La création, œuvre de Dieu

Faire prévaloir le chacun pour tous au-delà des frontières et au-delà des générations

Le gémissement de la terre

Nous apprécions l’eau claire, rafraîchissante, l’eau qui donne la vie. Mais plus d’un milliard d’êtres humains ne disposent pas d’eau potable. Dans les pays développés, les eaux des rivières et des lacs sont souvent polluées. Depuis plus d’un siècle, les pluies sont devenues acides dans beaucoup de pays. Quant à la mer, elle devient un dépotoir.

Notre mère, la terre, nous nourrit. Mais sur notre planète, les terres cultivables diminuent, les ressources du sous-sol s’épuisent. Des espèces végétales disparaissent. Il en est de même pour des espèces animales.

Le cri des humains

Il jaillit notamment à cause de l’oppression exercée par d’autres humains et du non-partage des ressources. Il naît plus de pauvres que de riches. Les humains ne sont égaux ni devant la vie, ni devant l’environnement. La prise de conscience de ces situations planétaires ouvre les humains à leur responsabilité. Elle les pousse à se sentir solidaires des générations futures. Pour les croyants, ce temps de crise peut-il devenir un temps de grâce ?

Ne serait-ce pas un signe du Créateur qui remet les humains en responsabilité de la création ?

Ouvrons la Bible

Elle est à la fois distante et proche du monde dans lequel nous vivons. Elle peut nous aider à porter un regard lucide sur notre situation sur la planète et dans nos sociétés.

Le Dieu qui se révèle au peuple hébreu est un Dieu de l’alliance. La première est l’alliance avec Noé. Ce n’est pas seulement une alliance avec l’humanité sauvée du déluge ; c’est une alliance avec « tous les êtres animés : oiseaux, bestiaux… » (Genèse 9,10).
Aussi, parler de l’alliance en passant sous silence les plantes, les animaux, la terre, c’est limiter notre regard et étriquer notre foi. Et les humains que nous sommes sont appelés à respecter ce monde que Dieu a créé.

Au commencement…

Au premier chapitre de la Genèse, il est dit :
« Dieu les bénit (homme et femme) et leur dit : »emplissez la terre et soumettez-la"
et au chapitre 2, nous lisons :
« Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder ».
Ces deux passages sont d’une grande importance et peuvent nous interroger encore aujourd’hui.

Dieu met la terre à la disposition de l’homme pour qu’il puisse se nourrir. Si l’élevage et la culture se développent très vite, l’intelligence et le labeur de l’homme vont trouver progressivement de multiples diversifications de ses activités. Ainsi l’artisanat perdurera longtemps et, de nos jours, avec le développement des sciences et des technologies, l’industrialisation prendra des formes considérables. Mais là, l’activité de l’homme risque de se retourner contre lui : l’outil qui transforme l’homme en une machine, qui rend la vie stressante ; l’eau et l’air qui deviennent pollués par les déchets chimiques… Dans ces perspectives, est–ce bien « soumettre la terre » selon le vœu du Créateur ?

Prise de conscience

Pour remédier à ces maux, nous prenons conscience aujourd’hui que nombre de dispositions s’imposent au niveau politique, économique, financier, social. Et même le niveau des comportements individuels est engagé. Aussi les formulations des droits de l’homme exigent-elles un élargissement si l’on ne veut pas que ces droits deviennent facteurs de destruction : les droits individuels appellent les droits de l’humanité et de la terre.

Il existe une deuxième série d’interrogations à partir de l’expression citée plus haut : « remplissez la terre ». C’est toute la dimension de la vie en commun sur la planète.

A qui appartient la terre, à quelques-uns ou à tous ? En effet, les plus forts sont tentés de tout accaparer et de ne rien laisser aux faibles qui deviennent ainsi des esclaves.

Face à des inégalités dans le peuple d’Israël, le Livre du Lévitique avait prévu une année jubilaire tous les 50 ans : les dettes devaient être remises, les esclaves israélites devaient être libérés et chacun devait récupérer sa propriété. Cette législation a-t-elle été réellement appliquée ? Du moins, elle n’a pas été oubliée. Jésus s’en souviendra quand il annoncera une année de grâce et de rémission. (Luc 4,19)

Sociétés à organiser

Si le vivre ensemble n’était pas facile dans le petit peuple des origines (rivalités, luttes, agressions), que dire des situations actuelles avec les six milliards d’êtres humains ?

Medellin, Colombie

Le « remplissez la terre » appelle un « organisez-vous » pour une vie plus humaine pour tous. Or une des causes du déséquilibre démographique est la désertion des espaces ruraux au profit des espaces urbains : les mégapoles se multiplient sur la planète accroissant les problèmes humains, économiques et sociaux.

Humaniser la Terre

Au seuil du 3e millénaire, beaucoup de gens ont pris conscience que protéger l’environnement et la nature, c’est protéger l’homme. L’avenir de l’humanité et l’avenir de la terre sont liés. Tous les peuples sont fortement invités à agir dans ce sens. Et le travail à réaliser présente notamment deux dimensions : d’une part, une tâche d’éducation aussi large que possible, et d’autre part, une révision des comportements individuels et collectifs et des politiques économiques.
Faire prévaloir le chacun pour tous au-delà des frontières et au-delà des générations.

Le mouvement écologique n’a pas eu besoin de la Bible pour naître et se développer. Pourtant de nombreux croyants trouvent dans leur foi des lumières et des encouragements pour une action en faveur des autres et en faveur de la sauvegarde de la création.

Frère Marcel SOUTRENON

(Publié dans « Présence Mariste » n°250, janvier 2007)

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