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Tournés vers l’avenir

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Comme chrétien, mon regard n’est pas tourné vers le passé, mais vers l’avenir. Foi, amour, espérance sont les attitudes de la vie chrétienne. (Présence Mariste n°295, avril 2018)

F. Maurice Goutagny

Actuellement, nous vivons trop souvent la « tête dans le guidon » affrontés aux problèmes de la vie quotidienne. Nous sommes préoccupés de l’instant présent. À vrai dire, il nous faut davantage creuser le fait que tout événement nous ouvre sur l’avenir. À travers ce que nous vivons, est-ce que nous nous laissons projeter en avant pour vivre autrement ? Est-ce que le présent vécu change la vision de notre vie, ou est-ce que nous nous réfugions dans le passé pour éviter d’affronter le futur ? Ainsi s’ouvre la question de l’espérance chrétienne, celle qui nous tourne vers l’avenir. C’est ce mouvement intérieur qui nous pousse à désirer un avenir meilleur. Le chrétien croit au bonheur donné par le salut en Jésus Christ.

Dans la foi, avec Abraham

Oui tournés vers l’avenir, dans la foi. Nos frères croyants, Abraham, Isaac, Jacob l’ont bien compris. « Que le Dieu tout-puissant te bénisse, te rende fécond et te multiplie, afin que tu deviennes une foule de peuples ! Qu’il te donne la bénédiction d’Abraham, à toi et à ta descendance avec toi. » (Gn 28, 3-4). C’est l’encouragement à faire confiance en Dieu, même quand nous sommes un peu tordus, et que tout va de travers. Notre foi existe, elle est là, mais c’est sa faiblesse, qui pose problème. Parfois, nous avons des attitudes qui dysfonctionnent, à cause de cette fragilité. Et comme avec Abraham, Dieu se sert, même de nos pauvretés, pour accomplir des choses merveilleuses.

Dans l’Ancien Testament. Isaac est convaincu que Jacob avait un avenir magnifique parce que Dieu lui fait grâce. Cette histoire nous concerne. L’avenir de Jacob contient la promesse du Sauveur. À travers la descendance de Jacob, Jésus vient pour accomplir notre salut, par grâce. C’est par la foi seulement que nous sommes convaincus que Dieu nous réserve un avenir magnifique, une promesse qui dépend uniquement de Lui. Au milieu de nos vies fragiles, le Saint-Esprit est capable de se frayer un chemin pour nous transformer. Faisons-lui confiance.

L’avenir est dans le projet de Dieu pour l’homme. C’est un plan pour son bonheur. La vie n’est jamais comme on la souhaite. Il y a des joies, mais aussi des frustrations. Gardons confiance, Dieu est fidèle et sage pour accomplir son plan. Nous ne comprenons pas toujours la sagesse de Dieu, mais nous croyons qu’en Jésus-Christ, toutes choses concourent au bien de ceux qui sont appelés selon son dessein. Par la foi en Jésus, faisons confiance en notre Dieu pour l’avenir.

Avec le Christ

Un chemin s’ouvrira dans leur cœur
Photo : F. Maurice Goutagny

Comme chrétien, mon regard n’est pas tourné vers le passé, mais vers l’avenir. Quand j’envisage cet avenir, je parle d’espérance. Foi, amour, espérance sont les attitudes de la vie chrétienne. Grâce à elles, le christianisme n’est pas une religion du passé. C’est une ressource de liberté et de confiance en l’avenir.

Jésus ne perd jamais son dynamisme intérieur. Pour lui, toute vie avait un sens. Dans toutes les situations qu’il rencontrait, il montrait toujours des signes d’avenir. Pour lui, la fatalité n’existait pas. Il produisait lui-même des signes : il guérissait les malades ; il rendait un avenir à celles et ceux qui en étaient dépourvus ; il faisait tout pour que chacun puisse relever la tête. Il était à contre-courant de la société de son temps, et avec une nouvelle manière d’interpréter la loi religieuse qui n’allait pas dans le sens d’une vraie libération de l’homme. L’espérance de Jésus n’enferme personne, que ce soit dans sa fonction, dans son passé… Il se fait proche des plus exclus. Il témoigne d’un Dieu amour et pardon. Un Dieu de la nouveauté.

