PM 308

Qu’ils sont beaux sur la montagne,
les pas de celui qui porte la bonne nouvelle

L’Evangile est une Bonne Nouvelle pour tout homme et nous sommes appelés à transmettre ce que nous avons reçu.

FAURIE Bernard

Dans la mythologie grecque, Hermès, messager des dieux, fait découvrir de belles trouvailles sur les chemins. Il est le dieu des routes, des voies de communication entre les hommes, et entre les hommes et les dieux.

Hermès est parfois représenté en berger portant un agneau sur ses épaules. L’image est d’autant plus séduisante que, dans l’Ancien Testament, le thème du berger est fréquent et nous est bien connu. Nous avons parfois chanté : “Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien“ (Ps 23).

Dans son évangile Jean développe longuement la parabole du bon berger (10). Le bon pasteur est encore représenté sur un sarcophage du 3e siècle dans la catacombe de saint Calixte à Rome.

Juifs et grecs, païens et chrétiens, se retrouvent ainsi dans cette image du bon berger. Comme dit l’apôtre Paul : “Il n’y a pas de différence entre Juif et Grec : tous ont le même Seigneur, riche envers tous ceux qui l’invoquent“ (Rm 10, 12). Notre Dieu est un Dieu d’amour que nous pouvons prier en l’appelant “notre Père“ (Mt 6, 9).

L’ÉVANGILE… BONNE NOUVELLE

On peut imaginer les bonnes nouvelles annoncées par Hermès. Mais pour les chrétiens c’est l’évangile qui est lui-même “bonne nouvelle“, tel est le sens du mot. Quelle est cette bonne nouvelle ? C’est d’abord l’annonce de la venue sur terre du sauveur. L’ange est un envoyé, le messager de l’annonciation (Lc 1, 28-33). Dieu présent au monde et à chacun de nous et plus présent à nous que nous le sommes à nous-mêmes.

La bonne nouvelle c’est l’établissement sur terre du royaume de Dieu, qui n’est pas un royaume terrestre. Quel est-il ? Jésus tente en bon pédagogue de le faire comprendre à ses disciples. Le royaume des cieux “c’est comme“ le grain jeté en terre par le semeur, c’est comme le levain dans la pâte, c’est comme un trésor caché dans un champ (Mt 13).

Le Seigneur est mon berger. Rien ne saurait me manquer

Le royaume des cieux se concrétise dans l’attention portée au pauvre, au malade, à l’infirme, à l’étranger, au plus petit (Mt 18, 13), à tous ceux qu’on regarde de haut, les collecteurs d’impôts et les pécheurs, tous les laissés pour compte, la femme méprisée : “Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre“ (Jn 8, 7). Et dans les “Béatitudes“ Jésus proclame : bienheureux les pauvres de cœur, les doux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de justice, les cœurs purs, les ouvriers de paix, le royaume des cieux est à eux… Quel programme !

Pour réaliser ce programme, Jésus, comme les rabbis de son temps, s’entoure de disciples et les enseigne. Il les enseigne non pas comme les “scribes et pharisiens qui siègent dans la chaire de Moïse“ (Mt 23, 2) mais tout au long des chemins de Palestine dans un contact familier. Et ces disciples l’appellent non pas cérémonieusement “maître“ mais affectueusement “rabbi, mon maître“. Il n’empêche qu’il enseigne “en homme qui a autorité“ (Mt 7, 29).

UNE BONNE NOUVELLE A FAIRE SAVOIR

Enseigner c’est transmettre. Telle est la mission de Pierre, sur qui Jésus compte pour bâtir son Église (Mt 16, 18), des Douze (Mt 10, 1-5) et de Paul : “J’ai posé les fondements, un autre bâtira“ (1 Co 3, 10). C’est donc une chaîne de transmission qui se met en mouvement. “Allez enseigner toutes les nations“ (Mt 28, 19).

Dans cette chaîne de transmission chacun a sa place et un rôle à jouer, responsables de communautés, parents, éducateurs. On élève et on éduque les enfants. Ces mots sont riches de sens : élever c’est faire monter plus haut, c’est exalter, remplir de fierté….

Éduquer c’est conduire sur le chemin de la vie, c’est l’art du pédagogue. Dans l’antiquité le pédagogue est celui qui accompagne l’enfant à l’école. Il fait le lien entre les parents qui élèvent l’enfant et le maître qui l’instruit. On peut imaginer le pédagogue bavardant avec l’enfant sur le chemin, l’ouvrant à la vie en lui faisant découvrir les beautés de la nature, en l’initiant au bon comportement avec ses parents et avec ses maîtres… et avec Dieu. La relation à l’autre est horizontale ; la relation à l’Autre est verticale.

POUR CONSTRUIRE LA MAISON COMMUNE ET “BATIR SUR LE ROC“ (Mt 7, 14).

Le pédagogue apprend en effet à son petit compagnon de route qu’il ne s’est pas fait tout seul, qu’il s’inscrit dans une longue histoire, histoire d’une civilisation, histoire de son pays, histoire de ses ancêtres. Sans quoi il y a rupture dans la chaîne de transmission.

Il y a là manifestement un danger sur lequel notre pape François met en garde dans son encyclique “Tutti fratelli / Tous frères“ : “Nous ne pouvons pas permettre que les générations présentes et nouvelles perdent la mémoire de ce qui est arrivé, cette mémoire qui est garantie et encouragement pour construire un avenir plus juste et plus fraternel“ (§ 248).

La crise du Covid a conduit à cette prise de conscience que “l’abandon des personnes âgées à une solitude douloureuse, est une manière subtile de signifier que tout se réduit à nous, que seuls comptent nos intérêts individuels“ (§ 19).

Pour construire un monde nouveau on n’oubliera pas "qu’il n’y a pas pire aliénation que de faire l’expérience de ne pas avoir de racines, de n’appartenir à personne. Une terre sera féconde, un peuple portera des fruits et sera en mesure de générer l’avenir uniquement dans la mesure où il donne vie à des relations d’appartenance entre ses membres, dans la mesure où il crée des liens d’intégration entre les générations et les diverses communautés qui le composent ; et également dans la mesure où il rompt les spirales qui embrouillent les sens, en nous éloignant toujours les uns des autres“ (§ 53).

On se souvient de cette journée où Jésus nourrit quatre mille hommes en multipliant des pains. Mais les disciples n’ont rien compris à la signification du geste de leur maître. Et Jésus doit ouvrir leur cœur et leur intelligence : “Avez-vous le cœur endurci ? Vous avez des yeux et vous ne voyez pas ? Vous avez des oreilles et vous n’entendez pas ?“ (Mc 8, 9). Ne soyons pas aveugles ni sourds !

Bernard Faurie
Transmettre une bonne nouvelle de paix pour tous. « Allez enseigner toutes les nations »

Dieu présent au monde et à chacun de nous et plus présent à nous que nous le sommes à nous-mêmes.

Éduquer c’est conduire sur le chemin de la vie, c’est l’art du pédagogue.

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