Y a-t-il une vocation du laïc mariste ?

Ana SARRATE est actuellement vice-présidente du Bureau international des Laïcs pour la Congrégation. (« Présence Mariste » n°275, avril 2013)

Ana SARRATE travaille depuis longtemps avec les Frères d’Espagne. Elle est actuellement vice-présidente du Bureau international des Laïcs pour la Congrégation.
Ana Sarrate

Dès le temps du Père Champagnat, des laïcs, d’une manière ou d’une autre, étaient en relation avec les Frères. Mais depuis 45 ans, on constate un changement. Les laïcs qui avaient commencé à travailler dans les collèges étaient considérés comme les collaborateurs des Frères. Ensuite, on s’est aperçu que les professeurs laïcs transmettaient progressivement les mêmes valeurs que les Frères dans leur mission et on commença à parler de « Mission Partagée » d’où la proposition des formations sur la pédagogie mariste et la tradition spirituelle de Saint Marcellin. D’autres se rapprochèrent des œuvres éducatives maristes et découvrirent ce qui est mariste. La formation offerte aux laïcs, la relation avec les Frères et la prise de conscience qu’être laïc mariste est aussi une vocation au sein de l’Église ont éveillé certaines personnes au charisme de Champagnat (sa spiritualité, ses valeurs, sa mission…). Elles ont fait une démarche d’approfondissement de ce qui est mariste et elles peuvent dire : « Dieu nous a touchés et nous a donné un cœur mariste. Plus que de notre décision, l’initiative est venue de Dieu » (Cf. Autour de la même table, n°4).

Frères et Laïcs participent à des expériences de formation.

Les Frères aussi ont pris conscience de cette réalité. Ainsi pour la première fois des laïcs participèrent au Chapitre général de 1993. Celui de 2001 parla "d’élargir l’espace de la tente" pour accueillir les laïcs désireux de vivre le charisme mariste. Et enfin le Chapitre de 2009 (a reconnu) reconnaît la vocation du laïc mariste. Le document final nous dit : "Nous reconnaissons et appuyons la vocation du laïc mariste. Nous croyons que c’est une invitation de l’Esprit à vivre une nouvelle communion entre Frères et laïcs ensemble, en apportant une plus grande vitalité au charisme mariste et à la mission dans notre monde. Nous croyons que c’est un “kairos”, un moment unique pour partager et vivre avec audace le charisme mariste, en formant tous ensemble une Église prophétique et mariale".

Notre spiritualité est centrée sur la présence constante de Dieu.

Quels sont les traits de notre être comme laïcs ?

Tout mariste doit être convaincu que sa référence est le Christ, comme pour tout chrétien, et que vivre sa vie de manière profonde c’est la vivre à partir de la racine : c’est la spiritualité. Celle-ci n’est pas seulement de réciter des prières mais elle est surtout une manière de vivre. Être chrétien c’est suivre Jésus. Maristes, nous avons reconnu en Marcellin un maître spirituel, un homme qui, avec ses vertus, ses défauts, a été capable de vivre dans l’Esprit et d’apprendre à d’autres à le faire. À partir de son expérience de Dieu qui le conduit à sa mission, il nous présente une manière d’être chrétien, avec :

• La présence de Dieu La source de la spiritualité mariste, c’est Jésus, le Christ. Notre spiritualité est centrée sur la présence constante de Dieu.

• Marie Marcellin nous a donné un exemple de ce « vivre en Dieu » : Marie de Nazareth est la première supérieure car elle était l’exemple de vie chrétienne pour les premiers Frères. Marie marche à nos côtés. Marie est notre Bonne Mère car elle nous rappelle que nos cœurs sont ceux d’une mère dans notre relation avec le monde. Marie de la Visitation nous rappelle que, remplis de l’Esprit, nous sommes attentifs aux besoins des autres et nous allons en hâte sur le chemin du service qui est celui où Dieu est présent.

• Simplicité La conséquence de cette vie tournée vers Jésus à travers Marie est la simplicité de vie. Dieu m’aime d’un immense amour ; je n’éprouve donc aucun besoin de paraître.

• Esprit de famille Jésus nous dit que nous sommes tous fils et filles du même Dieu Père. De là, le grand symbole du Royaume : le banquet, la table partagée. Tous, Frères de la même famille, nous sommes assis égaux à la même table.

• Esprit de travail Ainsi jaillit l’esprit de travail : Aider l’autre à trouver son propre bonheur, tel est le moteur de cet esprit. Notre engagement dans le travail jaillit de la passion pour la mission, pour « faire connaître Jésus-Christ et le faire aimer », pour l’annoncer spécialement aux enfants et aux jeunes.

Nous avons reconnu en Marcellin un maître spirituel.

Qu’implique cette vocation ?

  • Développer un projet de formation de la vocation laïcale mariste. Nous avons besoin de projets de formation, d’accompagnement et de discernement pour les laïcs hommes et femmes. C’est pourquoi apparaît une nouvelle pastorale des vocations, animée par des Frères et des laïcs et impliquant la croissance des deux vocations. Cette formation spécifique est celle qui permettra de partager entre nous, notre commune vocation pour donner ensemble de la vitalité au charisme.
  • La coresponsabilité dans la construction du Royaume de Dieu en promouvant le charisme mariste. Cet aspect est très bien défini dans le document “Autour de le même table” : « Avec les Frères, nous sommes responsables de promouvoir et d’étendre ce don de Dieu en marchant vers l’avenir » (n°29).
  • La reconnaissance mutuelle. Qui est un laïc mariste ? Actuellement une certaine inquiétude règne à ce propos : il est important de savoir qui nous sommes, mais il existe un manque de clarté dans la manière de rendre visible ce lien avec ce qui est mariste. Il faut continuer à approfondir les formes d’appartenance.
  • Des options vitales dans notre vie. Participer à des expériences de formation où ensemble nous partageons ce qui nous fait vivre est un premier pas pour avancer dans cette communion.
  • Connaître des expériences nouvelles comme les communautés mixtes Frères - laïcs unis par un projet communautaire commun et d’autres.
Frères et Laïcs : partager ensemble la même mission.

Nous sommes dans une nouvelle époque pleine de défis non seulement pour les maristes mais pour toute la réalité de l’Église et de la société. Un nouveau modèle est en train de naître et comme pour tout ce qui est nouveau, nous nous trouvons dans un temps de recherche, de conversion et de chemin à ouvrir… Ce moment nous demande plus que jamais, d’unir nos forces et de compter les uns sur les autres et bien entendu, d’avoir confiance en l’Esprit de Dieu qui est en nous et qui « fait toutes choses nouvelles » (Ap 21,5).

Ana SARRATE
(Publié dans « Présence Mariste » n°275, avril 2013)

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