Dans une « Mission » au Vanuatu avec des soeurs SMSM

Les Sœurs Missionnaires de la Société de Marie (SMSM) sont présentes sur l’Ile de Tanna au Vanuatu, dans deux communautés. (« Présence Mariste » n°251, avril 2007)

L’archipel du Vanuatu se compose de 83 îles. Ces îlots sont situés au sud-ouest de l’Océan Pacifique, à 1.750 km à l’Est de l’Australie. Cet ex-condominium franco-britannique, appelé Nouvelles-Hébrides, en 1906, est indépendant depuis 1980 sous le nom de Vanuatu. La capitale est Port-Vila, sur l’île de Vaté.

Du point de vue religieux, globalement : 20 °/° de catholiques, 20 °/° d’anglicans, 40 °/° de presbytériens, et pour le reste, une multitude de sectes et les religions traditionnelles.

Le début de la mission catholique se situe dans les années 1880.

Village typique au nord de Santo

Implantation de la communauté SMSM à Tanna

Les Sœurs Missionnaires de la Société de Marie (SMSM) sont présentes sur l’Ile de Tanna au Vanuatu, dans deux communautés : une, à Imaki, fondée en 1980 la plus ancienne et l’autre à Lamlu quelques années plus tard.

Pour le moment, intéressons-nous à la communauté de Lamlu, au Centre-brousse (= nom géographique). Rien de particulier dans cette petite mission, à part son école primaire, son église, son dispensaire et la communauté des SMSM. 
Nous sommes actuellement trois sœurs : Sr Matalena, sage-femme, originaire de Samoa, Sr Anita, enseignante, originaire du Vanuatu, de l’Ile Mallicolo, et moi-même Sr Suliana, infirmière et originaire de Wallis et Futuna.

Notre présence SMSM dans cette mission de brousse est née à la demande des gens du milieu. Au départ, les fondatrices SMSM ont commencé un petit dispensaire, enseigné à la petite école primaire et travaillé avec les femmes du village. Aujourd’hui, notre présence se limite au dispensaire et à l’école, dans la « mission » même (= lieu d’implantation), mais aussi dans les villages environnants.

A la découverte de l’île de Tanna

Tanna a son charme particulier et il fait bon y vivre si on aime la mission. Une des particularités de cette île est son volcan Yasur, toujours actif et qui attire de nombreux touristes étrangers.

Dans la journée, les villages se vident de leurs habitants ; ils vont dans les champs, surtout les femmes et les vieux. D’autres se rendent en ville. Quant aux chefs, ils sont toujours en réunions. Des réunions qui, parfois, tournent mal, avec des punitions infligées à tout vent.
Toute l’île est habitée, on ne peut pas se perdre car on rencontre facilement des gens un peu partout.

Le peuple de Tanna aime faire la fête. Ce sont des marcheurs infatigables. Ils vont du Nord au Sud, d’Est en Ouest, et au Centre-brousse. Les voilà qui descendent et montent les criques parfois vertigineuses, grimpent les rochers et descendent les précipices avec une grande assurance. Ils peuvent parcourir ainsi de grandes distances pour arriver à la tombée de la nuit à l’endroit où la fête doit se tenir. Une fête qui habituellement dure toute la nuit et qui se termine le jour suivant, vers 9 ou 10 heures du matin. Une danse rythmée avec un mouvement d’ensemble pour taper du pied la terre avec force.

Au service de la population

Il n’est donc pas étonnant de voir arriver au dispensaire des gens souffrant de maux de pieds le lendemain, après être passé d’abord chez un « cleva » pour la médecine traditionnelle. Au retour de leur visite et des soins au dispensaire, ils se sentent bien.

J’ai compris, quant à moi, que, pour la plupart, leur mal est souvent psychologique, lié à la peur de la coutume et des empoisonnements. L’essentiel de notre travail est basé sur l’écoute, le dialogue avec les malades et, ensuite, un médicament pour soulager les douleurs.
En tant que religieuse, je suis heureuse de témoigner de cet amour du Seigneur qui dépasse toute frontière et à la manière de Marie. Les gens sont d’une grande simplicité ; ce qui facilite le contact, pour les connaître, les approcher, les aider à ne pas venir au dispensaire pour un rien, leur apprendre l’hygiène, élément vital de la santé pour la vie d’une personne.

