PM 288

Des hommes et des femmes de projet

PM 288 logo

Les fondateurs de la Société de Marie : des Pères, des Frères, des Sœurs et des laïcs. (Présence Mariste n°288, juillet 2016)

Marcellin Champagnat, un visionnaire

Marcellin Champagnat, un cœur sans frontières
Photos fms

Saint Marcellin Champagnat naît le 20 mai 1789 à Marlhes, village près de Saint-Étienne. En ce temps de la Révolution, ses proches éveillent en lui une foi solide, une profonde dévotion à Marie.

En 1816, il est parmi les fondateurs de la Société de Marie. Marcellin fait son pèlerinage personnel à Fourvière avant de quitter Lyon. “… Vierge sainte, je mets toute ma confiance en vous. Je vous offre, vous donne et vous consacre toute ma personne.”
Marcellin est un homme de parole. Il engage sa mission tenant la parole prononcée à Fourvière de donner tout ce qu’il est pour la rénovation de l’Église.
Il est aussi un homme de fraternité, mettant en jeu toutes ses relations humaines dans son apostolat pour vivre la fraternité du Christ. Il veut des Petits Frères pour vivre avec les jeunes et pour les éduquer en vivant longtemps avec eux.
Marcellin est un homme de projet. Tout jeune, il entreprend. Il formule un projet d’éducateur d’enfants et de jeunes ; un projet de formateur… la congrégation des Frères Maristes.
Homme pragmatique, il est bâtisseur de l’Hermitage de Notre-Dame. Il investit toute sa vocation d’homme et de prêtre dans sa fondation ; il met son énergie à rassembler des disciples, à les former comme Frères éducateurs, puisant son énergie dans une confiance en Dieu et Marie.

F. Maurice GOUTAGNY

Un missionnaire, Jean-Claude Colin

Un missionnaire, Jean-Claude Colin
Photo F. Maurice Goutagny

Ce matin du 23 juillet 1816, Jean-Claude Colin va à N-D de Fourvière. Dans la petite église, avec Déclas, Terraillon, Champagnat, ils sont 12 à signer l’engagement solennel à se “dépenser pour le salut des âmes par tous les moyens sous le nom très auguste de Marie”.
Cet écrit est placé sur l’autel où Jean-Claude Courveille célèbre la messe. À la fin, ils font, à haute voix la promesse émouvante qui les mobilise tous devant Notre Dame au lendemain de leur ordination.

Jean-Claude Colin est l’un des premiers après Déclas, Champagnat, à avoir été informé par Courveille, en 1815-1816, de la « révélation » que celui-ci a reçue de Marie, avec les oreilles du cœur, intérieurement mais très distinctement, en 1812, à N-D du Puy-en-Velay. Cet appel à travailler au projet d’une Société de Marie, a résonné dans le cœur de Jean-Claude Colin qui, depuis son enfance, était attaché à Marie et aspirait à mener une vie cachée. Colin a participé aux rencontres du groupe, au séminaire, à la Croix-Rousse. Ainsi, il a pu donner corps au projet Mariste. Il a 26 ans. Attiré par la vie avec Dieu, il devient prêtre mais il sent le besoin d’être fortifié par la pensée de la Société de Marie ; il sera l’un des maîtres d’œuvre pour réaliser le projet.

Dans les années qui suivent, les rencontres sont fréquentes, à Belley, à Lyon. Les signataires de la promesse de 1816 sont là : “toujours unis entre nous, nous agissions d’un accord parfait. Nos petites réunions ne furent pas interrompues” (Terraillon). Les démarches de Colin auprès du nonce à Paris puis à Rome feront que la Société de Marie sera reconnue par l’Église, 20 plus tard !

P. Bernard BOISSEAU

Origine et vocation du laïcat mariste

Il n’y a pas à proprement parler de fondateur pour la branche laïque. Dans la vision colinienne, le laïcat a toujours été présent comme un élément essentiel du projet. En effet, Jean-Claude Colin était convaincu que les laïcs, bien plus nombreux que les religieux et davantage insérés dans le monde, étaient plus à même d’y diffuser “le bon esprit de Marie”.

Quand il obtint en 1834 du pape Grégoire VII des indulgences pour la “Confrérie de la Sainte Vierge pour la conversion des pécheurs et la persévérance des justes”, il ne s’agissait que d’une petite confrérie constituée à Belley. Le laïcat a commencé ainsi, par de petites confréries masculines et féminines (pas question alors de mixité) de personnes pieuses et il s’en constituait partout où étaient présents des Pères Maristes.

