Le deuil, un chemin de foi ?

La célébration de funérailles, l’occasion de réveiller la foi et l’espérance

Frère André Villard, mariste, préside des célébrations de funérailles à la paroisse St-Ennemond-en-Gier (St-Chamond). Il participe à la commission diocésaine des funérailles de St-Étienne. Voici son témoignage « d’éveilleur ou de réveilleur » de la foi.

Faire l’adieu

Recevoir une famille qui vient de perdre un être cher n’est pas chose aisée. Je dois par mon attitude d’accueil, « détendre l’atmosphère », « dédramatiser » dans la confiance, le respect, la sérénité, avec le recul que je peux avoir par rapport à l’affectif, la douleur, la situation familiale parfois tendue.

Importance des paroles, des gestes, lors de la célébration

La famille vient préparer une célébration d’adieu, « son adieu ». Mais elle est le plus souvent démunie, car elle vit depuis assez longtemps loin de l’Église, coupée de tout lien avec une communauté chrétienne.

Croyant, pas pratiquant

À la question : « Pourquoi voulez-vous une célébration chrétienne pour N… ? » La réponse la plus fréquente est : « Il était croyant, pas pratiquant ! » Que veut dire dans leur bouche : « Il était croyant ? » J’essaie d’approfondir le sens de ce mot. La personne parlait-elle de sa foi, l’exprimait-elle par la participation à la messe, des dévotions, des formes de piété… ? En somme comment vivait-elle son baptême ? C’était son secret avec Dieu le plus souvent.

À la question : « Et vous, où en êtes-vous de votre foi ? » La réponse est souvent la même : « On est croyant, pas pratiquant. »

La célébration, rite du deuil

On sent, sous les mots, un désir fort d’un adieu digne, personnalisé, comme un passage obligé du deuil. La célébration est en effet un moment important. C’est un moment de vie avec une assemblée plus ou moins chrétienne, mais tout de même une communauté autour de celui que l’on accompagne à sa dernière demeure. Ici est apportée, par les proches, leur façon de dire adieu par la musique et les textes choisis, l’évocation du défunt, un poème, les fleurs, le merci ou l’au-revoir final. Dans la célébration, j’essaie de respecter ce que la famille a souhaité dans la préparation, avec le discernement et le recul nécessaires.

Lors de l’adieu, au cimetière

La célébration, une catéchèse

Toute personne a du prix aux yeux de Dieu. Et toute vie vaut d’être vécue même la plus blessée physiquement ou moralement, même la vie à laquelle on a voulu volontairement mettre fin.
Comme président de l’assemblée, j’use de pédagogie pour introduire les rites chrétiens de l’adieu et pour les faire vivre : le signe de la croix, la lumière, l’eau. C’est un baptême de renaissance que j’essaie de faire comprendre.
Ainsi est exprimé l’essentiel de l’espérance chrétienne : la mort du Christ apporte sens à notre propre mort ; par le Christ, nous sommes sauvés du péché et de tout mal ; sa résurrection présage notre propre résurrection. « Le Christ nous a aimés jusqu’à l’extrême du don de sa vie sur la croix ». Mais le matin de Pâques, le tombeau est vide. Désormais N… repose dans la demeure de Dieu, dans la communion de tous les saints, en particulier de ceux que l’on a aimés.

Des cœurs qui s’ouvrent

Un jour, une famille est venue avec un enfant de 5 ans pour préparer les funérailles de son papy. Je lui demande : « Il est où maintenant papy ? » Il me répond en mettant sa main sur sa poitrine : « Il est dans mon cœur. »

Le ciel, c’est ton cœur !

Frère André VILLARD
(paru dans Présence Mariste N° 259, avril 2009)

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