C’est dans ce but que nous quittons la mission, une fois par semaine, selon notre programme, pour aller visiter, dans les villages, ceux qui ne peuvent se déplacer et leur apporter le soutien et l’aide nécessaires sur place. Il nous arrive parfois de dormir sous la case avec les gens dans leurs villages, sous la protection de leurs chefs qui se sentent honorés de notre présence. C’est ainsi que naît la confiance.

Ce qui change peu à peu

Je suis témoin que la vie au jour le jour à Tanna connaît des changements positifs et encourageants pour nous. Je ne vois presque plus les femmes venir chercher de l’eau avec les gros bidons ; moins de femmes qui vont seules aux champs mais, souvent, en famille ; il y a beaucoup moins de femmes battues ; les femmes et jeunes filles sont habillées décemment pour la messe ; des jeunes se chargent de préparer la liturgie ; les femmes viennent de loin accoucher à la maternité, et chose nouvelle, elles sont accompagnées parfois de leur mari. Peu à peu, les mentalités changent dans le sens d’un plus grand bien-être, mais nous sommes conscientes qu’il y a encore beaucoup à faire.

Soeurs des deux communautés SMSM de Tanna

L’Église a encore besoin de cette présence missionnaire qui soutient et encourage les efforts de chaque individu pour sa propre croissance humaine et spirituelle. La mission de Lamlu est entourée de sectes, et il y a encore beaucoup de païens. Les catholiques qui sont en petit nombre, dispersés ça et là, voire même loin de la mission, sont vraiment fidèles malgré tout.

Parfois, un événement spécial rompt la monotonie quotidienne

Il y a quelques mois, l’ambassadeur de France au Vanuatu s’est déplacé en personne pour remettre une médaille aux Sœurs qui ont commencé cette mission de Lamlu, de façon inconnue et cachée, comme tout bon Mariste, et aux religieux ayant œuvré à Tanna.

À la suite de cette visite, un groupe de militaires de Nouvelle-Calédonie est venu à Lamlu et Imaki pour des travaux de construction et de réparation, tant dans les petites écoles de brousse que dans notre dispensaire qui a été agrandi. Une complicité s’est nouée entre les militaires et la population qui a apporté son concours pour les travaux selon leurs moyens ; les femmes se chargeant de la cuisine pour les repas de tous les jours.

À la fin des travaux, il fallait faire la fête pour remercier les autorités et les militaires. À Lamlu, les gens ont organisé une soirée récréative et chaque famille s’est chargée d’offrir à chaque militaire un cadeau souvenir. Les chefs des villages se sont mobilisés, eux aussi, pour remercier à leur façon, au Nakamal. (Lieu de palabre où les hommes se rassemblent pour le kava).

Nakamal de Lololima (Ile d’Etafé - Vanuatu

Les chefs et les Sœurs ont eu la chance de monter visiter le bateau militaire Jacques Cartier.
Des moments de fraternité inoubliables pour les uns comme pour les autres ; et beaucoup de larmes ont coulé à l’heure de la séparation, mais c’étaient des larmes de gratitude.

La présence mariste se renforce

Je termine avec une autre bonne nouvelle : cette année 2007 accueillera une nouvelle communauté de Pères Maristes au centre brousse. Nous leur souhaitons la bienvenue.

Sœur Suliana FAKATIKA, SMSM

Pour en savoir plus : le N° 403 de la revue « Peuples du monde », paru en juillet-août 2006, porte en grande partie sur le Vanuatu.

(Publié dans « Présence Mariste » n°251, avril 2007)

Vos réactions

  • Emilie R 12 août 2010 15:53

    Bonjour,

    Je suis sage femme depuis quatre ans à Paris. Une collègue sage femme et moi même nous mettons disponible dès le mois de janvier 2011 pour une action bénévole en pays en besoin. Je me permets de vous contacter de par cet article ne trouvant pas d’adresse de contact, pour vous demander si notre présence vous intéresserait auprès des soeurs SMSM à Vanuatu. Nous sommes prêtes pour aider, écouter, partager nos connaissances, à travailler en dispensaire, auprès des femmes, dans l’éducation et nous sommes sommes surtout très motivées. Je me tiens à votre disposition pour toute autre renseignement nous concernant et espère une réponse de votre part. Cordialement. Emilie Redor

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