La maison construite par Marcellin Champagnat

Bref historique de la maison

« Le 13 mai 1824, MM. Champagnat et Courveille achètent en commun le terrain où devait se construire la maison de l’Hermitage ; d’autres parcelles sont achetées en cours d’année pour élargir la propriété. » (Chronologie, Rome, 1976, p. 39)
Après la pénurie des vocations, en 1820-1821, Marcellin Champagnat a vu sa prière confiante à Marie magnifiquement exaucée par Notre-Dame du Puy (Cf. Vie, édition 1989, p. 96-103).
L’afflux des postulants l’oblige à agrandir la maison de Lavalla en 1822, et à penser à une nouvelle maison, plus près de Saint-Chamond. « Avant de se décider, il parcourut, avec deux de ses principaux Frères, les pays d’alentour ». (Id., p. 125) Il arrêta son choix sur la rive droite du Gier, à l’emplacement actuel.

Une maison pour loger les Frères

Le Gier, toujours présent, calme ou tumultueux

« Le projet fut traité de folie… Le Père Champagnat n’ignorait pas ce que l’on pensait et ce que l’on disait de lui dans le public… et, quoiqu’il fût sans argent, il entreprit sans s’effrayer la construction d’une maison assez vaste, avec une chapelle, pour loger cent cinquante personnes. Cette construction et l’acquisition du terrain lui coûtèrent plus de soixante mille francs. » (Id., p. 128)

Dans les Annales de l’Institut, le Frère Avit écrit :« On commença à déblayer les rochers et à niveler un peu le sol. On plaça la maison à l’extrémité nord des terrains acquis et dont la contenance était d’environ 4 hectares (13 aujourd’hui). L’emplacement était très resserré entre la rivière et un rocher presque perpendiculaire au levant… Pour élargir cet emplacement il fallut resserrer le lit de la rivière par un mur de plusieurs centaines de mètres de longueur… On fit ce mur en pierres sèches, plates et sans mortier. Après avoir arraché les arbres, les broussailles, brisé et enlevé les roches, on nivela la bonne terre jusqu’au mur susdit et l’on créa ainsi le jardin et la cour extérieure du midi sur la rive droite du Gier. Ce fut un travail pénible, long et considérable que les Frères exécutèrent avec ardeur sous la direction de leur Père chéri. » (Annales, tome 1, Rome 1993, p. 46)

Maquette de la première construction de 1824-1825

« Pour diminuer les dépenses, toute la communauté travailla à cette construction… Mais ici, il n’en fut pas comme à Lavalla où les Frères avaient fait toute la bâtisse ; les maçons seuls furent chargés de cette partie, tandis que les Frères s’occupaient à extraire les pierres, à les porter, à tirer le sable, à faire le mortier et à servir les maçons… » (Vie, p. 128)

« Quoique surchargé d’occupations, le Père Champagnat ne laissait pas de trouver quelques instants, soit la veillée, soit les dimanches, pour instruire ses Frères et pour les former à la piété… »
C’est pendant l’été 1824 qu’il leur remet un petit écrit pour leur rappeler ses enseignements. Le Frère Jean-Baptiste en donne un résumé dans la Vie (Cf. p 133-138).

L’hiver fut employé aux travaux intérieurs de la maison. Comme d’habitude, le Père était toujours à la tête des ouvriers, menuisiers, plâtriers, et les travaux furent poussés avec tant d’activité que, dans le courant de l’été de 1825, la communauté put s’installer dans la nouvelle maison.

Une maison pour former les Frères

Notre-Dame de l’Hermitage est lieu de formation des novices et pendant les vacances, en septembre-octobre, tous les Frères des écoles s’y retrouvent pour y recevoir les enseignements de leur bon Père. Nous en connaissons le contenu grâce au Frère Jean-Baptiste qui les a consignés dans le livre « Avis, Leçons, Sentences » (1868) et dans « Le bon Supérieur » (1869).

Maquette de la construction poursuivie par Marcellin Champagnat en 1836

Une retraite spirituelle de huit jours précède le retour des Frères dans les écoles. L’Hermitage joue le rôle de l’école normale pour les Frères qui sont catéchistes-instituteurs.

Une maison pour les malades et les Frères fatigués

Dès le début, le Père Champagnat avait prévu une infirmerie pour les Frères malades ou ayant besoin de repos. Il fit suivre une formation d’infirmier au Frère François et se préoccupa de trouver l’endroit le plus ensoleillé. Le Frère François cultivait les plantes médicinales dans un petit jardin et le Frère Emmanuel mit au point “L’eau d’Arquebuse” qui eut son temps de réussite commerciale, à partir de 1857.
En 1827, un petit cimetière est ouvert, au bord du Gier, au pied de l’actuel où plus de sept cents Frères ont été inhumés. Seules les tombes des Frères Louis, Laurent et Stanislas n’ont pas été touchées. Cela témoigne du respect dont ces premiers compagnons de Marcellin furent toujours entourés.

L’Hermitage, jardin de Marie

Le nom de “l’Hermitage” apparaît pour la première fois dans le prospectus du 19 juillet 1824, alors que la construction vient de commencer. Marcellin Champagnat écrit aux Frères, en janvier 1828 : « La Sainte Vierge nous a plantés dans son jardin ; elle a soin que rien ne nous manque ». (Lettres, Doc. 10, p. 45).
Et, dix ans plus tard, en convoquant ses Frères pour les vacances : « Venez tous vous réchauffer dans le sanctuaire qui vous a vus devenir les enfants de la plus tendre des mères. » (21 août 1838, Id. Doc. 210, p. 419)

Comme au temps du Père Champagnat, le rocher omniprésent a été un défi pour les ouvriers du chantier de 2009

La première chapelle, dont subsiste le clocher, est bénite le 13 août 1825. Vite trop petite, elle est remplacée en 1836 par une construction plus grande, à l’angle sud-ouest. Cette seconde chapelle bénite par Mgr Pompallier avant son départ pour l’Océanie et visitée par le Père Chanel, futur martyr à Futuna, était finement décorée selon la minutieuse description faite par le Frère François et chère au cœur de tous les Frères.

Mais construite hâtivement, elle dut être démolie en 1876 et remplacée par l’actuelle, en 1877. Le Frère Théodore en fut l’architecte. En 1957, l’abside où repose la châsse contenant les restes du Bienheureux Fondateur fut ajoutée. En 1989, à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Marcellin, il y eut quelques transformations visant à une plus grande sobriété et à la mise en valeur du patrimoine.

« Le grand reliquaire du Père Champagnat »

C’est ainsi que le Frère François désigne les bâtiments et la propriété de l’Hermitage lorsqu’il s’y retire, en 1860, après vingt ans de généralat.

Souhaitons que les récents travaux qui viennent de s’achever contribuent à garder vivant le souvenir du Fondateur et de ses premiers Frères et que les pèlerins puissent être sensibles à la grâce des lieux et des personnes.


Frère Alain DELORME
(Publié dans Présence Mariste N° 266, janvier 2011)

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