À St Joseph de Matzenheim

PM : Dans votre établissement, qu’est-ce qui vous permet de dire que l’Evangile inspire vos pratiques éducatives ?

Bénédicte  : Un des axes du projet d’établissement : Proposer une offre éducative et pédagogique innovante, attentive aux besoins des jeunes et qui les aide à grandir, à devenir autonomes dans un esprit de famille fondé sur la bienveillance et la vie en communauté.

Comme source d’inspiration, nous avons le livret « Sur les pas de Champagnat – vision Mariste de l’éducation », avec 5 valeurs à développer et à déployer au quotidien. Pour le futur proche, on va travailler chaque année plus précisément une de ces 5 valeurs, avec réflexion et mise en œuvre spécifique dans l’établissement.

PM : Comment essayez-vous de présenter dans votre établissement, auprès des adultes et des jeunes, le rôle de l’Église dans la société ?

Cette année, cela se fait, en particulier, avec le thème pastoral « Réveillons-nous » inspiré de Laudato si du Pape François. Celui-ci, avec l’Église nous invite à nous engager dans l’écologie intégrale : prendre soin de soi, des autres, de sa planète.

On a amorcé une réflexion avec les jeunes et les adultes, pour nous impliquer dans notre vie quotidienne. On présente le projet pastoral et le thème d’année à chaque rendez-vous d’inscription. On a créé le Groupe « enracinés », avec des jeunes volontaires, pour un temps hebdomadaire de partage de la foi suivi d’un repas en commun.

PM : En quoi, comme établissement catholique d’enseignement, vous sentez-vous d’Église ou cellule d’Église ?

A travers la mission confiée : faire du lien, ou relier dans le sens du « religare », créer du lien entre l’Église et les jeunes/leurs familles.

Mais il est difficile d’avoir une présence concrète d’Église dans notre établissement, sans prêtre référent depuis plusieurs années, sans aumônier, sans communauté de frère ou d’EML (Equipe Mariste Locale) Les questions ne manquent pas ; quelle vision d’Église pouvons-nous continuer à transmettre, tout en subissant cette absence qui se fera sentir de plus en plus ? Comment anticiper ces prochaines années ? Comment mutualiser davantage avec les établissements partenaires ?

À Saint-Etienne, Les Maristes-Valbenoîte

Il est important, pour un l’établissement, d’être inséré dans une paroisse et pour un Chef d’établissement de pouvoir créer des liens avec les acteurs de la Paroisse. Une école est une cellule d’Église mais elle ne peut certainement pas faire Église seule. C’est donc bien en lien avec d’autres lieux d’Église (paroisse, mouvements, congrégation) qu’elle fera vivre une vraie pastorale ouverte. Il est nécessaire de rappeler régulièrement à chacun des acteurs de la communauté qu’il appartient à un lieu d’Église, une congrégation, un diocèse, …

Dans nos établissements sous Tutelle Mariste, nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur le message de Saint Marcellin CHAMPAGNAT pour lier les actes d’enseigner, d’éduquer et d’évangéliser. Le « thème d’année » que nous vivons avec nos élèves nous aide à partager des temps forts et à montrer une Église vivante qui agit et qui prie pour les autres.

L’Évangile, que nous lisons avec certains de nos élèves est aussi notre inspiration pour l’ensemble de la vie de notre communauté éducative. Tous les enfants qui nous sont confiés ne grandissent pas dans des familles chrétiennes mais nous essayons de vivre avec eux cet esprit évangélique qui nous anime. L’accueil de tous, la bienveillance, l’attention à l’autre doivent inspirer toutes nos rencontres, en classe, en réunion, dans les rendez-vous avec les familles, … Le rôle du Chef d’établissement est certainement de se référer régulièrement au projet éducatif, rédigé par la communauté, et de veiller à faire de chaque rencontre un lieu d’écoute et de discussion bienveillante et constructive.

Mais il n’est pas toujours évident pour un Chef d’établissement de « garder le cap » et de pouvoir faire vivre la mission que lui ont confiée l’Évêque et le Frère Provincial. Il doit composer avec les imprévus qui jalonnent chacune de ses journées. Il a besoin de pouvoir compter sur d’autres adultes qui partagent avec lui le souci de la Mission. Peut-être a-t-il la chance de pouvoir aussi confier cette Mission dans sa prière, seul ou avec d’autres.

L’Évangile, ce n’est pas ceux qui en parlent le plus qui le vivent le mieux. Il faut trouver le bon équilibre pour que nos établissements soient de vrais lieux dans lesquels les enfants et les jeunes sont invités à vivre dans un esprit évangélique tout en pouvant, quand ils le désirent, partager leur foi avec d’autres et ainsi s’épanouir pleinement.