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Des ordinateurs, oui, mais plus de facteur

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Visiblement, les 6e de Saint-Pourçain ont de belles réserves de phosphore. Quand on a fini de lire leurs poèmes et slams, on peut même se demander si Terpsichore, la muse de la poésie, n’aurait pas élu domicile sur les rives de la Sioule (Présence Mariste n°285, octobre 2015)

Au collège Notre-Dame-des-Victoires de Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier), les élèves de 6e, sous la conduite de leur professeur de français, Mme Agnès Moret, ont vu tout ce que les mots pouvaient offrir d’activité ludique.

Réfléchir sur les mots eux-mêmes

Agnès Moret

La première étape du projet a été de faire réfléchir les élèves de 6e sur les mots en eux-mêmes, écrit Agnès, ce qu’ils représentent pour chacun de nous.
Après plusieurs lectures et échanges, les enfants ont choisi le mot « bonheur ».
Éva a écrit :
« Pour moi, le bonheur, c’est pour la vie. Sans lui, la vie est grise et sans soleil. Le bonheur, c’est aussi quand on se lève, qu’on se demande à la première heure ce que l’on va faire. Le bonheur est partout, même sur Mars. Il faut le protéger car il est précieux. Il est comme une étoile pour les astrologues, comme de l’or pour les chercheurs de pierres précieuses, comme du caviar pour les grands cuisiniers. C’est un phare dans la tempête. Le bonheur, c’est la vie ! »

Attention au double-sens

Mais parfois les mots, espiègles, sont porteurs de double-sens.
« Il y a très longtemps, en Normandie, une petite fille naquit à Vire, nous narrent encore les 6e. Chaque jour, pour se rendre à l’école, elle passait devant l’atelier d’un charpentier et chaque jour, elle le regardait clouer des planches de bois. Un jour, prise de curiosité, elle s’approcha et surprit une conversation. L’homme parlait avec une dame et racontait qu’il avait fini par lui clouer le bec. Dès qu’elle entendit ces mots, la petite fille partit en courant car elle pensait qu’il parlait d’un oiseau. Depuis ce jour, elle fait un long détour pour se rendre à l’école. »

La classe de 6e de St Pourçain
Photo Agnès Moret

Comment écrire de la poésie…

Puis, gastronomes dans l’âme, les 6e nous offrent leur recette pour réussir un poème :

"Prenez un peu d’inspiration
Cassez le rythme, les sons.
Mettez quelques mots, des expressions,
Battez l’humour tout en rond
Versez l’ensemble sur un carton.
Mélangez, ayez de l’ambition.
Ajoutez la sauce aux lardons. Faites chauffer le tout dans un chaudron
Et vous obtiendrez un texte aux petits oignons."

Toujours plus inspirés, ils ne vont pas hésiter à libérer le Grand Corps Malade qui sommeille en eux, et ça donne ça :

"Dans le monde d’aujourd’hui,
Il ne devrait plus y avoir de soucis.
Le progrès, on l’a connu,
Des machines à perte de vue,
Des ordinateurs, oui, mais plus de facteur.
Des téléphones portables ok, mais plus d’échange affable.
Des centaines d’amis virtuels,
Des inconnus qui n’en valent pas la peine, etc., …"

« Les mots s’illuminent quand le doigt du poète y fait passer son phosphore »,
prétendait Joseph Joubert. Visiblement, les 6e de Saint-Pourçain ont de belles réserves de phosphore. Quand on a fini de lire leurs poèmes et slams, on peut même se demander si Terpsichore, la muse de la poésie, n’aurait pas élu domicile sur les rives de la Sioule.
À vérifier…

Agnès Moret
(Publié dans « Présence Mariste » n°285, octobre 2015)

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