Espagne : L’arrivée des Frères Maristes en Catalogne et en Espagne

C’était en 1886. Ils se préparaient à partir en Argentine mais se fixèrent à Gérone en Catalogne. Ce fut le tout début des Frères Maristes en Espagne. Ils venaient de St-Paul-3-Châteaux …

Le 20 décembre 1886, quatre Frères maristes venant de Saint-Paul-3-Châteaux (Drôme), s’installaient à Gérone pour y apprendre l’espagnol et se rendre ensuite en Argentine.
On les a surnommés « les quatre H » à cause de l’initiale de leur prénom : Hilarius-Joseph, Hermile, Hippolytus et Hélion.
Mais Dieu, qui " écrit droit avec des lignes courbes ", en disposa autrement. En effet, le 1er juin 1887, une école s’ouvrait dans la même ville. Gérone devenait ainsi le berceau des Petits Frères de Marie en Espagne.

Un peu d’histoire…

La fondation du collège « La Immaculada » à Gérone a vraiment l’air d’un jeu de la Providence quand on l’examine à la lumière des événements survenus depuis.


C’était en 1886. Sans doute personne en Espagne ne connaissait l’existence des Petits Frères de Marie. Le Frère Théophane, Supérieur Général, et son Conseil n’avaient pas non plus songé à fonder dans ce pays. Comment donc « les quatre H » sont-ils arrivés à Gérone ?

Ils se préparaient à partir en Argentine

Revenons au mois de mai. M. Réveillère, Supérieur des Lazaristes de Buenos Aires (Argentine), priait un de ses confrères de s’informer si les Frères Maristes acceptaient des écoles à l’étranger, en vue de venir prendre la direction de celle que les Pères de la Mission avaient fondée dans la capitale argentine.
Les Supérieurs des Frères donnèrent leur accord de principe. Ils demandaient seulement un délai pour permettre aux Frères qui seraient choisis de s’initier à la langue espagnole.

Le F. Bérillus, Assistant Général, s’occupait de l’affaire, lorsque M. l’abbé Santol, curé de Cerbère (Pyrénées Orientales) lui offrit de le mettre en relation avec le Rév. Ignasi Servitja, archiprêtre de la cathédrale de Gérone. La proposition ayant été acceptée, le F. Bérillus trouva un très bon accueil auprès de l’ecclésiastique catalan.

Il s’agissait maintenant de choisir les quatre Frères destinés à la fondation en terre espagnole. Ce furent, comme on l’a dit plus haut, les Frères : Hilarius-Joseph (Jean-Ferdinand MOULIN), âgé de 34 ans, directeur, pétri d’esprit religieux et de bonté ; Hyppolytus (Eugène BONNAFOUX), âgé de 20 ans, premier Frère mariste à décrocher un titre universitaire ; Hélion (Emile-Henri BARBELON), 20 ans aussi, doué d’une intelligence exceptionnelle et d’un esprit ouvert et novateur ;

Hermile (François BEGOU), âgé de 33 ans, qui par la suite devait retourner en France et quitter l’Institut en 1908.

Les débuts à Gérone

Le premier élève, Ricard Reixach, était bientôt suivi de deux autres : Narcís Viñas et Ignasi Servitja.
A la fin du mois de juin, on comptait 60 inscrits. Six mois et demi plus tard, leur nombre était monté à 180. Pendant l’année scolaire 1888-89, le chiffre des inscrits fut de 286.
En 1891, l’école comptait déjà 470 élèves, preuve incontestable de la faveur avec laquelle fut accueilli l’enseignement des Frères par les familles chrétiennes de la ville, malgré leur connaissance imparfaite de la langue.

Ils ne reculaient devant aucun obstacle

Cette première communauté fondée à Gérone était composée d’hommes de bonne humeur et d’un grand esprit religieux qui ne reculaient devant aucun obstacle. Ils s’attelèrent, avant tout, à l’étude la langue. Leur salle d’études se transformait souvent en une sorte de « petite académie » où se réunissaient avec les Frères quelques personnes

instruites de la ville, attirées par ces « étrangers portant la soutane et le rabat ». Elles mettaient à la disposition des Frères quelques livres et les initiaient à la pratique de la langue espagnole ainsi qu’aux usages et coutumes du pays, les engageant à s’y fixer définitivement.

Le 8 février 1888, deux ans seulement après l’arrivée des premiers Frères en Catalogne, une Ordonnance Royale de S. M. la Reine Régente reconnaissait l’existence légale de la Congrégation des Petits Frères de Marie pour tout le pays.
Les portes de l’Espagne s’ouvraient toutes grandes à la Congrégation mariste.

L’œuvre mariste se consolide

En 1906, l’Espagne comptait plus de 60 maisons. Les Frères espagnols les plus âgés n’avaient que 26 ou 28 ans !

Après les années troubles de la guerre civile espagnole (1936-1939), les écoles catholiques de France furent réouvertes. Le F. Diogène, Supérieur général, invita les Frères français qui le voulaient à rentrer dans leur pays d’origine. Beaucoup cependant restèrent en Espagne jusqu’à un âge très avancé, fidèles au pays qui les avait jadis accueillis et dans lequel ils avaient donné le meilleur d’eux-mêmes.

Trois des quatre Frères fondateurs étaient décédés en Espagne : le F. Hippolytus à Les Avellanes (Catalogne), le 16 juin 1945. Il avait 79 ans. Le F. Hélion à Lucena (Cordoue), le 19 janvier 1927. Il était âgé de 61 ans. Le F. Hilarius-Joseph à Gérone, le 19 mars 1916, à l’âge de 64 ans.

Les Avellanes …. la « maison mère » de nombreux Frères…

Actuellement maison d’accueil, située à quelque 60 km de Lleida (Lérida), Les Avellanes peut être considérée à juste titre comme la maison mère de quantité de Frères de tous horizons.
Ancien monastère prémontré, elle avait subi l’outrage des ans et des lois antireligieuses du gouvernement espagnol vers le milieu du XIX° siècle.

L’ensemble des bâtiments n’était que ruines. Les Frères l’achetèrent en 1910, décidés à faire revivre ce centre historique. Patiemment, ils entreprirent la restauration des lieux. L’ancien monastère prémontré devint maison de formation.
Mais la guerre civile espagnole (1936-39) est venue troubler brutalement ce havre de paix. C’était l’heure des ténèbres… Les jeunes en formation ont pu être sauvés, grâce au courage héroïque de leurs responsables et au dévouement extême de nombreuses familles des villages avoisinants.

Mais, malgré toutes les démarches entreprises auprès des « comités révolutionnaires » de la zone, 27 Frères de la maison furent victimes de la haine antireligieuse. Comme le Christ, ils ont donné leur vie en pardonnant à leurs bourreaux.

Les Avellanes est aujourd’hui une maison fonctionnelle, synthèse admirablement réussie de tradition et de modernité.

Vous y serez toujours les bienvenus !"

Frère Josep ROURA, d’après le « Bulletin de l’Institut », n° VIII

(Publié dans « Présence Mariste » n°232, juin 2002)

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