Lagny : Ecole créatrice de cohérence

Image et miroir d’une société, l’école va se trouver perpétuellement source de cohérence et d’incohérence par rapport à ses partenaires.

L’école demeure l’une des Institutions (pour ne pas dire la dernière) qui représente, à tort ou à raison, une certaine image de la stabilité sociale. Le service national disparu, l’école se retrouve investie, de par son rôle et ses objectifs, d’une mission de cohérence, souhaitée, désirée, enviée parfois.

L’éducation vise à rechercher l’harmonie

Dans un sens très large, « cohérence » signifie « liaison » mais aussi « harmonie » entre plusieurs éléments qui sont, en l’occurrence, les autres lieux d’éducation, la famille mais aussi le monde extérieur propre à l’enfant et à l’adolescent, composé à la fois de lieu de vie, de rue, de cité, de communauté.
Image et miroir d’une société, l’école va se trouver perpétuellement source de cohérence et d’incohérence par rapport à ses partenaires.

Au fil des incohérences

Egrenons quelques exemples qui font le régal des salles de professeurs où famille et école ne riment pas forcément…

  • Départ en vacances anticipé sous prétexte de RTT des parents, de bouchons sur la route ou de places réservées sur un moyen de transport, sans parler des absences du samedi matin pour raisons de week-end prolongé.
  • Interventions des parents excusant des absences pour permis de conduire, orthodontiste ou une extension du fameux « problèmes familiaux ».
  • Excuses des parents « couvrant » le devoir non rendu, ou même la fraude ou le copiage…
  • Dénigrement des enseignants en présence de l’enfant.
  • Aveu d’impuissance d’un parent face à son enfant.

Rôle complémentaire des parents et des professeurs

Ce qui n’empêchera pas ces mêmes parents de prôner des valeurs telles que l’obligation scolaire, le goût de l’effort, le respect de l’adulte ou même de mener des actions si tel ou tel enseignant est absent, menaçant la préparation à l’examen.

Il existe une institution très représentative de cet état d’esprit avec les COMMISSIONS d’APPEL, véritables creusets et vitrines de l’incohérence où le parent-éducateur se transforme en consommateur mécontent.

L’Ecole source d’incohérence

On exige beaucoup de l’école. Et tant mieux ! Image d’une société, avec cependant, et souvent, des retards par rapport à la réalité, l’Ecole a aussi ses incohérences. Dans un esprit d’adaptation, chaque responsable ministériel répondant à une idéologie ou à des situations économiques, a tenté, et parfois réussi, réformes et aménagements.

  • Le fameux « COLLEGE UNIQUE » invitant dans un esprit d’éducation justement partagée à proposer le même enseignement à chacun.
  • Les TPE (travaux personnels encadrés) pédagogiquement révolutionnaires pour certains, d’une inutilité et d’une lourdeur inconcevables pour d’autres.
  • Le débat actuel sur la ZEP est, lui aussi, significatif au même titre que la carte scolaire et sa collection de dérogations permettant d’atteindre le meilleur établissement.

Les objectifs fixés à l’école deviennent de plus en plus complexes et nombreux :

  • C’est l’école qui doit apprendre à lire, écrire et compter…
  • C’est l’école qui doit être référence d’éducation, de politesse, de savoir-vivre…
  • C’est l’école qui doit aider à, s’ouvrir sur les autres, éveiller à la foi…

L’école : lieu d’éveil à la foi

  • C’est l’école qui doit orienter et faire réussir…
  • C’est l’école qui doit préparer au brevet de sécurité routière, au secourisme…
  • C’est l’école qui doit ouvrir sur l’Europe, développer les langues….
  • C’est l’école qui doit initier aux technologies nouvelles…
  • C’est l’école qui doit initier au sport…
  • C’est l’école qui doit apprendre « la Marseillaise »…
  • C’est l’école qui doit dépister tel handicap ou difficulté…
  • C’est l’école qui doit rassembler des parents séparés…
  • C’est l’école qui doit organiser des lieux d’écoute…

La liste est longue, fastidieuse, encourageante et inquiétante à la fois, variée selon les époques, surtout que ces missions doivent être assurées par des professionnels de l’éducation pas obligatoirement formés et pas forcément motivés pour cette globalité éducative.

L’Ecole médiatrice

Heureusement, l’Ecole a plus d’un tour dans son cartable. Malgré ce contexte, la force de l’école réside dans sa continuité et surtout dans l’esprit éducatif des professionnels.

Nécessité pour les personnels d’éducation de se concerter

Les professionnels de l’éducation continuent à posséder un sérieux capital de confiance. Dénigrés parfois, perçus de façon condescendante souvent, les éducateurs sont au carrefour de la cohérence et de l’incohérence ; d’où l’importance des rencontres entre partenaires dans un établissement.

  • La réunion de parents (avec des formes variables) demeure un moment privilégié.
    Exercice difficile pour tous et surtout de la part du parent, de venir exposer ses problèmes où s’allient difficultés d’éducation et désirs légitimes de réussite et ce, devant des tiers…
  • Combien de parents considèrent encore l’école comme un lieu privilégié de dialogue ; et tout enseignant a, un jour ou l’autre, été confronté à un entretien scolaire dans son esprit et dramatique dans sa réalité (mésentente familiale).
  • Combien de parents ont une certaine crainte à pousser la porte d’une école par esprit d’humilité ou de modestie.

Cette médiation de l’école n’est pas réservée à tel ou tel : c’est un travail collectif et les instances qui existent (conseil de classe en particulier) doivent se mettre au service de cette recherche de cohérence sachant exprimer un OUI qui soit un oui ou un NON qui soit un non.
Certaines personnes sont d’ailleurs plus à même de se trouver à l’avant-garde de ce dialogue : le professeur principal (fédérateur), le corps médical (dans la limite du secret) avec l’infirmière et le médecin scolaire, les travailleurs sociaux, les surveillants (souvent récepteurs de confidences) et chacun d’entre nous, du jour où il appartient à une collectivité scolaire.

Le PROJET d’ETABLISSEMENT est en ce sens la véritable feuille de route à la condition qu’il soit lu, connu, « re-lu » et « re-connu » et surtout vécu.

Exigences

L’école est invitée à l’exigence de la cohérence dans chaque acte éducatif.

  • Exigence des instances au service des personnes,
  • exigence de la formation, de la qualité et d’une véritable culture de l’évaluation.
  • Exigence de la cohérence dans les pratiques pédagogiques (attitudes cohérentes dans les actes éducatifs liés à la discipline, au respect des valeurs, à la place donnée aux nouvelles technologies…)
  • Exigence de la cohérence, meilleur rempart contre les appropriations des uns ou des autres selon leurs idéologies ou leur appartenance sociale.
  • Exigence de l’espérance où chaque élève doit trouver la cohérence du sens à sa vie.

Bernard ROUBERT
professeur au lycée de Lagny-sur-Marne (77)

(Publié dans « Présence Mariste » n°249, octobre 2006)

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