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Devenir saint… mode d’emploi

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Au cours des siècles derniers, il est incontestable que l’écrasante majorité des saints étaient issus des congrégations religieuses ou du clergé. Depuis le Concile Vatican II, un plus grand nombre de laïcs ont été canonisés. (Présence Mariste n°299, avril 2019)

Michel Catheland

Jadis il n’était pas rare que l’on dise de quelqu’un : « Il est mort en odeur de sainteté ». Aujourd’hui, plus de référence olfactive, on parle de « réputation de sainteté ». Partant de ce constat, une congrégation religieuse, une association peut entamer les démarches en vue d’une canonisation.

« Positio » de la cause de Pierre Claverie et des 18 autres martyrs d’Algérie

Le groupe qui prend cette initiative est appelé l’ACTEUR de la cause. S’il l’accepte, l’évêque du lieu où a vécu la personne organise un PROCÈS DIOCÉSAIN et nomme un POSTULATEUR, prêtre ou laïc, qui suivra ce dossier. Au terme de cette étape diocésaine, l’évêque envoie le dossier au Vatican où est rédigée une synthèse, appelée POSITIO. Achevé, ce document est transmis à un évêque, dit le RELATEUR, lequel, après examen, le remet à un collège de cardinaux qui l’étudie et propose au Pape de reconnaître « l’héroïcité des vertus » de la personne. Elle sera alors dite VÉNÉRABLE. Puis, si on lui attribue un miracle, elle sera BÉATIFIÉE, et, si elle opère un nouveau miracle, elle sera CANONISÉE.

Santo subito … ou dans les siècles des siècles ?

On se souvient de ce 8 avril 2005 où la foule massée sur la Place Saint-Pierre pour les funérailles du Pape Jean-Paul II, scandait inlassablement : « Santo subito ! » ; (« Saint, tout de suite !  »). Certes, la « vox populi » ne suffisant plus pour porter quiconque sur les autels, il fallut attendre le 1er mai 2011 pour que l’ancien Pape polonais fût béatifié et le 27 avril 2014 pour que l’on fêtât sa canonisation. En neuf ans, le procès avait heureusement abouti.

Mais… en même temps… on se souvient aussi que Jeanne d‘Arc qui, au terme d’un procès bâclé par l’évêque Cauchon, périt sur le bûcher à Rouen le 30 mai 1431, dut attendre 24 ans avant d’être réhabilitée par le Pape Calixte III… et qu’ elle ne sera béatifiée qu’en 1909, soit 478 ans après sa mort et canonisée encore onze ans plus tard, en 1920.

Jean-Paul II « Santo Subito ! »

Alors, ce « deux poids deux mesures », ne peut manquer d’interpeller. Sans doute, faut-il d’abord se demander pourquoi et comment l’Église décide de "sélectionner" parmi les millions de saints fidèles qui trépassent chaque année ceux qui rentreront dans son catalogue de « saints officiels » proposés comme modèles à tous les chrétiens. Au cours des siècles derniers, il est incontestable que l’écrasante majorité des saints étaient issus des congrégations religieuses ou du clergé. Depuis le Concile Vatican II, un plus grand nombre de laïcs ont été canonisés.

Il convient aussi de préciser que suivant la sensibilité des Papes, le nombre des béatifications et canonisations varie considérablement. On se souvient que du temps de saint Jean-Paul II - le deuxième plus long Pontificat de l’Histoire – 1 338 personnes furent béatifiées et 482 canonisées. Le Pape voulait ainsi démontrer que tous sont appelés à la sainteté, que tous les états de vie, le mariage comme la vie religieuse, étaient des formes possibles de sainteté.

Michel CATHELAND
(Publié dans « Présence Mariste » n°299, avril 2019)

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