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Privatisation des croyances

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La laïcité est proclamée valeur essentielle de la République et la religion devient une affaire privée, ce qui induit la reconnaissance de la pluralité religieuse. (Présence Mariste n°302, janvier 2020)

Depuis des années, le paysage religieux de la France se transforme. On parle beaucoup de déchristianisation. Ce mouvement se voit dans nos sociétés alors que parallèlement on assiste à un retour du religieux.
Sécularisation et institution
F MOREL Michel

La société occidentale a une vision du monde où le scientifique a pris le dessus. Adieu les mythes, les croyances religieuses. Il y a une privatisation des croyances, de la pratique. Les églises perdent des fonctions comme l’éducation, la santé, le caritatif… Ce processus commence à la révolution française. La laïcité est proclamée valeur essentielle de la République et la religion devient une affaire privée, ce qui induit la reconnaissance de la pluralité religieuse.

Pour les catholiques, la croyance reste forte, mais c’est surtout la pratique qui décline. La pratique associe les croyants à l’institution et à la communauté des fidèles. On voit que sur nombre de problèmes éthiques, l’Église n’est plus suivie, sa parole n’est plus vue comme sacrée, en particulier sur la sexualité. Se sont ouverts des chemins de privatisation de la morale. Ce phénomène touche les institutions sociales qui sont rejetées.

Déclin du religieux et flexibilité

Dans notre pays, il y a baisse des valeurs religieuses dans toutes les couches sociales. La croyance en l’existence de Dieu est moins fréquente chez les jeunes. La religion a un sens que si elle apporte le bonheur. Aujourd’hui, les valeurs religieuses sont des valeurs parmi d’autres ; elles ne sont plus le fondement de l’ensemble des valeurs. On centre ces valeurs sur l’immédiateté, le concret de la vie : réussite, argent, renommée…

Vous êtes la lumière du monde
photo fms

On assiste dans la société à un déclin du religieux. On note ici et là, un fort attachement à l’enterrement religieux, à l’affirmation d’une vie après la mort. La croyance en la réincarnation est en hausse chez les jeunes. Se développent des « croyances parallèles » : horoscopes, voyance, adhésion aux sectes. La question des sectes dit la quête de croyances à satisfaire ; cela touche les questions de la société : vie en commun, liberté, bonheur… Nous savons que ces croyances conduisent à des dérives.

Croyances restructurées

Aujourd’hui la présence de sectes offre une palette de croyances pour satisfaire les choix de chacun. Chacun peut faire son menu dans ce syncrétisme religieux. Cela va du courant satanique au courant évangélique… ou de l’apocalyptique à l’orientaliste … On assite à une érosion des religions chrétiennes. Ainsi l’offre religieuse s’adapte à la demande grâce à une plus grande diversité des églises et autres courants. Nous savons que les courants pentecôtistes et évangéliques ont connu un fort développement. Ils se centrent sur l’accomplissement personnel. Cela remet en cause l’institution religieuse traditionnelle et manifeste donc une restructuration des croyances.

Cette réflexion ouvre le débat pour un chrétien aujourd’hui. Où suis-je ? où en suis-je ? Suis-je tombé dans une croyance, des croyances éphémères ? privées ? Ou bien est-ce que j’ai la foi ? Est-ce que ma foi a cette dimension sociale nécessaire qui s’incarne dans ma vie. La foi du chrétien est publique et communautaire. Sa foi est mission. « Vous êtes le sel de la terre » « Vous êtes la lumière du monde » . La première mission d’un chrétien : donner un sens profond à la vie.

F. Michel MOREL
(Publié dans « Présence Mariste » n°302, janvier 2020)

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