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Tu es chrétien, toi !

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Etre chrétien, cela veut dire appartenir au Christ, appartenir au Christ dans la foi et l’amour. Mon appartenance à ce monde, comme chrétien, me rend solidaire de mes semblables. (Présence Mariste n°292, juin 2017)

Être de ce monde

F. Maurice Goutagny

Tu es chrétien, toi ? Voilà une question à poser aujourd’hui à chacun des chrétiens ? Quelle réponse est donnée par chacun ? Quelle réponse personnelle donnerait le lecteur ? Le chrétien irakien chassé de ses terres a sa réponse, de même que le chrétien syrien réfugié au Liban.
Dernièrement le journal la Croix nous parlait de la diversité des chrétiens que nous sommes dans notre société française. Il y a les chrétiens observants, émancipés, conciliaires, inspirés, festifs…. Le chrétien serait donc celui qui porterait toutes ces facettes descriptives. C’est quelqu’un qui marche dans ce monde au rythme de sa vie, au rythme de sa foi, donnant sens à sa vie personnelle et à la vie collective.

Oui, je suis chrétien. D’abord par ma naissance au monde des hommes. Déjà lié et relié aux membres de ma famille, de la société. Inséré dans le monde culturel où je suis accueilli. Je suis chrétien par l’appartenance première au monde des hommes, mes semblables, mes frères humains. Dieu lui-même donne toute son importance à l’humanité, non seulement comme créature, mais parce qu’il vient lui-même dans la condition humaine en Jésus. Il a habité parmi nous. Il donne une lumière nouvelle sur notre humanité et le sens de notre vie.

« Vous êtes dans le monde, dit Jésus, mais vous n’êtes pas du monde » (Jn 17, 14-18).
Cette parole est pour moi source de vie. Je suis invité à aimer ce monde, et aussi à prendre distance avec lui. Je suis un être spirituel, et je suis un être incarné. À l’image de Jésus, vivre l’harmonie, aimer cette terre, en prendre soin, devenir lumière pour ce monde.

Icone Christ

Mon appartenance à ce monde, comme chrétien, me rend solidaire de mes semblables. Et cette solidarité prend corps et sens au cœur de la similitude. Tu es mon frère, tu es ma sœur. Solidarité devant la vie, la souffrance, la mort.
« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur… La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire »
(1).

Appartenir au Christ

Oui je suis chrétien, cela veut dire appartenir au Christ. Et c’est bien ce qui est le plus difficile aujourd’hui. Le baptême que j’ai reçu donne toute sa signification. Il donne sens au plongeon dans l’humanité que j’ai fait par ma naissance et il donne sens au « plongeon » dans la Vie de Dieu. J’ai accepté que Dieu vienne habiter chez moi et ainsi retourner ma vie pour la vivre à la manière de Jésus.

Appartenir au Christ dans la foi et l’amour. Je crois que Jésus est vraiment venu chez nous. Jésus, fils de Dieu, qui vient nous « rendre espoir et nous sauver », comme dit le chant. C’est une nouvelle remplie de joie et d’espérance.

Je crois que Jésus me rappelle la proximité de Dieu. Il a pris notre humanité pour que nous ayons part à sa divinité. Dieu prend le chemin d’en bas, de la petitesse pour nous révéler sa grandeur, l’infini de son Amour. De lui je reçois, car il est un Dieu Père qui exprime toute sa tendresse envers l’homme. Et moi, je crois qu’il peut recevoir de moi, dans une alliance, un échange incessant.

Oui, je crois en Jésus qui s’est révélé comme la lumière des hommes, et donc qui éclaire la route quotidienne. Je crois en Jésus qui a dit : « Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie ». Je crois que son message de vie, son Évangile sont des indicateurs incontournables pour donner sens à la vie des hommes aujourd’hui ; pourquoi passerais-je à côté ? Jésus n’est pas là pour faire la morale, mais il ouvre une voie nouvelle, celle de l’amour, pour organiser la vie, les relations, le travail d’une nouvelle manière. « Avance, ne crains pas, si tu veux…. »

Aimer l’Église

Le Christ a besoin de moi

Être chrétien, c’est appartenir à l’Église, qui est l’Église de Jésus en ce monde. Ce que disait Jeanne d’Arc, « m’est avis que Jésus et l’Église c’est tout un ». Reste une conviction qui me plait beaucoup. J’aime mon Église d’aujourd’hui, au-delà de ses structures. Elle est vraiment le lieu où sont invités à se rassembler les enfants de cette terre. J’accueille dans mon cœur le Royaume du Seigneur et je vis avec mes frères croyants la réalisation de ce Royaume à l’échelle de l’humanité. Ensemble, tendre vers la communion au cœur des relations sociales, politiques, économiques. Accueil dans la diversité des cultures, accueil au-delà des différences. Les hommes sont accueillis dans le cœur du Père, et deviennent le Corps vivant du Christ.

