Fr Gabriel Auberger, un « ancien » à l’honneur

Fidèle en effet à la modestie mariste… et à son jardin, il était loin de penser que ses exploits pouvaient encore être rappelés et fêtés 60 ans plus tard ! (« Présence Mariste » n°138, janvier 1979)

Bien que présent à St-Genis-Laval depuis une vingtaine d’années, Fr. AUBERGER était tout surpris et intimidé, en ce soir du 18 décembre, de rassembler autour de lui, au Centre St-Joseph, tant d’amis connus et inconnus venus avec empressement l’entourer et le congratuler.

Fidèle en effet à la modestie mariste… et à son jardin, il était bien loin de penser que ses exploits de jeunesse pouvaient encore être rappelés et fêtés 60 ans plus tard ! Ce fut d’ailleurs, même pour ses plus proches, une véritable révélation que de les apprendre, par une voix dûment autorisée…

Compatriote de nombreuses célébrités dont le poète et philosophe chrétien Louis Mercier, Jeanne-Marie Chavoin, fondatrice des Sœurs Maristes, Mgr Jean-Claude Dubuis, grand missionnaire au Texas, le P. Périchon, du Prado, créateur de la célèbre Passion à la Saulaie d’Oullins…, Fr. Gabriel AUBERGER est né le 2 janvier 1897 à Coutouvre (Loire), petit village du Pays Roannais.

Mobilisé le 1er janvier 1916

Sur l’influence de son grand-oncle, Fr. Pulchronius (Eugène Minot) et de son aîné Louis, Frère Mariste en Grèce, il part à treize ans au Juvénat de San Maurizio (Italie), prononce ses premiers Vœux en 1912 et… doit revenir à la maison natale pour remplacer à la ferme ses trois frères déjà sous les drapeaux. Lui-même, comme cadeau de Nouvel An, reçoit son ordre de mobilisation le 1er janvier 1916. C’est sa conduite héroïque durant la Grande Guerre qui lui mérita, en moins d’un an (1917-18), à l’âge des folles prouesses, cinq citations très élogieuses inscrites au Palmarès de l’Armée :

  • 1re Citation à l’ordre de la Division,
    N° 376 du 14 septembre 1917 :
    « Jeune soldat plein d’entrain, a rempli le 20 août 1917 et les jours suivants, sa mission d’Agent de Liaison au Bataillon, sur un terrain repéré et violemment battu par des tirs incessants d’artillerie lourde. De sa propre initiative, a relevé à plusieurs reprises dans cette zone dangereuse, des blessés qu’il a transportés au Poste de Secours ».
  • 2e Citation à l’ordre du Régiment,
    N° 905 du 15 décembre 1917 :
    « Volontaire pour un coup de main », a fait preuve du plus grand courage en s’élançant avec le plus bel enthousiasme à l’assaut de la tranchée ennemie ».
  • 3e Citation à l’ordre du Régiment,
    N° 945 du 27 janvier 1918 :
    « Grâce à son sang-froid et à son courage, a éteint un commencement d’incendie qui s’était déclaré en première ligne, dans un abri à munitions ; a évacué l’abri de toutes ses munitions, malgré un violent tir de torpilles ».
  • 4e Citation à l’ordre de l’Armée,
    N° 79 du 19 février 1918 :
    « Excellent gradé qui a toujours fait preuve de sang-froid dans les circonstances les plus critiques, notamment lors d’un bombardement par obus toxiques auquel sa Compagnie a été soumise, a largement payé de sa personne et donné un bel exemple de dévouement et de courage. Ses chefs de Section et de demi-section étant tombés, a pris le commandement de la Section et assuré la liaison. Intoxiqué, n’a consenti à se soumettre à la visite médicale qu’après la relève de sa Compagnie ».
  • 5e Citation à l’ordre de la Division,
    N° 517 du 8 août 1918 :
    « Caporal énergique, a donné à ses hommes le plus bel exemple de courage et de mépris du danger en s’élançant à l’assaut du village pendant la journée du 8 août 1918. A été blessé pendant l’attaque ».
    « Blessé le 8 août 1918 à Fresnoy-en-Chaussée. Plaies multiples au genou gauche par éclats d’obus ».

A reçu trois fois la Croix de Guerre

En récompense de ces hauts faits d’armes, il reçut trois fois la Croix de Guerre rehaussée de deux étoiles d’argent, de deux étoiles de brouze et d’une palme… et en 1924 la Médaille Militaire… ce qui ne l’empêcha pas de terminer la guerre sur un lit d’hôpital tandis que l’un de ses frères tombait au Champ d’Honneur…

Et c’est pourquoi, le 18 décembre dernier, le Frère AUBERGER, entouré par une centaine de personnes : parents, maire, conseillers municipaux, colonel Grech, M. le Curé, confrères et amis, se tenait debout, bien campé sur ses deux cannes. Les drapeaux se déployèrent, les clairons sonnèrent et le Fr. Gabriel BOIS, son benjamin et néanmoins « parrain », lui-même grand mutilé de la guerre 39-40 (amputation de la jambe droite), épingla sur la poitrine du Fr. AUBERGER la brillante Croix de la Légion d’Honneur, la Croix des Braves…

Pendant la lecture de ses impressionnantes citations, des divers discours et le vin d’honneur, l’ancien caporal revivait, avec une émotion contenue, les heures tragiques de 1917-1918.

P.B.

(Publié dans « Présence Mariste » n°138, janvier 1979)

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