Dieu, le grand communicateur

"Au commencement était la Parole et la Parole était auprès de Dieu et Dieu était la Parole" (Jean 1,1) « (Présence Mariste » n°251, avril 2007)

"Au commencement était la Parole et la Parole était
auprès de Dieu et Dieu était la Parole"
(Jean 1,1)

Si le 19e siècle a été le siècle de la révolution industrielle, le 20e siècle a été celui du développement spectaculaire de la communication entre les hommes : radio, cinéma, téléphonie, presse, télévision… et ce début de 21e siècle nous plonge dans la révolution de l’internet, du téléphone portable, de la télévision numérique… Et Dieu dans tout ça ?

Le début de l’évangile de saint Jean vient opportunément nous rappeler que la communication entre les hommes trouve sa source et son modèle en Dieu. Dieu est le grand communicateur au sein même de la divinité dans le mystère de la Trinité, et dans sa relation au monde et aux hommes dans le mystère de l’Incarnation.

Dans le mystère de la Trinité, un grand courant d’amour circule entre les personnes du Père du Fils et de l’Esprit Saint. En ce Dieu unique, il y a donc une sorte d’intercommunication. Ce dialogue trinitaire aurait pu suffire à Dieu. Mais Dieu ayant crée l’homme, l’homme est à son tour invité à participer à ce dialogue d’amour.

La communication, vocation de l’homme

La relation entre Dieu et l’homme s’est concrétisée dans le mystère de l’Incarnation.
« Quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils né d’une femme »

écrit l’apôtre Paul dans sa lettre aux Galates (4,4). En revêtant la nature humaine, Dieu se donne à voir aux hommes. Jésus est la Parole de Dieu personnifiée. De cette manière, Dieu se révèle à l’homme et l’entraîne dans la communication trinitaire.
En Jésus, l’homme est en relation permanente d’amour avec Dieu. On peut en conclure logiquement que l’homme est à son tour appelé à être un "communiquant" non seulement avec Dieu mais aussi avec tout l’univers.

Par conséquent, on ne peut que se réjouir de ce que l’homme cherche par tous les moyens à communiquer car ce besoin de communication impérieux est inscrit dans la nature profonde de l’homme. Plus que jamais, l’homme se définit comme un être relationnel.
La communication n’est pas un plus que l’homme pourrait utiliser au gré de sa fantaisie et de ses humeurs, ponctuellement, pour se retirer entre temps dans sa tour d’ivoire. L’homme est appelé à vivre en permanence la communication plus qu’à la pratiquer de temps à autre. Et cette communication se vit dans une relation d’amour avec Dieu et avec les hommes.

L’homme, un être communicant

La Bible : un dialogue entre Dieu et les hommes

La Bible, c’est la prise de parole par Dieu qui est lui-même Parole. Parler, écouter sont des verbes très fréquents dans la Bible pour nous dire l’attitude de Dieu envers l’homme et quelle doit être l’attitude de l’homme envers Dieu. Et cette attitude est celle d’un Dieu proche, d’un Dieu père, plein d’amour pour l’homme dont il attend en retour une attitude filiale. Ce dialogue n’est pas à sens unique. Dieu parle, le croyant écoute ; le croyant s’adresse aussi à Dieu et Dieu l’écoute.

L’attitude du croyant est celle de Samuel enfant dont la vocation nous est racontée dans la Bible :
« Le Seigneur appela Samuel. Il répondit : Me voici. » (1S 3,4)
Et Samuel ayant répondu à l’appel de Dieu devient à son tour prophète, c’est-à-dire intermédiaire entre Dieu et les hommes.

En revêtant notre humanité, Dieu exprime au-delà du concevable son désir de communication. Ainsi Dieu se donne à lui-même le moyen le plus approprié pour établir la communication avec l’humanité. Par Jésus, Dieu parle en utilisant le langage, les gestes, les comportements, les regards de chacun d’entre nous. Et il partage avec nous tout ce qui fait le quotidien de nos vies avec ses joies et ses peines.

La communication entre les hommes

La communication entre les hommes suppose, elle aussi, une disposition intérieure. Sans quoi, elle ne peut être qu’éphémère et superficielle. Ce besoin de communication que nous éprouvons aujourd’hui d’une manière si intense dit bien que l’homme est fait pour communiquer et pour aimer. C’est une aspiration qui monte du fond de notre être. L’utilisation du téléphone portable en fournit à lui seul une preuve évidente. Il y a au fond de chacun de nous l’immense et profonde nostalgie d’une relation vraie et d’un amour authentique.

Or, paradoxalement, la communication entre les hommes a besoin de silence et de temps.

De silence. Sans quoi les paroles risquent de sonner creux et de se réduire à des bavardages. De temps. Qui ne connaît la belle histoire du Petit Prince imaginée par Antoine de Saint-Exupéry. Comme le dit si bien le renard au Petit Prince, il faut savoir prendre le temps de s’apprivoiser :
« On ne connaît que les choses que l’on apprivoise, dit le renard. Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. »
Les deux plus grands dangers qui guettent la communication aujourd’hui sont peut-être bien le bruit, souvent agressif, et une suractivité frénétique : nos sociétés humaines ont peur du silence et semblent vivre perpétuellement dans l’excitation.

Le désert, lieu du silence et de la rencontre possible avec Dieu

Dieu aime la télé … et Internet

Ces quelques réflexions ne sauraient prétendre qu’à être source de réflexions, des réflexions que je laisse à chacun de vous, lecteurs, le soin de poursuivre.

Je dois dire que je me suis inspiré pour une part de deux petits fascicules intitulés : La Communication pour l’homme et le chrétien. L’auteur en est un Frère Mariste, dont il me plaît ici de rendre hommage en rappelant sa mémoire, Frère Antoine Vallet. Voici plus de huit ans déjà qu’il est entré dans le sein du Père où il participe plus intensément à ce flux de communication divine dont il aimait parler. Car il fut un grand spécialiste de la communication, un pionnier convaincu que l’éducation des jeunes doit aussi prendre en compte les moyens de communication de notre temps. Frère Antoine Vallet disait volontiers :
« Dieu aime la télé. » Aujourd’hui, il ajouterait : et le téléphone portable et internet. Frère Antoine Vallet se réjouit, je suis sûr, de ce numéro de Présence Mariste qui aborde un sujet qui lui était si cher.

Bernard FAURIE

(Publié dans « Présence Mariste » n°251, avril 2007)

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