la Vie Religieuse dans notre pays.

Des laïcs vivant « en proximité » et même « en communion » avec des communautés religieuses

« Lors du rassemblement des familles spirituelles en octobre 2013, à Lourdes, plusieurs évêques présents se sont rendus compte du nombre de laïcs de leur diocèse reliés à une famille religieuse », note Sr Joëlle Ferry (id).
« Même s’il y a eu de tout temps ce genre de relation entre communautés religieuses et laïcs, avec ce qu’on appelait des tiers ordres, ce phénomène a pris une tournure très différente ces dernières années, avec le développement de la théologie du laïcat, dans la foulée de Vatican II qui appelle chaque baptisé à la sainteté »
(Dom Jean-Pierre Longeat, id). Ces laïcs ont souvent pris le relais des religieux/ses dans des œuvres d’éducation et autres, s’inspirant du charisme du fondateur ou de la fondatrice. D’autres désirent se nourrir davantage de la spiritualité de telle ou telle famille religieuse. Ce compagnonnage constitue une réalité nouvelle dont les Instituts religieux doivent tenir compte. C’est une nouvelle manière de faire Église ensemble, pour le bien et des religieux et des laïcs.

Ces quelques observations sur le paysage de la vie consacrée en France, et particulièrement de la vie religieuse nous aident à comprendre que, malgré les grands bouleversements qu’elle connaît, celle-ci est toujours une réalité vivante, capable de se renouveler. De plus, même si notre regard s’est centré sur ce qui se passe en France, n’oublions pas de voir au-delà de nos frontières. L’Esprit qui a inspiré tant de fondateurs et de fondatrices peut encore nous étonner !

F. Michel MOREL
(Publié dans « Présence Mariste » n°283, avril 2015)

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