Un pionnier : Frère Vallet

Dieu aime-t-il la Télé ? « Dieu aime toute la création, mais s’il pouvait avoir une préférence, je crois que ce serait pour la Télé… » Frère Vallet écrivait ces lignes en février 1991. Et voilà six ans déjà qu’il est allé poser la question à Dieu lui-même. On peut penser qu’il est conforté dans ses convictions.

Fr Antoine Vallet à sa table de travail

Le nom d’Antoine Vallet est lié à celui d’une expérience originale menée dans le domaine de l’éducation et des moyens de communication modernes, le Langage Total.

Les origines de cette expérience remontent à l’année 1948. Jeune professeur de lettres et de philosophie au lycée mariste de Saint-Etienne, N. D. de Valbenoîte, Frère Louis-Antoine, tel est son nom en religion, est invité par son directeur à participer à une séance de ciné-club :
_ « Allez-y si vous voulez… De toute façon, ça n’engage à rien… »

Et Antoine de commenter, plus tard :
_ « Et dire qu’il avait un nom de prophète : Frère Elie .’… »

Mais en 1952, le Congrès de l’Office Catholique International du Cinéma, à Madrid, invite les enseignants à insérer la formation cinématographique dans les horaires et programmes des établissements scolaires. Pour répondre à cette invitation, une association est créée, présidée par Frère Vallet. C’est « Film et Jeunesse ». On est au début de la grande aventure…

Dans les années 1950-1960, le développement des moyens de communication de masse, du cinéma et de la télévision en particulier, est fulgurant. Frère Vallet fait ce constat que la communication moderne met en jeu, sous des formes variées, trois systèmes de signes : les mots, les images et les sons, dans un seul et même langage, un langage total.

En 1962, au congrès du Centre International du film pour la jeunesse d’Oslo, Frère Vallet expose sa synthèse pédagogique. Il la développe, en 1966, dans un livre « Du ciné-club au Langage Total ». En 1970, l’association « Film et Jeunesse », devenue entre temps « Recherches éducatives et culturelles », prend le nom de Langage Total.

Concrètement, une petite équipe, autour de Frère Vallet, s’est mise au travail. Elle produit des manuels d’initiation au cinéma et introduit les élèves à la connaissance du septième art. Les vacances scolaires sont, en partie, consacrées à la formation des enseignants. L’écriture en image est liée à la lecture de l’image : la photographie fait son entrée dans les classes en 1963, la caméra en 1964. Un Institut du Langage Total ouvre ses portes à Saint Etienne, où, dès 1966, est installé un studio de télévision. Jusqu’en 1976, l’Institut accueille des étudiants qui diffusent la pédagogie du Langage Total en France et hors de France.

Partie du ciné-club, cette intuition pédagogique aboutit à une synthèse qui tente d’adapter la pédagogie aux nouvelles conditions de la communication. En ce sens, elle est unique. C’est aussi la seule expérience pédagogique qui s’étende sur une telle durée et qui ait touché un aussi grand nombre d’élèves et d’enseignants. Une aventure qui n’aurait pu atteindre un tel rayonnement sans la ténacité et la foi d’Antoine Vallet.

Bernard Faurie

(Publié dans « Présence Mariste » n°240, octobre 2004)

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