J’aime mon Église qui célèbre au long du temps les mystères de la vie de Jésus qui rejoignent ainsi les profondeurs de notre vie humaine. J’aime la célébration de Pâques qui me plonge dans la mort et la résurrection du Christ. Je suis affronté à la passion, celle des hommes et des femmes de notre temps, attentifs aux passages que nous sommes appelés à vivre et aux transformations que nous sommes invités à faire.

L’Église en marche prie, porte le monde, l’inspire. Elle continue avec le Christ à affronter les forces du mal de manière incessante. Ce mal qui empêche tant d’hommes et de femmes d’aimer la vie ou de croire. Une Église qui combat par l’amour et par la foi ; une Église qui a le visage de Marie, tendre et maternel.

En ces temps, j’aime mon Église qui nous a donné un guide, un frère dans la personne du pape François. Quelle chance ! Sa mission essentielle, il la remplit avec simplicité et persévérance. Nous rappeler le message de l’Évangile. « La joie de l’Évangile » ; « La lumière de la foi » ; « Laudato si » ; « La joie de l’amour », « La miséricorde »…. » Paroles fraternelles toujours insistantes sur la joie et l’espérance. François reste très sensible aux plus pauvres de nos périphéries.

Il perçoit notre soif de spiritualité. Il voit que les hommes ont soif de fraternité ; et qu’ils ont besoin de témoins de la foi, de la paix, de l’amour.

Je fais mienne cette prière de Mgr Dagens :

« Sois en nous l’Esprit de Dieu, qui fait sans cesse une humanité nouvelle,
qui recrée nos libertés quand elles se défont,
qui maintient l’espérance au cœur même des violences,
qui ne désespère d’aucun homme, pas même de ceux qui n’attendent plus rien de Dieu. _ Donne-nous à chacun de trouver notre place dans l’Église pour que le monde ait la vie, celle que l’on trouve en perdant la sienne, avec Toi, grâce à Toi, Ô Maître de l’impossible ! Amen. »

Être témoin

Chrétien dans ce monde, je ne suis pas seul. Je sais que Jésus est présent avec nous jusqu’à la fin, jusqu’au bout. Je suis invité par mon baptême à rester acteur, vivant, visible. Oui, le Christ a besoin de moi, de nous comme témoins dans ce monde ! Il a besoin de chrétiens qui croient en Lui, en sa présence, qui cherchent toujours plus à Le connaître et à vivre avec Lui, d’une manière évangélique, qui partagent aussi la bonne nouvelle qui les fait vivre au lieu de la garder pour eux. Le Seigneur ne peut pas se passer de moi, de nous ! À moi de découvrir les capacités d’amour qui sont enfouies en moi. Il me les a données pour qu’elles donnent la vie par nous. Nous connaissons bien ces paroles : « Christ n’a pas de mains. Il n’a que nos mains pour faire son travail aujourd’hui… Christ n’a pas de lèvres. Il n’a que nos lèvres pour parler de lui aux hommes… » (2)

Bâtir l’Eglise dans la diversité
Photo F. Maurice Goutagny

Oui, rester témoin tout au long des jours ; témoins des Béatitudes qui sont invitation au bonheur. Bonne nouvelle de Jésus pour aujourd’hui, pour mes contemporains. Heureux les pauvres, heureux les doux, heureux les artisans de paix….Oui, il y a urgence pour nous chrétiens, à prendre sur nous les attitudes évangélique de Jésus. Porter la paix et la réconciliation ; s’engager pour la justice et la liberté ; vivre l’écoute et le partage, être attentif aux situations de vie. Je m’engage pour grandir et faire croître l’humanité en même temps. Que l’homme croisse à l’image de Jésus. « Vraiment cet homme est le Fils de Dieu » dit le centurion romain.
Être chrétien aujourd’hui, ne pas se laisser prendre par le plus petit dénominateur commun de la facilité, du laisser-aller et du minimum.
Défendre des valeurs, mais surtout les valoriser, c’est à dire en dévoiler toutes les richesses quand il s’agit de l’Amour, de la famille, des relations, de l’éducation, de la dignité de la personne…
Je marche à la suite de Jésus serviteur, et je ne suis pas au-dessus du Maître. « Je suis descendu, je suis venu pour le délivrer » dit le Seigneur au sujet du peuple de Dieu (Ex 3, 8).
Avec respect et sans violence, marcher avec Jésus, rester attentifs à l’humain. Aujourd’hui des frères chrétiens retrouvent le sens du politique ; certains continuent à s’engager dans les associations solidaires, humanitaires… Au nom de Jésus, au nom de ma foi, pourquoi pas ? Ma vie chrétienne n’est pas en état de congélation en attendant le dégel !!! Non, ma vie chrétienne c’est maintenant. Je continue à chercher Dieu avec mes frères croyants, et à travailler pour humaniser l’humanité.

F. Maurice Goutagny

(1) Tiré du Concile Vatican II, dans la Constitution Gaudium et Spes, n°1
(2) Prière anonyme du XVe siècle

(Publié dans « Présence Mariste » n°292, juin 2017)

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