Marie dans la vie de saint Marcellin Champagnat

Marcellin Champagnat et sa dévotion mariale. Comment il a su inciter ses Frères à prier la Vierge Marie.

L’expérience mariale de Marcellin.

Le Frère Jean-Baptiste, son biographe, nous dit que Marcellin a prononcé les noms de Jésus et de Marie sur les genoux de sa mère et de sa tante (Vie, p. 341 : édition 1989).
Au petit séminaire de Verrière où il entre à l’âge de 16 ans, il récite chaque jour le chapelet et sa relation à Marie s’approfondit. C’est ainsi qu’il propose à un camarade découragé de se confier à Elle par une prière à laquelle il s’associe. (Id. p. 13, 17)

Le marché de San Juan de Chamula au Chiapas au Mexique

Au grand séminaire de Lyon, sa dévotion à Marie acquiert une solidité doctrinale grâce à l’enseignement de ses maîtres sulpiciens. Il s’engage dans la naissante Société de Marie et, en juillet 1816, avant de quitter Lyon pour la paroisse de La Valla où il vient d’être nommé vicaire,
"il se rendit à Notre Dame de Fourvière pour se consacrer de nouveau à la Sainte Vierge et mettre son ministère sous sa protection." (Id. p. 33)

Les convictions apostoliques de Marcellin.

Le jeune prêtre de 27 ans arrive à La Valla un samedi et commence son ministère le 15 août. Dans l’église paroissiale, il nettoie la chapelle dédiée à Marie et commande un petit autel à ses frais : gestes concrets significatifs.
Il lance le mois de Marie au village et dans les hameaux. Le modeste sanctuaire dédié à N. D. de Pitié est pour lui le lieu de tous les recours, notamment en février 1822 lors d’une période de pénurie en vocations.
Et Marie répond à la confiance de Marcellin par l’arrivée de celui qui sera le Frère Stanislas, son confident et fidèle disciple, et par l’arrivée de huit jeunes venant de la Haute-Loire.
Le Frère Jean-Baptiste, qui était du nombre, n’a pas oublié la manière dont le jeune vicaire leur avait parlé de Marie :
« Le lendemain de notre arrivée, M. Champagnat nous remit à chacun un chapelet ; il nous parla plusieurs fois de la Sainte Vierge avec ce ton persuasif qui lui était naturel. Tous, tant que nous étions, nous fûmes si touchés des belles choses que notre bon Père nous dit de la Sainte Vierge, que rien au monde n’aurait pu nous détourné de notre vocation. » (Id. p. 103)

En 1842, le Frère Laurent écrira dans son témoignage sur Marcellin :
« Il avait une si grande dévotion à la Très Sainte Vierge qu’il l’inspira à tous et en parlait dans tous ces discours. Il avait toujours quelque chose à dire à la louange de cette Bonne Mère. »
La bouche parle de l’abondance du cœur.
Marie est pour Marcellin la « Ressource ordinaire » qui, avec Jésus, l’accompagne dans ses tâches apostoliques. Cette fréquentation de la mère de Jésus donne à la charité pastorale du jeune vicaire une touche de délicatesse et de bonté qui gagne le cœur des paroissiens et des Frères.

La place de Marie dans son projet.

C’est Marie qui a fait de Marcellin un fondateur. Le Frère Jean-Baptiste écrit :
"C’est dans l’une de ses fréquentes visites à la Sainte Vierge que lui vint la pensée de fonder une congrégation de pieux instituteurs et de lui donner le nom même de celle qui lui en avait inspiré le projet. (Vie, p. 347).
Et il ajoute :
« Il crut que le nom seul de Marie suffirait pour attirer des sujets à la congrégation qu’il avait l’intention de fonder. » (Id.)

Dans une lettre à Louis-Philippe, roi de France, pour obtenir l’autorisation légale de son Institut, Marcellin confirme l’affirmation de son biographe :
« Je pensai sérieusement à créer une Société d’Instituteurs que je crus devoir consacrer à la Mère de Dieu, persuadé que le seul nom de Marie attirerait beaucoup de candidats. » (Lettre du 28 janvier 1834).

A ses premiers Frères, en plus du chapelet quotidien, il demande de réciter le Petit Office de la Sainte Vierge, pour le succès des écoles. Il tient à ce que ses disciples aient sur eux le chapelet :
« Celui qui aime Marie n’est jamais sans quelque objet qui lui rappelle sa divine Mère », leur disait-il. (Vie, p. 350)
Le fondateur forme ses Frères à connaître et aimer Jésus afin qu’il puisse le faire connaître et aimer à leurs élèves. C’est le but de leur vocation et la raison d’être de l’Institut ; Il leur déclare :
« Marie ne nous reçoit que pour nous donner à Jésus »
et il la leur donne comme éducatrice dans l’apprentissage de l’amour de Jésus.

Il la regarde comme Première Supérieure de la Congrégation. Dans une lettre de 1835 à Mgr. Gaston de Pins, administrateur apostolique du diocèse de Lyon, Marcellin écrit :
« Je n’ose refuser les postulants qui se présentent ; je les considère comme amenés par Marie elle-même ».
Et à Mgr. Jean-Baptiste Pompallier, vicaire apostolique d’Océanie, le 27 mai 1838 :
« Marie montre bien visiblement sa protection à l’égard de l’Hermitage… Marie, oui Marie seule est notre prospérité ; sans Marie nous ne sommes rien et avec Marie nous avons tout, parce que Marie a toujours son adorable Fils ou entre les bras ou dans son cœur. »

Dans son témoignage déjà cité, le Frère Laurent rapporte les paroles suivantes que le Fondateur disait souvent :
« Si la Société fait quelque bien, si le nombre des sujets augmente, c’est à la Sainte Vierge que nous le devons. C’est à cette bonne Mère que nous sommes redevables de tous les progrès que la Société a fait depuis le commencement : sans Elle nous n’aurions pas pu réussir. »

La tradition mariste.

On peut affirmer que la dévotion mariale des Frères reçue du Fondateur et concrétisée par les pratiques quotidiennes, évoquées ci-dessus, a marqué la vie personnelle et professionnelle selon l’engagement de chacun.
C’est ainsi que le Frère Louis, dès 1819, faisait une catéchèse mariale chaque samedi aux enfants de Marlhes. Le mois de Marie était célébré avec les élèves. Ces pratiques ont cessé peu à peu vers 1960.

Le Frère Basilio Rueda, Supérieur Général, après le Concile Vatican II, publiait en 1976, un ouvrage à l’intention des Frères. Son titre était révélateur : « Un nouvel espace pour Marie ».
Conscient que la situation mariale était médiocre, il proposait aux Frères de prendre un temps pour Marie et des moyens concrets qui permettraient de trouver « l’onde porteuse » des valeurs mariales. Il terminait ainsi son ouvrage :
« Educateurs chargés par le Père Champagnat de faire aimer et honorer Marie : ce programme n’est-il pas aussi réalisable que jamais ? »

Le 7 octobre 1986, le Saint-Siège, dans le décret d’approbation de la Règle de Vie des Frères, déclare avoir reconnu dans les textes
« l’appel des Frères à contempler Marie, parfaite disciple du Christ, et à la faire connaître et aimer comme chemin pour aller à Jésus. »
C’est un appel à la fidélité en même temps qu’un défi à relever dans notre vie quotidienne.

Frère Alain DELORME

(Publié dans « Présence Mariste » n°246, janvier 2006)

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