Dans un quartier aux échos symphoniques !

Les risques et les chances pour un couple de vivre dans un quartier à forte proportion d’étrangers

Lorsque vous arrivez dans le quartier de Montreynaud, à St Etienne, vous êtes charmés par le nom des rues qui chantent déjà la splendeur et le point de vue du site : Vivaldi, Chabrier, Verdi, Lalo, Gounod, Milhaud, et j’en passe. C’est un quartier où le vivre ensemble est typique à cause de la diversité de sa population. Nous avons demandé leurs sentiments à M. et Mme Charles.

Depuis combien de temps habitez-vous le quartier de Montreynaud ?

Nous habitons ici depuis plus de 30 ans. Nous avons acheté et nous sommes en copropriété, c’est-à-dire donc avec d’autres habitants d’autres nationalités. Vous avez vu les boîtes aux lettres aux noms qui résonnent des sonorités de l’Afrique du Nord. Nous aimons notre quartier et nous sommes impliqués dans un certain nombre d’activités et d’associations. Même si la situation n’est pas idyllique, nous nous sentons bien. Certains ont quitté ce lieu pour choisir d’autres écoles pour leurs enfants, par exemple. Il faut noter que, parfois, des familles reviennent vivre ici.

Quels types de populations voyez-vous passer ici ?

Ici, nous trouvons beaucoup de personnes venus du Maghreb. Il y a des Kosovars, des Roms, des Vietnamiens, quelques Pakistanais.

Vue du quartier de Montreynaud à St Etienne

Ces dernières années beaucoup de réfugiés d’Afrique (Congo) arrivent dans le quartier, et sont accueillis par la paroisse ; certains sont logés… avec l’aide de l’association « La Passerelle ». Ce sont souvent des réfugiés politiques qui ont dû fuir, et laisser femmes et enfants. Beaucoup de ces personnes sont en souffrance. Le groupe « Anticyclone » (créé au début de l’arrivée des réfugiés) organise des rencontres « réfugiés de tout St Étienne - gens du quartier » pour apprendre à se connaître, échanger sur notre foi, puis partager un repas ensemble.

Qu’est-ce qui vous marque le plus comme richesses partagées ?

Nous ne pensons pas qu’il y ait des efforts particuliers à faire pour vivre ensemble. Il n’y a pas trop de soucis. C’est vrai, parfois des voitures brûlent, mais pas plus que dans d’autres quartiers.

Eglise Ste Claire au cœur du quartier de Montreynaud


Ce qui nous frappe, c’est tout un tissu de solidarités qui existent ici pour s’entraider. L’accueil des réfugiés organisé par la paroisse.
Nous pensons aussi à l’ASIM (Association Solidarité Insertion Montreynaud) qui accueille des personnes isolées en besoin de réinsertion. À l’ASIM, elles trouvent un repas équilibré, font des activités, discutent avec des habitants du quartier, etc. L’ASIM offre aussi les repas aux réfugiés, et distribue la nourriture, fournie par la Banque alimentaire, à des familles en grande nécessité.
Il y a aussi le CABA (Collectif Accueil Budget Alimentation) pour aider les familles à réaliser des économies sur leur budget alimentaire. En effet, elles ne paient que 60 % de ce qu’elles achètent, le reste est payé par le secours Catholique. Le CABA fonctionne un peu comme une « Épicerie sociale » .

Quels sont les plus grands défis pour vivre ensemble ?

Il existe ici les problèmes qui existent dans la gestion des copropriétés, entre propriétaires. Un certain nombre ont acheté des appartements, d’autres sont locataires. Le sens de la collectivité est difficile à faire passer. (Par exemple : comment faire comprendre qu’un local à poubelles n’est pas un dépotoir et que le concierge n’est pas payé pour ramasser les détritus des occupants ?) Sur le quartier, il faut ajouter la barrière du religieux. Depuis la guerre du Golfe, il y a eu, semble-t-il, un retour du religieux, mais plutôt comme un besoin d’identification. Le religieux a des incidences très concrètes parfois, sur l’organisation d’un repas, sur l’aide alimentaire, et donc sur les invitations que l’on peut se faire les uns, les autres.

