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Mettre fin au commerce des armes

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Concevoir la sécurité autrement, en s’attaquant aux causes des conflits. Les migrations : une des conséquences de la course aux armes (Présence Mariste n°294, janvier 2018)

« Nous pouvons le faire et il est urgent que nous le fassions (Pape François).
Annie GIRKA
Le commerce des armes, une réalité

Selon une étude réalisée par l’Institut de recherche internationale sur la paix (Stockholm), le commerce mondial des armes a atteint son niveau maximum depuis la fin de la guerre froide. Une croissance due aux conflits au Moyen-Orient, aux tensions en Mer de Chine méridionale et à la perception de la menace russe pesant sur ses voisins.
Les principaux vendeurs d’armes sont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU : États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni. Mais l’Allemagne, l’Espagne, et l’Italie comptent parmi les plus grands fabricants tandis que les principaux acheteurs sont l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis ou la Turquie.

Ce commerce ne connaît pas la crise car les exportations et importations d’armements dans le monde sont passées de 56,5 à 75,3 milliards de dollars entre 2008 et 2012. Le marché pourrait atteindre 100 milliards d’ici 2018 et avoir plus que doublé d’ici 2020. Contrairement à ce que laissent penser les menaces de coupes dans le budget du Pentagone américain ou la baisse des dépenses militaires en Europe, l’heure n’est pas à la rigueur dans le secteur de la défense.

Si tu veux la paix, prépare la guerre ?

Le président honoraire du Mouvement de la paix dit : « Il est des affirmations dont la répétition permanente ne fait nullement une vérité. Ainsi, en est-il de la maxime : « Si tu veux la paix, prépare la guerre », point besoin d’être un grand historien ou un expert en géopolitique pour constater que préparer la guerre n’amène pas à la paix. Nous assistons à un mouvement de privatisation des industries de l’armement. Ces industries sortent du domaine de la défense pour épouser des objectifs commerciaux synonymes de profit. Ces privatisations, avec les suppressions d’emplois qu’elles impliquent, ne riment pas avec désarmement, mais au contraire avec surarmement. »

Une classe au Liban avec des réfugiés syriens
Photo Fratelli Maristi Liban
Concevoir la sécurité autrement, en s’attaquant aux causes des conflits

Parmi ces causes : le sous-développement, les injustices, les inégalités. Il faut donc répondre aux frustrations sociales économiques, culturelles, qui génèrent les conflits. Il faut réaffecter l’argent des dépenses militaires au développement (santé, éducation, alimentation, accès à l’eau) ». Si on considère la charte des Nations-Unies, le commerce des armes va à l’encontre de cette charte. Celui-ci entretient les conflits, les guerres et donc les grandes puissances portent une grande responsabilité.

Les migrations : une des conséquences de la course aux armes

Contrairement aux guerres classiques, dans lesquelles les militaires étaient les plus exposés, ce sont les civils qui sont les premières victimes des conflits armés actuels. Leurs droits sont régulièrement bafoués, leurs biens sont dévastés, pillés, les récoltes sont détruites, les systèmes d’adduction d’eau sabotés, les voies de communications sont bloquées, des villages et des villes incendiés. Sans sécurité, sans ressources, ces populations subissent une augmentation de la mortalité et se déplacent.

Les ailes de la paix pour toutes les nations …
Photo : F. Maurice Goutagny

Sur le million de réfugiés arrivés en Europe en 2015, 31% étaient des enfants, dont 90 000 non accompagnés. Ces enfants, pour lesquels l’Union européenne s’est engagée à mettre en place une politique d’asile, sont vulnérables à toutes les formes de violence.

Cependant La France précise son engagement sur l’accueil des migrants. L’exécutif s’est engagé à accueillir 10 000 réfugiés d’ici octobre 2019, dans le cadre des programmes de réinstallation de migrants.

Une date importante : 11 septembre 2017

« Nous constatons que les attaques aveugles causent toujours plus de pertes civiles ; que les services essentiels d’approvisionnement en eau et en électricité sont réduits à néant ; que les hôpitaux et les personnels de santé sont pris pour cible et que d’innombrables personnes sont forcées de quitter leur foyer. Il s’ensuit que les blessures, la famine et les épidémies sont plus meurtrières que jamais. Dans certains contextes, les conséquences indirectes des violences, font désormais plus de victimes que les attaques elles-mêmes. » (Déclaration de Peter Maurer, Président du CICR).

Concilier fragilités et beauté pour bâtir la paix

Les conséquences économiques
Les répercussions économiques sont énormes - on estime le coût des conflits à 13,6 milliards de dollars par an, soit 13 % du PIB mondial.

Les conséquences sur l’environnement 
Lorsqu’un conflit éclate le premier réflexe est de sauver des vies humaines. Les préoccupations environnementales sont reléguées au second plan ou ne sont même pas prises en compte. Et pourtant durant ces périodes de chaos une grande dépendance envers les ressources naturelles persiste. Cela prouve que les enjeux environnementaux sont prioritaires car un environnement profondément dégradé menace la survie à long terme des populations déjà éprouvées.

Traité sur le commerce des armes

Le 2 avril 2013, l’ONU adoptait le Traité sur le commerce des armes, instaurant la première réglementation mondiale des ventes d’armement. Moins de 18 mois plus tard, plus de 50 États l’avaient déjà ratifié et 90 jours après, fin 2014, il est entré enfin en vigueur.

Annie Girka
La Charte des Nations Unies reconnaît ainsi, en son article 51, le droit de légitime défense de tout État. Ce droit implique nécessairement, outre le droit de produire des armes, le droit d’en acheter. Il est donc vain d’opposer idéalisme moral (c’est-à-dire visant à mettre fin au commerce des armes) et réalisme économique et politique. Il est cependant urgent de faire converger la politique de commerce des armes et les cadres éthiques et moraux qui veulent qu’on ne puisse pas faire n’importe quoi, n’importe comment avec n’importe qui.
(Publié dans « Présence Mariste » n°294, janvier 2018)

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