Les chrétiens s’inscrivent dans cette dynamique d’être tournés vers l’avenir. Dieu est là, présent à nos histoires personnelles, il nous accompagne. Et notre vie à un avenir puisqu’il est dans la proximité de Dieu. L’espérance m’invite à regarder vers l’horizon. Espérer c’est être lié à Dieu, le Père qui nous ouvre un chemin de vie, à Jésus, qui nous ouvre le passage vers le Père, à l’Esprit qui devient notre propre respiration. Dieu nous rend libres, fait du neuf dans notre vie. Tout notre être peut s’ouvrir pour renaître, tel est le baptême.

Dans les pas de Marie

Marie vit l’instant présent, et c’est là qu’intervient l’Annonciation, à un moment où Dieu vient la tourner totalement vers l’avenir de sa propre vie. Son propre passé est intégré dans une histoire nouvelle. L’Annonciation la projette dans sa propre histoire demain. « Tu seras Mère du Sauveur, Emmanuel ». Une Parole suffit pour engager l’avenir, et son oui devient nécessaire pour ouvrir cet avenir. « Il sera appelé Fils du Très Haut… » Même l’annonce de la naissance de Jean Baptiste met Marie en mouvement. Elle ne se fige pas sur place. Elle part chez sa cousine, elle part au-devant de l’avenir qui vient.

Chez Élisabeth, Marie expérimente que Dieu est déjà là. Par le Magnificat, elle se réjouit du cadeau de Dieu qui se prépare. Elle chante la puissance de Dieu en action dans ce monde. L’Esprit Saint viendra sur toi… il fera en toi de grandes choses. Totalement tournée vers Dieu, vers l’avenir. « Il déploie la force de son bras…. Il fait descendre les puissants de leurs trônes ; il élève les humbles » Marie est prophète, elle annonce l’avenir. Ce qui est méprisé aujourd’hui sera valorisé demain. Dieu accomplit sa promesse. Le Royaume est là, et demain le Royaume sera encore donné. Jésus reviendra dans sa gloire pour achever ce Royaume. Frères maristes, nous venons de célébrer le bicentenaire de 1817 ; nous avons rendu grâce, bien sûr, mais nous avons voulu actualiser l’événement de la fondation et nous projeter dans l’avenir. Avec la confiance de Marie et de Marcellin. « Si tu ne viens pas à notre secours, nous allons périr : C’est ton œuvre Seigneur que nous faisons… » Grâces reçues pour l’avenir. Continuer à aller du cœur de la Valla au cœur du monde. Accepter la mission qui nous envoie sur tous les champs d’apostolat, rester attentifs aux besoins de l’humanité, des plus jeunes surtout. Continuer à rester créatifs aux périphéries avec l’aide de l’Esprit Saint et des laïcs Maristes. Accepter la fécondité dans la naissance et renaissance de l’Église à travers des communautés renouvelées. Se mettre toujours dans les pas de Marie qui va de l’avant, dans le souffle de l’Esprit.

Vers le Royaume à venir

Demain entre nos mains
Phto FMS

Quelle est la vision que j’ai de l’avenir de l’homme, de ce qu’il fait ? Est-ce que je suis tourné vers l’avenir de tout mon être, de tout mon cœur ? est-ce que je suis tendu vers l’avenir, avec les aspirations qui sont les miennes ? dépassant les conjonctures de la réalité pour « rêver » d’autres dimensions. L’Église de Jésus est une projection de l’avenir, vers la réalisation du Royaume. L’Église de Dieu est le corps vivant du Christ. Elle a l’Esprit du Seigneur, et dans cet Esprit, elle a pour mission d’inventer et de créer, à chaque moment, les formes d’existence qui répondent à l’appel du Royaume, le type d’homme qu’attend Dieu aujourd’hui. Une Église de l’avenir a pour objectif « l’écoute des besoins, des désirs, des déceptions, du désespoir, de l’espérance. Nous devons redonner espoir aux jeunes, aider les personnes âgées, ouvrir vers l’avenir, diffuser l’amour. Pauvres parmi les pauvres. Nous devons inclure les exclus et prêcher la paix » (Pape François).

F. Maurice Goutagny
(Publié dans « Présence Mariste » n°295, avril 2018)

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