Jésus, l’enfant du Père

Rappel doctrinal de la place de l’enfant dans l’évangile

Nous pensons que les enfants n’ont pas d’histoire, sinon celle de leurs parents. Oui, notre enfance a une histoire qui permet à chacun de poser les fondations d’une vie en croissance vers le monde adulte. Contemplons Jésus, enfant du Père. Dieu le donne pour la vie du monde. C’est un enfant qui vient nous sauver ; paradoxe d’une situation aujourd’hui, où il faut sauver nos enfants !
Jésus à la crèche fut enfant du Père avec Marie, sa mère

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« Une pensée leur vint à l’esprit, savoir lequel d’entre eux était le plus grand. Jésus, voyant leur cœur, prit un enfant, le plaça près de lui… Celui qui est le plus petit, c’est lui qui est grand. » (Lc 9, 46-48) Jésus dit : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » De quoi parlons-nous au long de notre vie ? Les disciples se taisent. Nous voulons savoir qui est le plus grand, comment devenir important, dans les instances de la vie. Jésus place au milieu de nous un enfant, il nous dit que cet enfant, c’est Lui-même.

C’est l’enfant du Père, le Bien-Aimé, celui qui est venu comme le plus petit. « Si vous n’êtes pas comme un enfant, vous n’entrerez pas dans le Royaume. » JÉSUS, l’enfant du Père, a parlé le langage de Dieu. Il est devenu Parole du Père. Tout ce que dit le Père, il le transmet, tout ce que veut le Père, il le fait. Jésus a pris la parole, il donne la parole aux sans voix.

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Le Père donne son amour, il se donne lui-même à travers l’enfant, Jésus. (Lc 2, 1-20)
« Vous trouverez un enfant, enveloppé de langes, dans une crèche. » Cela se passe aujourd’hui, dans la joie, et cet enfant vient pour nous sauver.

« Laissez venir à moi les petits enfants… »


Dans la Présentation (Lc 2, 22-38) l’enfant est central, même s’il reste encore dans une certaine passivité. « Siméon le prit dans ses bras, bénit Dieu. Ses parents étaient dans l’étonnement… Siméon dit à la mère : Cet enfant amènera la chute et le relèvement d’un grand nombre ; il sera signe de contradiction ; toi-même une épée te transpercera le cœur… »

Avec les docteurs, (Lc 2, 41-52) Jésus paraît actif, responsable, éveillé à la vie. Angoisses, incompréhensions des parents, devant la position du fils. Et les parents eux-mêmes doivent se repositionner devant Dieu, et son projet sur chacun. Pour modeler sa vie Jésus a un père, une mère, des parents, le Père des cieux ! Il y a le père qui donne l’identité sociale ; il y a le Père qui donne l’identité divine. Jésus, enfant, s’ouvre à l’universel, à la transcendance de Dieu. « Mon enfant pourquoi nous as-tu fait cela ? » Combien de parents aujourd’hui posent la question ! « Ne saviez-vous pas que je dois être avec mon Père ? » Jésus revient à Nazareth avec ses parents, il grandissait en sagesse, en taille, en grâce devant Dieu, devant les hommes. JÉSUS, l’enfant du Père a été reconnu, par les siens, par ses proches… « Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé… »

Le chemin vers Dieu est inscrit au cœur des chemins de l’enfance

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Les évangiles présentent plusieurs situations de Jésus avec des enfants. « On présentait à Jésus des enfants pour qu’il les touche ; mais les disciples les écartèrent. Jésus se fâcha : « Laissez les enfants venir à moi… Le Royaume est à ceux qui leur ressemblent. Celui qui n’accueille pas le Royaume comme un enfant n’y entrera pas. » (Mc 10, 13-16)
Jésus nous dit que Dieu parle aux humbles. Être « petits » devant le Seigneur, voilà l’invitation. Le psaume dit : « Notre vie est un souffle… ». Un "souffle" soutenu par un Amour divin qui lui donne jeunesse, bonheur éternel. Jésus se fait enfant dans notre condition. Il révèle notre "grandeur", sa vie est soutenue dans l’existence par l’Amour de Dieu.

