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La vie religieuse : une réponse particulière à l’appel du Christ

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La vie religieuse est une réponse particulière à l’appel du Christ qui demande à certains de tout laisser pour se mettre à sa suite. Chaque famille religieuse vit selon le « charisme » de son Fondateur, c’est-à-dire selon l’appel que le Fondateur a reçu de Dieu. (Publié dans Présence Mariste n°283, avril 2015)

La vie religieuse a toujours pris une part importante dans la vie de l’Église : c’est une réponse particulière à l’appel du Christ qui demande à certains de tout laisser pour se mettre à sa suite, comme le firent les apôtres ; on ne décide pas d’entrer dans la vie religieuse, on y est appelé.
L’Europe a été en partie évangélisée par les religieux : quand on voit le nombre d’abbayes qui existaient au Moyen Âge ! Souvent moines et moniales ont aussi permis le développement de régions d’Europe par le travail qu’ils accomplissaient et qui rayonnait autour d’eux.

Qui sont les religieux/ses ?

Père Yves Brasseur

Ce sont des hommes et des femmes qui décident de s’attacher à Jésus-Christ en renonçant à fonder une famille. Ils vivent en communauté où tout est partagé : chacun ne garde pas pour lui le fruit de son travail, mais tout est mis en commun : à l’image de la première communauté des douze autour de Jésus ; Jean nous rappelle que Judas était chargé de tenir la bourse commune. Le propre de la vie religieuse est de s’engager devant Dieu en vivant les trois vœux de pauvreté, chasteté et obéissance.
La pauvreté consiste à accepter une vie simple où l’on met tout en commun.
La chasteté demande de renoncer à la vie de couple, à fonder une famille, et à toute vie sexuelle.
Dans l’obéissance, chaque religieux s’engage à obéir à celui qui a reçu la charge de diriger la communauté, soit dans le quotidien de la vie commune, soit dans le travail confié à chacun dans ou hors de la communauté. Le supérieur tient la place du Christ dans notre cheminement sur la terre.

Je parlerai de la vie religieuse au masculin car je ne peux pas à chaque fois mettre religieux (se), ce qui serait fastidieux. Mais ce qui vaut pour les religieux vaut aussi pour les religieuses avec leur différence spécifique. Il y a aussi une différence en ce sens que des religieux hommes peuvent être prêtres. Moi qui suis Jésuite, je suis d’abord religieux : c’est mon état. Je vis le sacerdoce comme un service spécial à l’intérieur de la vie religieuse. Il y a des Frères jésuites, ils ont choisi de ne pas devenir prêtres, mais la vocation est la même : ils sont pleinement Jésuites.

Une réponse dans une famille religieuse à la suite d’un fondateur

Tous les chrétiens sont appelés à suivre le Christ, mais de manière différente.
Photo CORREF

Chaque famille religieuse vit selon le « charisme » de son Fondateur, c’est-à-dire selon l’appel que le Fondateur a reçu de Dieu. Les moines cloitrés dans l’ensemble se rattachent à la règle de Saint Benoit, Fondateur du monachisme en occident. Pourtant on peut rencontrer des nuances très fortes entre les ordres : elles se manifestent par l’habit, les horaires de la journée, le travail accompli par les religieux, leur forme de prière… : un Bénédictin est différent d’un Cistercien, d’un Chartreux et encore de bien d’autres congrégations monastiques.
Il en est de même des ordres vivant au milieu du monde : Les Franciscains, les Dominicains et les Jésuites, qui sont les trois grands ordres ont des manières de prier, de vivre très différentes. Et il y a nombre d’autres congrégations comme les Capucins, les Maristes, Les Frères des Écoles Chrétiennes, les Salésiens… Je ne peux les citer tous.

Ces ordres, ces congrégations sont comme des familles qui ont chacune leur style, leur manière de vivre ; mais ils ne s’opposent pas pour autant. Tous sont disciples de Jésus-Christ, et s’engagent à sa suite ; ils collaborent entre eux, chacun à sa manière.

De plus, de nouveaux groupes se fondent à chaque époque, pour répondre à des besoins nouveaux dans un contexte nouveau… L’Église, comme toute société, est un corps qui vit et qui doit s’adapter, inventer de nouvelles manières d’être dans ce monde qui change (d’ailleurs très vite actuellement).

Une manière de vivre qui interpelle des jeunes

Le service des autres, sous diverses formes est au cœur de la vocation du religieux
Photo CORREF

En France, on sent comme un frémissement chez des jeunes qui ne se retrouvent plus dans notre société, qui cherchent autre chose : une vie intérieure.

Quand on propose à des jeunes l’expérience du silence et qu’ils la vivent, ils en sont heureux. Il y a une soif chez beaucoup d’entre eux actuellement : il faut les initier, les aider à en faire la découverte, à la vivre.

Ce qui est étonnant, sur le plan religieux, c’est que ce sont les ordres les plus stricts qui voient le plus de jeunes les rejoindre : sans doute par ce besoin de se retirer d’un monde dont on ne voit plus le sens : un monde du chacun pour soi, un monde violent, un monde sans Amour.

La vie religieuse, signe du monde à venir

Vœux solennels d’une Clarisse : les contemplatifs donnent la priorité à la prière
Photos : les Clarisses

Je dirais que la vie religieuse est le poumon de l’Église, ce qui donne de l’air à l’Église pour que sa vitalité se maintienne. Nous ne sommes pas faits pour vivre indéfiniment sur la terre, nous sommes appelés à vivre avec Dieu dans cette vie éternelle qu’il nous a promise, dont le Christ a témoigné en donnant sa vie sur la croix et en apparaissant ressuscité à ses apôtres et à nombre de témoins. La vie religieuse est comme une image de ce que sera la vie éternelle. Dieu reste l’Éternel vivant, Celui qui appelle, Celui qui parle aux hommes : mais sachons l’entendre et pour cela nous mettre à son écoute.

« Si c’était à refaire, je le referais »

Tout le monde n’est pas appelé à la vie religieuse, mais pour ceux qui entendent cet appel, c’est un privilège. Jésus disait : « Ce n’est pas vous m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis pour que vous alliez et que vous portiez du fruit » (Jn 15, 16). Quelle joie que de se sentir aimé de Dieu, proche de lui, ce qui est vrai pour tout chrétien. L’appel m’est venu brutalement, alors que j’avais 20 ans et que je faisais de beaux projets d’une autre nature. Ce fut un grand bouleversement. Mais quelle joie par la suite ! Chaque jour je rends grâce au Seigneur pour cet appel, pour tout ce qu’il m’a donné. Si c’était à refaire, je le referais !

« Frères, j’aimerais vous voir libres de tout souci. Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur, il cherche comment plaire au Seigneur. Celui qui est marié a le souci des affaires de ce monde, il cherche comment plaire à sa femme, il se trouve divisé » (St Paul, 1 Co 7, 32).
P. Yves Brasseur (SJ)
(Publié dans « Présence Mariste » n°283, avril 2015)

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