Rencontre avec Mgr Jean-Yves Riocreux

Le père Jean-Yves Riocreux a été consacré évêque de Pontoise le 29 juin 2003. Originaire de Marlhes (Loire), comme Marcellin Champagnat, il connaît bien les frères et les autres membres de la Famille Mariste. (« Présence Mariste » n°238, janvier 2004)

Le Père Jean-Yves avec sa maman

Le père Jean-Yves Riocreux a été consacré évêque de Pontoise le 29 juin 2003. Originaire de Marlhes (Loire), comme Marcellin Champagnat, formé à l’école des frères du village, il connaît bien les frères et les autres membres de la Famille Mariste, grâce, en particulier, à son ministère à Nouméa.

Vous avez choisi comme devise : « Avance au large. » (Le 5,4) Quel est le sens de ce choix ?

C’est une parole de Jésus à ses futurs disciples. Ceux-ci sont témoins d’une pêche « miraculeuse ». Jésus les appelle en leur donnant une mission :
« Désormais ce ne sont plus des poissons que vous prendrez, mais ce sont des hommes. »
(Le 5,10)

Cette parole m’est venue spontanément, au début de mon nouveau ministère, lorsque j’ai pensé à une devise. Elle est d’ailleurs mise en relief par Jean Paul II dans son exhortation apostolique « Au début du 3e millénaire ». De plus, dans cette parole, je vois un lien avec le grand large du Pacifique qui m’est cher et aussi avec le diocèse de Pontoise, vaste en superficie et divers par ses origines ethniques.

Il n’est sûrement pas facile d’être évêque aujourd’hui en France. Qu’est-ce qui vous a permis d’accepter cette mission ? Sur quoi, sur qui comptez-vous vous appuyer pour la remplir ?

C’est l’obéissance, tout simplement.
Depuis mon ordination en 1974, ma première mission confiée par l’archevêque de Nouméa, et jusqu’à ma dernière comme recteur de Notre Dame de Paris, j’ai toujours accepté spontanément, avec les délais qui m’étaient fixés. Quand on vous nomme évêque, c’est un peu une décision qui a été prise pour vous. On peut difficilement la refuser. Seule l’obéissance peut faire dire : « Oui, j’accepte. » On se confie à la prière et à la réflexion de l’Eglise.

Sur qui m’appuyer ? Sur l’Esprit Saint qui nous guide et aussi sur tous ceux qui m’ont permis d’arriver là. Sur St Marcellin Champagnat, bien sûr ; et sur ceux avec lesquels je travaillerai.

Erigé en 1966, le diocèse de Pontoise est « jeune ». Qu’avez-vous déjà perçu de la réalité de cette Eglise diocésaine et quels seront vos points d’attention ?

Dans le Val d’Oise, la moyenne d’âge est de 34 ans. L’Eglise présente elle aussi plutôt un visage « jeune » : des familles, des enfants, des communautés qui se prennent en charge, car il y a toujours eu un très petit nombre de prêtres.

Je pense aussi aux jeunes, heureux de se retrouver, à la suite des JMJ de Rome et de Toronto ; et qui se préparent déjà à celles de Cologne.

A la suite de mon prédécesseur, Mgr Renaudin, je poursuivrai ce qui a été commencé, en particulier, au niveau des vocations. Nous avons un besoin urgent de vocations ; vocations issues du diocèse lui-même.

Pastorale qui porte des fruits : une dizaine de jeunes se préparant au sacerdoce, deux ordinations sacerdotales en 2003 ; et des jeunes en cheminement vocationnel, issus de la deuxième génération de l’immigration. Cette réalité pleine d’espérance manifeste un enracinement de l’Eglise dans cette Eglise multiculturelle.

Originaire de Marines, dans la Loire, vous êtes un compatriote de St Marcellin Champagnat. Vous avez voulu insérer une de ses reliques dans votre croix pectorale. En quoi, peut-il vous inspirer dans votre mission de pasteur ?

Marcellin Champagnat et les missionnaires maristes du Pacifique, ainsi que Jean-Marie Vianney, ont répondu aux besoins de leur temps, en cette période post-révolutionnaire où il y avait eu une sorte de basculement de l’Eglise. Certes, restait dans le peuple la foi reçue des ancêtres mais avec une ignorance religieuse que l’on retrouve d’ailleurs maintenant, d’une autre manière. La mission est toujours la même à vivre différemment et les saints sont une source d’inspiration. La prière de l’Eglise nous le suggère : « Qu’on trouve en eux un modèle et des intercesseurs. » J’ai toujours été frappé personnellement par la dévotion mariale de Marcellin Champagnat.

Quand vous priez St Marcellin Champagnat, que lui demandez-vous ?

Lors de la cérémonie d'ordination

Je lui demande la même audace et la résistance aux épreuves. En de nombreuses circonstances, il a toujours fait preuve de douceur, de bienveillance, lui qui était pourtant une personnalité très forte.

Alors, je lui demande cette douceur, cette patience, cette persévérance dans les difficultés qui ne me manquent pas. Au fond je lui demande d’être un apôtre comme il l’a été, dans la mission d’évêque qui est la mienne : celle d’enseigner, de sanctifier et de gouverner.

Qu’est-ce que votre expérience comme prêtre en Océanie ouvre comme perspective missionnaire à un évêque d’un diocèse en France, marqué par une grande diversité ethnique ?

Une phrase de St Paul aux Ephésiens me frappe beaucoup :
"II n’y a pas d’étrangers ; vous êtes tous de la même famille de Dieu.
" (Ep 2,20)
C’est ce que je voudrais faire comprendre et vivre, comme évêque, envoyé à des communautés d’une grande diversité : quelles que soient nos origines, nous avons chacun nos richesses et nous constituons ensemble le Corps du Christ. Toute cette expérience unique de liens que j’ai avec l’Océanie, mais aussi avec l’Afrique, je suis très heureux de la vivre dans la réalité du diocèse de Pontoise. Je souhaite, en particulier, que ces communautés produisent beaucoup de fruits : en sainteté de vie, en vocations diverses, en souci missionnaire.

Le 1er août 2003, vous présidiez la messe dans la chapelle du Rosey, à Marlhes, messe qui marquait l’acte de fondation de la Province mariste de l’Hermitage, unissant les Frères de France et ceux de la Catalogne espagnole. Quelle impression, quel symbole, retiendriez-vous de cette célébration ?

Une espérance, représentée par l’image d’un baptême, mais aussi d’un mariage entre des réalités assez différentes. L’espérance pour les Frères Maristes et pour la Famille Mariste en général ; avec les défis à relever. Cet événement fut pour moi un très bon moment auquel j’ai été heureux d’être associé. Il ravivait en moi tous les souvenirs de 1999, vécus à Rome ou à Marlhes même, à l’occasion de la canonisation de Marcellin Champagnat.

Propos recueillis par Frère Michel MOREL

(Publié dans « Présence Mariste » n°238, janvier 2004)

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