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François Laborde : une Eglise avec les pauvres (1927-2020)

Mes études secondaires terminées, en 1958, je suis rentré au séminaire du Prado à Limonest jusqu’en 1960. J’ai connu des séminaristes qui m’ont marqué ainsi que des formateurs. Parmi eux, j’ai rencontré le P. François Laborde ordonné prêtre en 1951. Comme les supérieurs du séminaire se formaient à la vie au Prado, en 1958-59, François est devenu supérieur de notre séminaire.

Michel Rose
Père Michel ROSE

François est décédé le 26 décembre 2020 à Calcutta, à l’âge de 93 ans. Sa vie n’a été que don à Jésus Christ et aux pauvres.

Né à Paris en 1927, dans un milieu de bourgeoisie moyenne, François, a été sensibilisé au monde populaire par sa famille et par les événements. Il a raconté qu’à l’école, il avait un copain de milieu populaire qui l’a invité chez lui. Dans la famille de ce copain, il y avait une grande pauvreté et une grande promiscuité. Quelque temps après, François a invité ce copain à venir chez lui. L’écart entre sa famille et les moyens de la famille de François était grand. Son copain est reparti rapidement et en pleurs. François, très jeune à l’époque, a fait le constat : « les pauvres ne peuvent pas venir chez nous ; c’est à nous d’aller chez eux ».

Ordonné prêtre en 1955, François s’engage au Prado. La figure du P. Chevrier l’attire : particulièrement son goût pour l’évangile qu’il veut mettre dans la main des pauvres. Après 7 ans au séminaire du Prado comme supérieur ou professeur et accompagnateur spirituel, il part en Inde en 1965.

Être avec les pauvres

Il s’installe à Pilkhana, grand slum de 500 000 habitants, en périphérie de Calcutta. Beaucoup de familles y vivent dans des conditions déplorables. François vit au milieu d’eux, partage leur vie et voit tout ce que ces gens mettent en œuvre pour répondre à leurs besoins élémentaires. « Chez eux, le ressort humain n’est pas cassé » dit-il.

François Laborde : mon monastère c’est le slum

J’ai connu 2 monastères : la Grande Chartreuse ; le 2d monastère, c’est le slum« . Il fonde, avec les gens du slum, une association : »Howrah South Point". Des enfants de familles défavorisés arrivent. Ils y trouvent un soutien scolaire et une ouverture vers un travail professionnel. Les adultes y font valoir leurs droits et ceux de leur famille pour une vie digne et pour la santé pour tous. François animera cette association qui est dès le début l’affaire des gens eux-mêmes. Dominique Lapierre, a écrit la Cité de la Joie . Il met justement en valeur ce qui se passe dans le slum et la présence d’un infirmier. Il raconte les vies croisées d’un tireur de rickshaw et un prêtre français dans le slum. Pour camper cette interview, il s’est inspiré de la vie et des choix de François.

Bien sûr, François a connu Mère Teresa. J’ai eu la joie de célébrer l’eucharistie avec elle et sa communauté. François était là. Il y avait en Mère Teresa et en François un même amour des pauvres qui les a amenés, par amour de Jésus Christ, à des choix radicaux. La vie de François m’a marqué profondément quand j’étais au grand séminaire du Prado près de Lyon et quand je suis allé en Inde en 1996.

François aimait les pauvres. Il citait souvent cette parole de Jésus : "je te rends grâce, Père, d’avoir caché ces mystères du Royaume aux sages et aux savants et de les avoir révélés aux tout petits". François était passionné de l’amour de Jésus Christ. Sa vie est un appel à être enracinés en Lui. (Eph 3, 17).

P. Michel Rose

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