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Vivre la joie de la rencontre

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Marcellin marche dans la montagne du Pilat… Au bout du voyage, il accueille la révélation de la Parole, il accueille le don de Dieu, il découvre le visage du Christ dans un jeune adolescent moribond. (Publié dans Présence Mariste n°284, juillet 2015)

F. Maurice Goutagny

Quand nous abordons la question de la mission mariste, il faut aller tout naturellement chez Marcellin Champagnat pour voir comment il a découvert sa mission, et s’est ouvert à la mission de Jésus dans sa vie et pour sa Congrégation. Comme chrétien baptisé il a intégré le message du Christ : “Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création ? (Mc 16, 15). Je crois que Marcellin a eu cette intuition de la mission dans l’aujourd’hui de sa vie concrète, un peu comme dans l’histoire de Zachée (Lc 19, 1-10). Voyant Jésus, Zachée descendit et reçut Jésus avec joie. Et Jésus dit :
“Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham.?

La mission c’est toujours maintenant, dans les personnes rencontrées, et c’est une expérience de joie et de bonheur.

Un événement

Marcellin rencontre l’enfant Montagne
Photo Maurice Goutagny

L’événement-clé dans la vie de Marcellin est l’événement Montagne (du nom de Jean Baptiste Montagne, adolescent que Marcellin va voir sur son lit de mort). D’où cette année Montagne que les Maristes viennent de vivre pour marcher vers 2017. Jeune prêtre de 27 ans, au début de sa mission à La Valla, Marcellin entend cet appel d’aller voir ce malade parmi beaucoup d’autres sur sa nouvelle paroisse.

Il se met en route, il entreprend son pèlerinage de solidarité, son pèlerinage du cœur. Comme Abraham il cherche son bonheur et celui des autres. Marcellin est marcheur, il part, il cherche, il trouve. Il s’est mis en route vers lui-même pour ainsi dire, à la recherche de soi pour ouvrir le sens dans l’événement de la rencontre. Sa mission devient mission de solidarité. “J’ai vu la misère de mon peuple ? dit le Seigneur, et il faut que j’aille le libérer… Pèlerinage du cœur, rencontre avec l’autre, le souffrant, l’ignorant, rencontre avec Dieu…Cela rappelle l’évangile du bon samaritain ; il est dans un pèlerinage de solidarité… Il s’insère dans ce qui manque à la passion du Christ, ce qui manque à la mission du Christ… Marcellin marche dans la montagne du Pilat, marche jusqu’au fond de lui-même. Au bout du voyage, il accueille la révélation de la Parole, il accueille le don de Dieu, il découvre le visage du Christ dans le jeune adolescent moribond.

Une rencontre

À la maison des Palais, la rencontre de Marcellin avec le jeune Jean Baptiste est éloquente. Vue la situation, les parents sont là ! Quelle rencontre, quel échange entre tous ! Marcellin à l’écoute de chacun, à l’écoute particulière de Jean-Baptiste. On imagine tous les sentiments exprimés, tendresse, peur, attention, angoisse, espérance, désarroi, incompréhension… Guérir, sauver ce jeune homme, comment ? Confrontation au mal, au malheur, à la souffrance. Expérience de la fragilité, approfondissement de la foi, du doute. Faire le saut, le plongeon dans la miséricorde de Dieu, déployer sa compassion, telle est la réaction de Marcellin. Tous ces jeunes qui ne connaissent rien, ni sens de la vie, ni Dieu, ni personne ! Marcellin a donné tout ce qu’il a pu dans cette rencontre. Il a donné les sacrements du Seigneur, mais il a donné toute sa personne, son cœur d’homme, son amour de père, sa tendresse de frère.
“Il faut des frères pour vivre avec les jeunes et être avec eux, compagnons de chemin.?

Un signe

La Visitation
Photo Maurice Goutagny

Marcellin pèlerin, affronté d’abord à sa propre existence pour enlever le mystère, et ensuite confronté aux autres qui sont dans la même situation de quête de sens. Pèlerinage de la vie, qui est montée vers soi pour devenir soi, et donc croître en humanité. Dans la rencontre du jeune adolescent, Marcellin a vu les signes que le Seigneur lui fait. Rester en marche et garder au cœur la passion de ce qui est perdu, la passion de ce qui se perd. Comme pour aller encore et toujours à la recherche de la brebis perdue. Aimer les jeunes : “Je ne puis voir un enfant sans lui dire combien Dieu l’aime.? Faire connaître et aimer Jésus. Conduire les jeunes à Jésus par Marie, sa mère. C’est donc dire qu’il y a des chemins à ne pas prendre. Ce n’est pas une question morale d’abord, c’est une question de vie ou de mort. La mission c’est donc apprendre à conduire en quelque sorte, à conduire sa vie vers des chemins de bonheur, de vie. Aujourd’hui la mission auprès des jeunes reste la même. Une mission d’accueil, d’amour, de proximité. Et Marcellin, sentant que tout seul il n’y parviendrait pas, a misé sur la communauté de ses Frères, les Petits Frères de Marie. Pour être là avec les jeunes, présence fraternelle, et tendresse maternelle de Marie.

F. Maurice Goutagny
(Publié dans « Présence Mariste » n°284, juillet 2015)

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