Vous êtes donc ici depuis de nombreuses années. Y-a-t-il eu des envies de partir ? Pourquoi rester finalement ?

Oui, nous sommes bien ici. Il est vrai que nos enfants sont grands et partis ailleurs. Peut-être que si nous avions des enfants en âge de scolarisation nous serions plus inquiets.

Faire place aux talents de chacun…

Les écoles se vident alors que la multi-pluralité scolaire est un facteur de richesse et d’intégration. OFaiui, nous sommes invités chez les uns et les autres assez souvent, pour des mariages, à la fin du ramadan… Nous abordons toutes les questions, y compris la foi. Il n’existe plus de groupe islamo-chrétien ! C’est dommage.

À l’AGEF, une autre association, se tiennent des cours d’alphabétisation, des rencontres journalières de personnes du quartier, des échanges de savoirs où chacun montre aux autres ce qu’il sait faire et apprend des autres ce qu’ils savent faire (on donne et on reçoit).

Comme chrétiens, qu’est-ce qui vous inspire pour vivre ici avec toutes ces populations ?

Notre engagement de chrétien consiste à vivre les mêmes difficultés, les mêmes combats avec ceux qui nous entourent.

Apprendre à se connaître et à échanger…


Nous participons, dans la mesure du possible, à tout ce qui se fait sur le quartier pour un mieux vivre ensemble (la soupe une fois par an, les voyages, les spectacles, les activités).
Nous vivons au milieu des gens, c’est tout.

D’après les propos de M. et Mme Charles
Recueillis par Frère Maurice GOUTAGNY
(paru dans Présence Mariste N° 258, janvier 2009)


DANS LE MAQUIS DES MOTS ET DES CHIFFRES… (suite)

Voici quelques définitions simples pour permettre à chacun de s’y retrouver dans le maquis des mots utilisés particulièrement dans deux articles de ce dossier !

RÉFUGIÉS :
Ce sont les personnes dont la demande d’asile a été accueillie positivement par l’OFPRA ou, en recours, par la CNDA, et qui obtiennent donc le statut de réfugié, et une carte de résidant de 10 ans. Ils ont les mêmes droits que les citoyens français. En 2006, 19,6 % des demandes d’asile ont abouti au statut de réfugié.

REGROUPEMENT FAMILIAL :
La vie en famille est un principe inaliénable reconnu par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Les étrangers vivant en France avec un titre de séjour permanent valide sont donc en droit de faire venir leur famille. Les procédures sont souvent lourdes et longues. Les chiffres des personnes entrées en France au titre du regroupement familial représentent une grosse proportion de la réalité migratoire.

SANS PAPIERS :
Ce sont des personnes qui ne bénéficient d’aucun titre de séjour valable sur le territoire. C’est le cas des clandestins, des personnes entrées légalement mais dont le visa est arrivé à expiration ou des déboutés du droit d’asile qui se sont maintenus sur le territoire. Ils peuvent à tout moment être arrêtés, éventuellement être condamnés à de la prison pour présence illégale sur le territoire, placés en centre de rétention en vue d’expulsion. Il est difficile d’avoir des chiffres.

TITULAIRES DE CARTES DE SÉJOUR :
Certains demandeurs d’asile n’ont pas obtenu le statut de réfugié. Les Préfets ont le pouvoir de leur accorder une carte de séjour d’un an, renouvelable. Il existe plusieurs cartes de séjour, la plus connu étant dite « Vie privée et familiale ». Les Préfets peuvent accorder le titre de séjour pour raison humanitaire. Il est aussi possible, à certaines conditions d’avoir la carte « travailleur étranger ». Ces titres de séjour sont plus difficiles à obtenir aujourd’hui dans un contexte politique de « fermeture ».


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