Mais le Père Colin avait une conception bien plus large du laïcat. Pour que le bon esprit se répande dans le monde, il ne suffit pas de quelques groupes de saintes femmes ou d’hommes charitables, il faut toucher le plus grand nombre. “Tout le monde Mariste”, telle était son ambition. C’est-à-dire vivre et faire vivre l’Évangile à la manière de Marie dans l’Église et dans le monde.

Marie-Claude GRULIER

Jeanne-Marie Chavoin, fondatrice des Sœurs Maristes

Jeanne-Marie Chavoin, modèle de simplicité
Photo F. Maurice Goutagny

Jeanne-Marie Chavoin est fondatrice parce que femme d’intuition. Née en 1786, à Coutouvre, dans la Loire, Jeanne-Marie a peu connu la Révolution française, mais est marquée par elle. De ces temps troublés, elle retient que l’Église déchirée a besoin de renouvellement.

Dans son village, Jeanne-Marie, son amie Marie Jotillon sont initiées à la prière personnelle et en groupe, à la vie spirituelle, au souci des autres. Depuis Coutouvre, Jeanne-Marie va souvent à l’Abbaye de Pradines. Elle ressent un double appel : celui du don total à Dieu, celui du dévouement aux autres. Jeanne-Marie ne trouve pas la congrégation qui lui convient.

À 31 ans, on lui parle de Société de Marie ; elle se rend à Cerdon pour rencontrer Jean-Claude Colin. Mise au courant de la révélation de Marie à Courveille et de la promesse de Fourvière, son intuition devient projet. Elle reste à Cerdon, elle se sent interpellée. Comme les premiers Maristes, elle est prête à “se donner elle-même et tout ce qu’elle a pour sauver les âmes par tous les moyens possibles sous le nom de la Vierge Marie…” En 1823, elle dit à Mgr Devie, évêque de Belley : “Monseigneur, nous sommes deux. Nous avons quitté notre pays et nos parents pour commencer la Société de la Sainte Vierge”. Avec Marie Jotillon, Jeanne-Marie fonde la première communauté des Sœurs Maristes à Cerdon. Elle fait sienne la Promesse de 1816. Son intuition est juste, elle est là où Dieu la veut.

Sr Denise Husson - SM

Une pionnière, Marie-Françoise Perroton

Françoise Perroton, pionnière de la mission
Photo F. Maurice Goutagny

Dans les « Annales de la Propagation de la Foi », Marie-Françoise Perroton reçoit un appel, qui lui est destiné, la lettre de 2 femmes de Wallis “… nous vous faisons une demande : c’est de nous envoyer, si vous nous aimez, des femmes pieuses pour instruire les femmes d’Ouvéa.”

À 49 ans, lyonnaise, paroisse de Saint-Nizier, elle décide de répondre à cet appel. Elle contacte les Pères Maristes qui gèrent cette partie de l’Océanie. Elle écrit une lettre au Commandant Marceau : “Mon désir est d’être, pour le reste de ma vie, au service des missions.” Ce dernier hésite, mais frappé par la détermination de cette femme, l’accepte à bord et, le 15 novembre 1845, elle s’embarque sur l’Arche d’Alliance. Après 11 mois de voyage, elle arrive à Wallis ! En 1854, elle va à Futuna. Elle travaille dans ces îles, seule européenne, pendant 12 ans.

“Son zèle, sa charité, sa piété édifiaient les néophytes et leur apprenaient ce qu’est une femme chrétienne.” (P. Rozier citant Mgr Bataillon : M-F. Perroton p. 78).

Entre 1845 et 1860 dix autres laïques du Tiers-Ordre partiront. Ce sont ces 11 femmes au grand courage que nous appelons nos Pionnières. À 73 ans, Marie-Françoise fait des vœux religieux. Elle est « celle qui a donné l’élan ». Elles forment de petites communautés à Wallis, Futuna, Nouvelle-Calédonie, Samoa. Très vite, des jeunes futuniennes puis mélanésiennes vont se joindre à elles.

(Publié dans « Présence Mariste » n°288, juillet 2016)

Dans la même rubrique…

Mots-clés

Articles liés

Revenir en haut