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Quelques aperçus sur l’art de bricoler au XIXe siècle

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Les Frères doivent être capables de bricoler dans divers domaines et même de se soigner eux-mêmes. On sait mieux réparer les objets qu’aujourd’hui. Les nettoyages sont réalisés de manière plus écologique. (Présence Mariste n°298, janvier 2019)

F. André Lanfrey

Les Frères, répartis dans de nombreuses petites écoles, doivent non seulement faire leur cuisine, prendre soin de leurs habits et de leur mobilier, mais encore être capables de bricoler dans divers domaines et même de se soigner eux-mêmes car à l’époque on ne jette guère et on tente de tout réparer, y compris la santé, par soi-même.

Colles, mastics, ciments, soudures…

En général à base de chaux, ils ne sont pas dépourvus. La colle à papier est simple à fabriquer : chauffer de la farine délayée dans l’eau. Pour la rendre plus forte « on ajoute à la farine un grain d’aloès avec une pincée d’alun et une pincée de résine ». Pour sceller des gonds ou souder ensemble des pièces de fer « Prenez deux cents grammes de limaille de fer, cinquante grammes de fleur de soufre, cinquante grammes de sel ammoniaque en poudre et trois cents grammes de plâtre : mélangez ces matières à mesure du besoin, en ajoutant la quantité d’eau suffisante pour former une pâte facile à employer ». On s’en sert, à froid, à l’instant où on la fait, à cause du plâtre qui forme une prise rapide.

On sait mieux réparer les objets qu’aujourd’hui

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Pour réparer les tuyaux en métal, faites fondre du suif dans lequel vous mettrez de la chaux vive en poudre jusqu’à consistance de mortier. Mettez- en immédiatement sur de la filasse, et entourez-en bien les tuyaux. Pour les fourneaux et les tuyaux des poêles mélangez du lait caillé avec des blancs d’œufs battus ; ajoutez de la chaux vive en poudre pour obtenir une pâte consistante, et employez-la à l’instant.

La réparation des marches d’escalier est assez technique. Quand leur giron (milieu) est usé on le nettoie et on le pique avant de le réparer avec un mélange de bon ciment, de gravier fin ou de gros sable bien lavé et de limaille de fer, étendu de manière à obtenir une surface unie, bien lissée à la truelle. Quand ce ciment a fait prise, l’arroser avec du vinaigre très fort.

L’hygiène pour tous au XIXe siècle
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Voulez-vous recoller des récipients en cristal, verre, porcelaine, faïence et terre ? Broyez sur une planche, avec un couteau, du fromage blanc frais, de la chaux vive et des blancs d’œufs. Enduisez de ce mélange les parties brisées et rejoignez-les, les tenant serrées cinq à dix minutes pour les faire prendre. Vous nettoierez les bavures quand la colle sera sèche. Mais « M. Bru, employé au musée de Narbonne » a trouvé mieux : « À l’aide d’un pinceau, passez une quantité suffisante de solution de silicate de potasse sur les faces qui doivent être jointes, puis ajustez-les bien. ». On trouve ce « colle-tout » chez tous les pharmaciens.

Des nettoyages réalisés de manière plus écologique

Importance du biphosphate chez les Frères
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Quand une cafetière en fer-blanc ou une casserole en fer battu, s’est noircie au feu, ou autrement, vous lui rendrez sa blancheur en la frottant avec un mélange d’huile commune et de cendre de bois. Lorsque toute la noirceur a disparu, vous essuyez bien l’objet avec un linge. On emploie de la cendre de bois parce qu’elle nettoie les ustensiles, tout en conservant l’étamage.

Pour durcir les verres de quinquets (lampes à pétrole ?), enveloppez-les de foin. Mettez-les ainsi dans un chaudron avec de l’eau froide. Faites bouillir quelques minutes ; laissez refroidir, et retirez les verres ; essuyez-les bien. Cette opération empêche la flamme de les faire éclater.

Contre les feux de cheminée, fort redoutés, il faut jeter sur le foyer deux ou trois poignées de soufre en poudre, et intercepter immédiatement le courant d’air, en tenant devant la cheminée une couverture mouillée. « Le soufre s’enflamme aussitôt et absorbe si fortement l’oxygène de l’air renfermé dans la cheminée, que la flamme cesse à l’instant même. » A défaut de soufre, utiliser quelques poignées de sel de cuisine, ou une douzaine d’oignons, ou même quelques poignées de pelures d’oignons, et boucher le devant de la cheminée.

Bien des recettes utilisent donc un savoir traditionnel que les récents progrès en chimie contribuent à améliorer ou à remplacer. Pour l’hygiène, on est encore à l’époque où on connaît mal les causes des maladies contagieuses. Et, comme, dans chaque maison on est affronté à ce problème à un moment ou l’autre, on prend des mesures de prophylaxie qui peuvent, aujourd’hui, paraître assez radicales.

Prudence face aux maladies contagieuses

Pour purifier des vêtements ou du linge ayant servi à des personnes atteintes de maladies contagieuses comme « la variole, la rougeole, la scarlatine, le croup, l’angine couenneuse, la gale, les poux de corps », il faut étendre ceux-ci sur des cordes. Puis on place par terre un plat en terre cuite contenant deux ou trois poignées de soufre en petits morceaux. On y met le feu en y ajoutant quelques charbons bien allumés et on se retire en fermant bien la porte. On aère le lendemain et les vêtements peuvent être utilisés sans danger.

Petite histoire du fer à souder
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Les lieux habités, (chambres de malades ou infirmeries) doivent être désinfectés avec quatre-vingts grammes de sel pilé, dix-sept grammes de manganèse pulvérisé, quarante-cinq grammes d’acide sulfurique concentré, et cent grammes d’eau. On place ce mélange dans un vase et on y ajouter de l’acide sulfurique, en une seule fois si l’appartement n’est pas habité, et en deux ou trois fois, s’il y a des malades. Portes et fenêtres doivent rester fermées durant une heure. Cette opération peut être renouvelée deux fois par jour, en cas de graves maladies épidémiques pour des pièces comportant jusqu’à une dizaine de lits.

F. André LANFREY
(Publié dans « Présence Mariste » n°298, janvier 2019)

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