La spiritualité mariste marcellinienne

Présentation succincte du dernier document officiel des Frères maristes sur la spiritualité mariste ( « Présence Mariste »n°255, avril 2008)

La spiritualité chrétienne est, par sa nature, historique ; elle est donc l’événement-Évangile actualisé, incarné dans un lieu et milieu déterminés. Une spiritualité particulière, comme la spiritualité mariste marcellinienne, est une manière d’accueillir, d’assimiler et d’actualiser la vision évangélique proposée par le fondateur, saint Marcellin Champagnat, dans la suite normale de l’existence et de l’histoire de la communauté, de ses membres et de ses partenaires.

ÉCRIT POUR LES MARISTES, FRÈRES ET LAÏCS

Dieu, source de vie pour le croyant

« L’eau du rocher » est le dernier-né des documents officiels des Frères Maristes. Il répond au désir exprimé par le dernier Chapitre Général, de 2001, qui demandait que l’Institut élabore un texte sur sa spiritualité mariale et apostolique. La nouveauté de cet écrit réside dans le fait qu’il s’adresse à la fois aux Frères et aux Laïcs. Il reflète la conviction que les deux groupes partagent ensemble le charisme, hérité de Marcellin. Ils vivent la même spiritualité dans des situations de vie différente.

Porte la vie à la manière de Marcellin (statue de M. Champagnat à l’extérieur de la basilique St Pierre à Rome

Le document est voulu pour être comme un livre de chevet, pour le Frère et le Laïc, qui s’abreuvent à la même source spirituelle, jaillie dans la tradition de saint Marcellin Champagnat ; il veut être une réponse aux besoins spirituels de ses disciples, aujourd’hui. Ce vade-mecum, comme une petite Bible, est présenté de façon pratique, vivante et accessible, à la portée des diverses cultures et des expériences de foi variées, en fidélité créative avec les intuitions spirituelles fondatrices. Cet effort de renouvellement de l’identité spirituelle, veut susciter une réflexion qui dynamise et favorise la réinterprétation de notre trésor religieux, légué par le Fondateur et les premières générations de Frères.

L’EAU DU ROCHER
Le titre, " L’eau du rocher" , est une image biblique ; elle fait référence à Moïse qui, sur l’ordre de Yahvé, frappa le rocher duquel sortit l’eau qui étancha la soif du Peuple de Dieu à Mériba. « L’eau du rocher » est aussi une image mariale ; elle rappelle Bernadette qui, sur l’invitation de la Belle Dame de Lourdes, fit jaillir l’eau miraculeuse du rocher de Massabielle. Enfin, « L’eau du rocher » est une image mariste que nous inspire Marcellin Champagnat, lui qui fixa l’Hermitage en l’accrochant au rocher du Gier qu’il tailla de ses mains, à coups de pic, à coups de cœur. L’eau de Mériba, de Massabielle et du Gier est source de vie pour les croyants, pèlerins et disciples.

En rassemblant en une phrase, les titres des cinq grandes parties du document, « L’eau du rocher », nous obtenons une idée globale du contenu : Laissons jaillir des sources d’eau vive (1), en cheminant dans la foi (2), comme frères et sœurs (3), afin d’apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres (4) en entretenant nos rêves de bonheur pour tous (5).

LAISSONS JAILLIR DES SOURCES D’EAU VIVE

Frère et Laïcs, vivre et chanter le Magnificat

Le premier chapitre parle de la source même de la spiritualité apostolique mariste. C’est la description de l’expérience de foi de Marcellin et des premiers Frères qui découvrent progressivement et profondément la présence de Dieu au milieu d’eux, et qui, ensemble, développent leur soif de Jésus et leur conviction d’être personnellement et communautairement aimés de Dieu, appelés et transformés par Marie. Le jeune fondateur de 27 ans a pris au sérieux le « Dieu le veut », entendu comme par hasard, un jour de recrutement de jeunes, pour le séminaire. Il était adolescent, quand ses projets de jeune entrepreneur sérieux et astucieux ont été bouleversés. Lorsque Dieu fait irruption dans la vie de quelqu’un qui l’accueille, il change tout, en respectant les limites humaines de la personne ainsi appelée. Marie, la mère de Jésus, est devenue peu à peu et naturellement, le modèle du « comment être avec Dieu et les enfants », pour lesquels Marcellin et ses disciples ont consacré leur vie.

FOI, FRATERNITÉ, MISSION…
Les autres chapitres expriment l’un après l’autre l’esprit avec lequel se développent notre soif de Dieu et le sens à donner à nos vies. La pratique des petites vertus, qui sont en réalité des attitudes mariales évangéliques, nous ouvre grande la voie pour être aux premières places à la crèche, à la croix et à l’autel. Là, nous apprenons à vivre des relations simples et sincères, en frères et sœurs d’une grande famille. La spiritualité mariste marcellinienne nous rend sensibles à toutes les formes de pauvreté autour de nous. Nous nous rendons capables d’être « une image mariale » qui réponde aux besoins des jeunes d’aujourd’hui, afin qu’ils sachent et sentent à leur tour, combien ils sont aimés de Dieu en Jésus.

Avec Marie, dans la foi, pour la fraternité et la mission

Enfin, les auteurs du document – des Frères et des Laïcs représentant les cinq continents – ont voulu terminer leur longue réflexion sur la spiritualité mariale et apostolique, en rêvant d’apporter " L’eau du rocher" à tous les jeunes pauvres, assoiffés de justice et d’amour, d’éducation et d’espoir. Ils invitent à rendre grâce, avec Marie du Magnificat, pour la mission commencée par Champagnat et les premiers Frères. Ce chant prophétique continue d’inspirer l’action missionnaire des maristes d’aujourd’hui ; le souffle de l’Esprit Saint les anime et les conduit vers des horizons d’engagement inespérés.

PORTER LA VIE
L’événement choc de sa rencontre avec le jeune moribond, Jean-Baptiste Montagne, a changé la vie de Marcellin, et celle de bien d’autres, la nôtre comprise. Une statue de Marcellin, dans une alcôve de la Basilique St-Pierre de Rome, représente un enfant sur les épaules du jeune fondateur. Cette superbe icône de marbre blanc symbolise, par la sobriété de ses lignes, ce qu’est la spiritualité mariste marcellinienne : elle est fondée sur le rocher de la foi et de la confiance en Dieu en toute simplicité, humilité et modestie. De ce rocher ruisselle l’eau, source de vie pour tous les amis de Champagnat. Nombreux sont-ils, car il voyait aussi grand qu’était « son cœur sans frontières » ; tous les diocèses du monde étaient dans ses vues pour que « tout soit à Jésus par Marie ». Nous sommes appelés à relever ce même défi afin que le plus grand nombre d’enfants et de jeunes deviennent « de bons chrétiens et d’excellents citoyens ».

Frère Bernard BEAUDIN

(Paru dans « Présence Mariste » n°255, avril 2008)

Dans la même rubrique…

Mots-clés

Articles liés

Revenir en haut