Proclamez la Bonne Nouvelle à toute créature

Octobre 2012 : l’Eglise catholique a célébré le 50e anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II, le 11 octobre 1962. C’est l’occasion de donner un coup de projecteur sur le décret AD GENTES. (Présence mariste n° 272, juillet 2012)

L’Église sacrement universel du salut

En octobre prochain l’Église catholique célébrera le cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II, le 11 octobre 1962. N’est-ce pas l’occasion de donner un coup de projecteur sur l’un des textes promulgués par le Concile, le décret sur l’activité missionnaire de l’Église, décret Ad Gentes, « Aux nations ». D’autant plus que cette activité missionnaire de l’Église est aussi le sujet du dossier de ce numéro de Présence Mariste. Comme par hasard, ce décret est le tout dernier des seize textes dont a accouché l’Assemblée conciliaire. Il est en date du 7 décembre 1965. Le Concile est clos le lendemain ! Pouvait-il s’achever mieux qu’en parlant de l’activité missionnaire de l’Église ?

« Allez par le monde entier » (Vitrail de la chapelle de ND de l’Hermitage-St-Chamond (42)

« Allez par le monde entier, proclamez l’Évangile à toutes les créatures »

Car telle est bien la dernière consigne donnée par Jésus ressuscité à ses disciples réunis autour de lui, « avant d’être enlevé au ciel ». « Quant à eux ils partirent prêcher partout. » (Mc 16, 15-20)

Et telle est aussi la dernière directive du Concile. Que l’activité terrestre de Jésus s’achève par un envoi en mission et que le Concile s’achève par un décret sur l’activité missionnaire de l’Église, cela n’est sans doute pas fortuit.

Toute l’histoire de l’Église n’est finalement pas autre chose que son effort permanent pour annoncer la Bonne Nouvelle de l’Évangile à toutes les nations. Bien sûr, l’Église œuvrant dans le monde en partage toutes les vicissitudes, tous les « heurs et malheurs ». Mais malgré tout, malgré ses imperfections, l’Église reste indéfectiblement fidèle à sa mission fondamentale. Elle se veut le « sel de la terre et la lumière du monde ».

L’Église est missionnaire par nature

C’est sa raison d’être. La mission de l’Église n’est pas d’entretenir la nostalgie du passé. Certes, lorsque nous commémorons dans chaque célébration eucharistique la mort et la résurrection de Jésus, c’est pour faire mémoire et rendre grâce. C’est bien d’ailleurs le sens du mot eucharistie qui dans sa langue d’origine, le grec, signifie rendre grâce. Mais c’est aussi pour nous ressourcer et aller de l’avant.

Aux JMJ de Madrid, après l’eucharistie des jeunes du monde entier sont envoyés en mission

Toute célébration eucharistique s’achève par un envoi, envoi qui, en latin se dit ite missa est, c’est-à-dire : « allez, c’est le temps de la mission ». Mais on a sans doute souvent oublié que messe signifie mission. Il s’agit de partir pour annoncer la Bonne Nouvelle.
Quelle Bonne Nouvelle ? Que Dieu s’est révélé dans son Fils pour nous libérer du péché, de tout ce qui nous enchaîne et nous prive de notre liberté.

De la révélation du Père à la révélation du Fils

Les livres qui constituent ce que nous appelons l’Ancien Testament nous révèlent l’amour de Dieu pour l’humanité, un amour source de tout amour. Une révélation progressive, car le peuple auquel s’adressaient les prophètes, était « un peuple à la nuque raide ». Cet amour de Dieu pour le genre humain trouve son expression la plus accomplie dans l’envoi de son fils Jésus.
Jésus assume pleinement cette mission. Ses premières paroles officielles dans la synagogue de sa ville Nazareth sont précisément pour annoncer sa mission : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction ; il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue. » (Lc 4, 18)

Tableau illustrant la prédication de Jésus (il se trouve dans la synagogue de Nazareth, située au milieu de la ville


Il s’entoure de disciples dès le début de sa vie publique pour les envoyer à leur tour en mission. Il se choisit d’abord douze apôtres, un mot qui veut dire justement envoyé. Puis « après cela, le Seigneur désigna soixante-douze autres disciples et les envoya deux par deux devant lui dans toute ville et localité où il devait aller lui-même ». Car il n’y a pas de temps à perdre : « La moisson est abondante mais les ouvriers peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. Allez… » (Lc 10, 1-2)

La mission de l’Esprit et celle de l’Église

L’existence terrestre de Jésus devait nécessairement prendre fin. Sa mission n’en était pas pour autant terminée. L’Esprit-Saint prend le relais, lui qui est présent dès les débuts de l’humanité, lorsqu’il « planait au-dessus des eaux » dit le poème de la création (Gn 1, 2) et qui ensuite « a parlé par la bouche des prophètes » comme nous l’affirmons dans notre credo.

C’est encore l’Esprit-Saint qui, en quelque sorte, fait le trait d’union entre Jésus et l’Église. « Le jour de la Pentecôte, il descendit sur les disciples pour demeurer avec eux à jamais ». La Pentecôte c’est le jour où l’Église vint au monde, dans l’effusion de l’Esprit-Saint.
Jésus a choisi des apôtres et des disciples, il a confié à l’un d’eux, la responsabilité de la petite communauté de croyants, embryon de l’Église future, pour que la mission se poursuive à travers le temps et l’espace.
Ainsi « le Seigneur qui avait reçu tout pouvoir au ciel et sur la terre, fonda son Église comme le sacrement du salut avant d’être enlevé au ciel, tout comme il avait été envoyé lui-même par le Père ».

« Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile ! »

A Bourg-de-Péage, mieux comprendre Jésus, grâce au livre Ta Parole est un trésor

C’est l’apôtre Paul qui parle ainsi dans sa 1re lettre aux chrétiens de Corinthe « annoncer l’Évangile, écrit-il encore, n’est pas un motif de fierté pour moi, c’est une nécessité qui s’impose à moi. » (1 Co 9, 16)

Qui n’a pas rêvé en regardant sur une carte l’itinéraire des voyages missionnaires de Paul, ce Paul dont les adversaires, toujours à Corinthe, se moquaient de son aspect chétif et de ses difficultés à s’exprimer : « Sa parole est nulle ! » (2 Co 10, 10)

Il fut un temps où l’on croyait que « hors de l’Église point de salut ». Sans doute avait-on mal compris le texte des Actes des Apôtres qui fait dire à Pierre dans un de ses discours : « Il n’y a aucun salut ailleurs qu’en lui, Jésus le Christ ». Et ce n’est pas la même chose ! Si Jésus est mort pour tous les hommes, tous les hommes auront part au salut en lui. Sinon comment pourrait-on affirmer que Jésus est mort pour tous les hommes si certains sont exclus du salut ? Le dessein du Père est que tout le genre humain constitue un seul peuple de Dieu, se rassemble dans le Corps unique du Christ, soit construit en un seul temple du Saint-Esprit et que tous puissent dire « Notre Père ». La moisson est encore grande…

Bernard FAURIE
Paru dans Présence Mariste N°272, Juillet 2012

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