Sur les traces de Charles de Foucault

Un couple raconte sa marche dans le désert pendant une semaine

[bleu] [fuchia]« Celui qui a beaucoup voyagé a beaucoup appris, plus qu’il ne saurait en dire » (Livre de l’Ecclésiastique) [/fuchia]

Nous revenons d’une semaine « au désert » (3-10 avril 2010) et nos cœurs sont encore « tout brûlants »… En effet, commencer la Semaine Sainte dans la grisaille et le froid en Alsace… et chanter l’Alléluia de Pâques à Tamanrasset, quelle expérience… et ce n’est que le début d’une belle aventure !
Nous avons pu concrétiser notre rêve d’associer randonnée, fascination du désert, quête spirituelle, envie de faire une pause dans nos vies en participant à une marche « Sur les traces de Charles de Foucault ».

Charles de Foucault, Petit Frère universel


Partis d’Orly dans la nuit du Samedi Saint, nous nous retrouvons quelques heures plus tard (à quatre heures du matin) avec nos « compagnons de route » dans une auberge proche de Tamanrasset, assis à même le sol autour d’un savoureux couscous. Nous sommes à 12, venus d’horizons différents, âgés de 17 à 73 ans, dont le Père Renaud, chargé de l’accompagnement spirituel du petit groupe.

Dans la matinée, nous sommes accueillis très fraternellement par les Petites Sœurs du Sacré Cœur et le Père Daniel qui vivent à l’endroit même où Charles de Foucault se consacra pendant quinze ans à la prière, l’étude de la langue touarègue, partageant sa vie avec les nomades. Nous passons un long moment de silence à la Frégate pour nous imprégner de la sobriété, de la paix qui émanent de ce lieu. Puis, pieds nus dans le sable, notre groupe se rassemble pour la messe de Pâques, dans la petite Chapelle des Sœurs aux murs de terre ocre. Les liens entre nous se resserrent et le ton de notre pèlerinage est donné… simplicité, abandon, partage.Nous sommes sûrs que Petit Frère Charles nous accompagnera sur notre route.

Après la visite du Bordj, lieu où le Père de Foucault fut assassiné le 1er décembre 1916 et un tour dans les souks pour acheter nos « chèches », notre caravane de 4X4 s’ébranle vers l’Atakor. Akoulène, notre guide touareg, et son équipe de chameliers nous attendent pour notre première nuit sous tente au pied de la montagne Ahrar.

« Je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur… » (Osée2,16)


Les cinq jours que nous passerons dans le désert se dérouleront selon le même rituel : lever matinal, petit déjeuner préparé par l’équipe de touaregs, rangement et chargement des dromadaires, prière du matin dans la fraîcheur du jour qui se lève. Puis notre caravane s’ébranle au rythme du pas nonchalant des dromadaires. Il ne faut pas s’imaginer de belles étendues de sable fin .Ici le désert est fait de roches et de pitons volcaniques, de blocs de grès et de massifs de granit rose. Trois heures de marche le matin et c’est avec bonheur que nous apercevons au loin le bivouac du déjeuner dressé par nos chameliers.
Au menu, salades variées, sardines, fromage et fruits ! La lecture quotidienne d’une « lettre de Charles de Foucault » avant le repas prend ici tout son sens. Le soleil est au zénith et une bonne sieste à l’ombre s’impose pour tous, avant de reprendre notre route sous un soleil de plomb, jusqu’au bivouac du soir.

Quel silence, quelle immensité, quels paysages grandioses d’une variété sans cesse renouvelée ! Au désert, ce que nous possédons est réduit au minimum et nous redécouvrons la valeur des petites choses simples que nous oublions trop facilement dans nos vies modernes. Tout d’abord l’importance de l’eau… Quelle joie de pouvoir se désaltérer et même de plonger tout habillé dans l’eau fraîche de l’oasis. Et puis, nous avons le temps… pour rencontrer l’autre, pour lui témoigner notre bienveillance à travers les gestes simples du quotidien. Peu à peu, nos pensées se décantent, nous oublions nos préoccupations, nous laissons tomber les masques, pour revenir à l’essentiel et vivre des relations vraies. Notre prière également devient plus dépouillée. Nous comprenons à présent pourquoi tant d’hommes à travers les siècles se sont retirés au désert pour chercher Dieu et y ont trouvé l’unité.

Après avoir installé nos tentes nous nous retrouvons autour du Père Renaud pour célébrer l’Eucharistie dans les couleurs du soleil couchant, dans l’immense « cathédrale de la nature ». Nous avons vécu des moments merveilleux de recueillement, de partage, de louange, à la lumière des Évangiles de la semaine pascale.
Une bonne soupe suivie d’un plat touareg nous attend. Le repas du soir est un moment d’échange entre nous, mais aussi avec nos amis touaregs. Il se prolonge parfois autour du feu, au rythme des chants sous un ciel constellé d’étoiles.

Notre marche se termine par la montée à l’Assekrem. Charles de Foucault vécut cinq mois dans cet ermitage. Il cherchait un lieu où il pouvait trouver un peu plus de fraîcheur l’été, terminer la rédaction de son dictionnaire franco-touareg et être plus près de nomades. Comme il le dit lui-même : « D’ici la vue est plus belle qu’on ne peut le dire ou l’imaginer. Rien ne peut donner une idée de la forêt de pics et d’aiguilles rocheuses qu’on a à ses pieds. C’est une merveille ». Nous avons assisté à un coucher et un lever du soleil mémorables. Nous avons également célébré l’Eucharistie et rencontré les Frères qui vivent ici dans un grand dénuement.

Et ils s’en retournèrent…

C’est en 4X4 que nous regagnons Tamanrasset, après cinq heures de routes cahoteuses. C’est là, que, le cœur lourd, nous nous séparons d’Akoulène, notre guide touareg âgé de 70 ans. Tout au long de ce périple, il a veillé discrètement sur chacun de nous, avec une infinie bonté et une grande sagesse. Nous célébrons la messe avec la communauté des sœurs et le Père Daniel. Retour à la « case départ » ?
Oui certes… mais nous ne sommes plus les mêmes. Notre regard, notre cœur, nos vies sont transformés.
Merci à Celui qui, jour après jour, a marché à nos côtés sur les sentiers du désert, merci à tous nos compagnons de route, spécialement au Père Renaud, qui nous ont accompagnés. Merci à tous ceux qui, de près ou de loin, nous ont soutenus par leur prière et leur amitié. A nous maintenant de vivre et de témoigner de ce que l’expérience du désert nous aura appris durant cette semaine.

« Il faut passer par le désert et y séjourner pour pouvoir recevoir la Grâce de Dieu : c’est là qu’on se vide, qu’on chasse devant soi tout ce qui n’est pas Dieu et qu’on vide complètement cette petite maison de notre âme pour laisser toute la place à Dieu seul ».
Charles de Foucault (Lettre au Père Jérôme, 19 Mai 1898)

Norbert et Marie-Nicole BARTHEL (67- Kiltstett )
(paru dans Présence Mariste N° 264, Juillet 2010)

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Vos réactions

  • elyane giot 26 septembre 2011 14:17

    fort intéressée par ce beau témoignage de ce pélerinage au désert avec le Père Charles,je souhaiterai savoir si un autre voyage est envisagé prochainement et à quelles dates car je serai intéressée.D’avance,merci.

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