PM 285

Échange épistolaire à l’heure du SMS

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Avec cette initiative nous souhaitions redonner à ce mode de communication ses lettres de noblesse. Cet échange épistolaire est un projet original et permet à tous, élèves, parents et professeurs de s’enrichir des forces et des différences de nos établissements respectifs. (Présence Mariste n°285, octobre 2015)

Véronique Pellet

C’est en 2008 que le projet de faire correspondre des classes de 4e du collège Les Maristes de Bourg de Péage et celles du Collège Raoul Follereau de Chazelles sur Lyon a vu le jour.

Suite à une rencontre de nos chefs d’établissement, Mme Ragni, alors directrice de notre collège nous a demandé à nous les professeurs de français, si nous pouvions réfléchir à une action dans le cadre de nos cours. Comme le genre épistolaire est un des thèmes à étudier sur ce niveau, il paraissait intéressant de réfléchir à un projet. Nous avons pris contact avec l’une des collègues de Bourg de Péage, Béatrice Palou, et le premier échange téléphonique a été agréable et enthousiaste.

Avec cette initiative qui mettait à l’honneur la langue écrite, nous prenions la décision d’aller à contre-courant des technologies modernes et nous souhaitions redonner à ce mode de communication ses lettres de noblesse. L’objectif a été de faire écrire des lettres à nos élèves à l’intention d’un élève de Bourg de Péage et vice versa. Au total, cinq courriers ont été échangés dans l’année ce qui peut paraître peu mais cela a fait prendre conscience aux jeunes que ce mode de communication est moins rapide mais demande plus de réflexion.

Malgré un échange intempestif de SMS pour la plupart futiles, les collégiens ont eu du mal à écrire car ils devaient se dévoiler, parler d’eux, de leur passion et de leur quotidien. Ce n’est pas aisé d’être authentique alors que par écran interposé, les jeunes pensent pouvoir tout dire sans retenue. Nous avons respecté le fait que ces lettres étaient privées et nos deux exigences étaient qu’ils respectent les codes de présentation de la lettre, que le niveau de langue soit courant (aucune vulgarité et langage familier toléré), qu’il n’y ait aucun échange d’adresse ou de téléphone afin d’entretenir le suspense jusqu’à la rencontre en juin.
Lors de cette journée, nous nous sommes rendu compte que les collégiens étaient timides et n’osaient pas aller vers l’autre pour communiquer alors que devant des écrans, ils s’adonnent à des jeux de rôle sans difficultés.

Redonner à la langue écrite ses lettres de noblesse …
Photo fotolia

Pour nous professeurs, cette expérience a été enrichissante et positive dans la mesure où nous avons réussi à motiver nos élèves sur un projet original où la patience et la rigueur sont de mise, puisqu’écrire, envoyer et recevoir une lettre en retour voit s’écouler au minimum quinze jours or les jeunes vivent dans l’immédiateté. Tout au long de l’année, les élèves se sont montrés impatients et l’on pouvait tour à tour lire la déception ou la joie sur leur visage quand ils demandaient si les lettres étaient arrivées.

Comme le projet a donné satisfaction, l’année suivante il a été reconduit. Pour fêter les cinq ans du projet, il a été enrichi car la rencontre s’est déroulée sur deux jours avec une nuit dans la famille du correspondant. Cette année encore, le projet est sur les rails. Il est accueilli avec un peu de réserve au départ par les élèves mais très vite ils se laissent prendre au jeu. Ce projet leur permet également de communiquer avec d’autres jeunes de la classe car ils s’aperçoivent que leur correspondant a peut-être la même passion qu’un élève de la classe. Cet échange épistolaire est un projet original et permet à tous, élèves, parents et professeurs de s’enrichir des forces et des différences de nos établissements respectifs.

Véronique PELLET
(Publié dans « Présence Mariste » n°285, octobre 2015)

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