Lettre de Madagascar

Une jeune québécoise en pleine insertion en milieu scolaire à Madagascar

Vanessa Gauthier est une jeune Québécoise qui a fait une année de volontariat à Madagascar, avec les Frères maristes d’Antsirabe, d’août 2008 à fin juin 2009.
Travailleuse sociale de formation auprès des adolescents, laïque mariste de cœur depuis 12 ans, Vanessa a commencé au Camp Mariste pendant 6 étés pour poursuivre avec un été de camp de jour en Haïti, à Jérémie en 2003. Les années suivantes furent ponctuées de forums du MMQ [1], d’implication à l’AAMCM [2] et de corvées au Camp Mariste. Son séjour en Haïti avait semé en elle le désir d’aller plus loin, de vivre un projet important avec les Maristes. C’est ainsi qu’en janvier 2008, elle a pris contact avec les Provinces Maristes du Canada et de Madagascar pour vivre une année de coopération dans cette île au large de l’Afrique.

Vanessa au milieu de ses élèves


Dès son retour au Canada, elle a repris ses activités de formatrice auprès de futurs travailleurs sociaux. Elle est engagée également, et c’est nouveau pour elle, comme responsable de la pastorale de solidarité auprès de laïcs de la Province des Frères Maristes du Canada, projet que les Frères du Québec chérissaient depuis un certain temps.

Voici des extraits de l’un de ses courriers envoyés à la communauté mariste du Québec.

Merci à Vanessa pour son engagement auprès des plus pauvres et son action aux couleurs maristes.

Antsirabé, Lundi, 27 avril 2009

Mes chers amis Maristes,

Voilà si longtemps que je n’ai pas donné de nouvelles et tout change si vite ici. Alors qu’ici c’est l’hiver qui commence, oui, oui, l’hiver, je dors avec ma tuque, au Québec, c’est le printemps. J’espère que ça vous donne des ailes ! Que votre sève mariste bouille d’action et de fraternité avec les maristes et les enfants.
Du côté travail, il y a du nouveau depuis janvier. J’enseignais déjà l’anglais et le français dans deux écoles maristes et puis j’animais un petit comité citoyen composé d’adolescents. Et puis après réflexion et discussion, j’ai souhaité travailler dans mon domaine, le travail social. Il me fallait donc sortir un peu des structures maristes.

Lors de la fête Champagnat le 6 juin au collège d’Antsirabé


J’ai donc rencontré une première association : les Enfants du soleil. Cette association franco-malgache accueille les enfants de la rue d’abord dans un centre de nuit puis au « village » lorsque l’enfant ne peut plus retourner dans sa famille. Ils ont aussi deux centres pour les mères avec enfants qui veulent sortir de la rue et pour les personnes âgées. Simplement pour vous donner une idée, seulement au « village » d’Antsirabe plus de 100 enfants vivent en foyer jusqu’à leur majorité. C’est tout un travail ! Plusieurs de ces enfants fréquentent d’ailleurs l’école mariste où j’enseigne. Mon travail avec les « Enfants du soleil » se situe surtout au niveau des éducateurs que j’essaie d’aider et d’outiller en techniques de travail social.

Préparation de Noël 2008


Et puis la deuxième association, le CFCA (Christian Fondation for Children and Aging) vient, elle, des États-Unis et fonctionne selon le système du « parrainage ». Un enfant est parrainé financièrement pour ses études et ses besoins de base par une généreuse personne de nos pays confortables. Auparavant, j’avais des préjugés sur ce système que je croyais peu fiable et ayant peu d’impact. J’avais tout faux. Me voilà bien remise à ma place ! Encore une fois, ces gens font un travail extraordinaire en permettant à des familles et à des enfants de « retrouver la dignité et l’espoir », pour reprendre les termes de la mission énoncée par le CFCA. J’y rencontre donc là aussi la petite équipe d’employés pour discuter et les outiller sur les dilemmes et problèmes de ce travail avec les familles démunies. Comment favoriser l’autonomie ? Comment soutenir la scolarité des enfants dont les parents sont analphabètes ? Comment réagir devant la violence ou l’alcoolisme que la pauvreté amène souvent avec elle ?

Jeux et détente sur la cour


Mon travail avec ces deux associations me réjouit énormément. Confrontée à toutes sortes de situations nouvelles, j’apprends beaucoup et je me sens partie prenante des réalités malgaches. Je suis heureuse d’être assise à la même table que ceux qui se battent pour une meilleure vie pour les enfants les plus oubliés. Ma présence auprès des enfants dans les écoles maristes est aussi une grande source de satisfaction. Après des débuts difficiles à faire un travail qui ne m’était pas familier, auprès d’enfants qui me comprenaient à peine, j’ai finalement réalisé que mon seul travail c’est d’Aimer ces enfants. Quel soulagement ! Même s’ils ne retiennent pas un mot de français ou d’anglais, l’essentiel est que le temps passé ensemble leur soit positif. Depuis cette prise de conscience, c’est beaucoup plus facile.

Pièce de théâtre lors d’une fête de l’école


Mon séjour à Madagascar remplit finalement une dernière chose que je souhaitais vivre. Je désirais à travers cette année redonner une plus grande place à ma vie spirituelle. Je ne savais pas trop comment mais je sentais que c’était important. Et de fil en aiguille, sans trop le chercher, des rencontres, des occasions se sont présentées à moi et j’ai pu approfondir ma démarche. La foi et les chants des Malgaches m’ont beaucoup inspirée. À travers des amis, j’ai retrouvé… ou même découvert la puissance et la joie de la prière. Plusieurs lectures, comme celles sur le Père Pedro et Sœur Emmanuelle, ont nourri mes réflexions. Cette aventure m’apporte donc chaque jour plus de paix et de d’amour. Merci Seigneur !

De retour début juillet, en unité,
Vanessa

(paru dans Présence Mariste, N° 262, janvier 2010)

[1Mouvement Mariste Québec

[2Association des Anciens Moniteurs du Camp Mariste

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