C’est pour cela que nous apprenons de Jésus l’humilité. Être petit, c’est avoir un cœur d’enfant, de frères et sœurs. Nos petits attendent tout de nous.
Ils n’ont pas notre orgueil insensé. Pas de rancune. Ils sont simples… Le chemin de Dieu, le chemin vers Dieu est là, inscrit au cœur des chemins de l’enfance. Regardons les enfants agir, prier, se réjouir. Ils dévoilent des attitudes fondamentales de vérité dans la relation à soi et aux autres. JÉSUS, l’enfant du Père, a eu le droit de vivre, de s’épanouir sainement, librement tout au long de sa vie dans sa famille et ses relations sociales.

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Je souligne deux paraboles où l’on parle des enfants.
L’enfant prodigue (Lc 15, 11-31) qui gaspille tout l’héritage du père. Cela rappelle que Jésus a tout pris chez le Père, qu’il a tout reçu de lui, que le Père lui a tout donné pour nous le transmettre. C’est la générosité de Dieu, une générosité qui engendre, c’est le sens du mot. La conduite de l’enfant dit la conduite du Père ! Son attente, sa miséricorde sont des attitudes essentielles pour vivre le Royaume.
Même le fils aîné parle de Jésus, il a déjà tout : « Toi, tu es toujours avec moi, tout ce qui est à moi est à toi… » Nous touchons là l’importance de la relation entre les enfants, entre frères et sœurs, relations fraternelles qui se fondent sur la relation au Père.

Nous voyons (Mt 21, 28-31) dans ce récit, l’un qui dit OUI, l’autre NON. « Mon enfant, va aujourd’hui à ma vigne ! » Cette histoire parle de nous et du Christ. Lui, il a toujours dit OUI. Cela n’occulte pas les passages difficiles, hésitations, angoisses devant la vie, les situations, les décisions. Ce texte parle aussi de nous et des enfants que nous sommes, satisfaits, hésitants, pensant noir et disant blanc ! Cela dit la fragilité de l’enfant en quête d’assurance et de soutien. JÉSUS, le Christ, exprime le droit de l’enfant à vivre sa vie jusqu’au bout, le droit de dire oui, de dire non dans une éducation ouverte, responsable. Apprendre le don de soi, plus que le « pour soi ».

Le Seigneur nous donne sa lumière

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Je pointe trois images du Christ enfant.
Au calvaire, Jésus est détaché de la croix, remis à sa mère. Nous contemplons Marie recevant son fils sur ses genoux. Moment insoutenable où la maternité se dévoile comme à Bethleem. L’enfant, le fils, objet de la tendresse maternelle, objet de la miséricorde du Père. La vie tressaille dans le grain jeté en terre, la confiance renaît avant que l’espérance éclate. L’enfance de l’humanité est là, dans l’inertie, les balbutiements, les soubresauts de la vie à naître.

Il faut relire l’hymne aux Philippiens (Ph 2, 6-11) : « Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas le rang qui l’égalait à Dieu. Il s’est anéanti prenant la condition de serviteur… » Tout est dit, le mystère de la relation filiale de Jésus est signifié. Obéissance amoureuse du fils.

Pensons au « Notre Père » (Mt 6, 9…). Jésus nous donne lui-même cette prière qui nous fait comme lui enfant du Père, frère de notre humanité. Comment ne pas entrer plus avant dans cette prière puisée au cœur de la relation de Jésus avec son Père ? Prière des enfants de Dieu, prière des frères et sœurs, les hommes.
JÉSUS, l’enfant du Père, parle du droit de l’enfant à son intégrité. Il est fils, il est frère, il est homme, telle est son identité. Il est enfant de Dieu. « Petits enfants, aimons en actes et en vérité… Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît tout. » (1 Jean 3, 14…)


F. Maurice GOUTAGNY
(Paru dans Présence Mariste N° 269, octobre 2011)

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