Kenya : Les activités de formation mariste au centre de Nairobi

Le Frère Charles Howard, lors du 10e anniversaire du MIC (Marist International Center), attire notre attention sur le fait que « le plus grand danger que les jeunes Frères peuvent courir au MIC est de s’embourgeoiser ».
Un des volets de la formation qui peut parer à ce danger concerne les activités apostoliques. Il y en a sept, et tous les Frères doivent en pratiquer au moins une qui les engage toutes les semaines

1. LE CATECHISME

Le catéchisme dans la paroisse de Kibera est la première de ces activités apostoliques. Kibera est le plus grand bidonville de Nairobi. Les Frères qui y vont les samedis matins donnent le catéchisme en kiswahili à des enfants des familles pauvres et souvent divisées. Le groupe qui y va l’après-midi donne le catéchisme en anglais. Trois cents de ces enfants sont catéchisés et préparés aux sacrements.

2. FORMATION CHRETIENNE

Le second groupe de Frères couvre deux domaines : les mamans catéchistes de la paroisse française que nos Frères aident et quatre Frères sont engagés à préparer des journées de formation chrétienne pour les enseignants catholiques dans les écoles de l’Etat.

3. FESTIVALS DES JEUNES

Les Festivals des jeunes préparés par des Frères, connaissent au Centre un succès extraordinaire. Ils regroupent entre 400 et 600 jeunes d’une bonne dizaine d’écoles ; ils ont lieu quatre fois dans l’année. Les étudiants viennent au Centre de bon matin et travaillent un thème biblique, le prient, le partagent en groupes animés par des Frères. Une messe très solennelle avec mimes, drames, chants, et qui dure trois heures, clôt la journée.

4. LA VIE AU CENTRE

Autour du Centre grandissent à vue d’œil des maisons en bois qui offrent une chambrette de 4 mètres sur trois aux familles qui peuvent payer 400 shillings par mois (40 F), familles en général démunies. Au moins deux groupes de Frères vont être attentifs à ces gens. Le premier s’intéresse aux jeunes. Invités à faire du sport, l’occasion est bonne pour parler des problèmes de la vie et chercher ensemble une voie de sortie. Le deuxième prépare avec les familles des enfants au baptême.

5. ORPHELINS

Un autre groupe de Frères accueille les enfants qui souvent n’ont que la maman, le père s’étant éclipsé. Puisque la maman doit se trouver un travail, ces enfants sont pratiquement laissés à eux-mêmes, ils manquent de l’éducation la plus rudimentaire. Les Frères leur donnent un temps de catéchisme après la messe du dimanche, les forment à la vie sociale, leur assurent trois repas par semaine et les font travailler dans un jardinet dont ils bénéficient des produits ou à l’élevage des lapins.

6. AFA 6

Les gens des alentours savent aussi qu’ils peuvent trouver au Centre de l’aide et surtout des personnes qui peuvent les écouter. C’est le travail de l’AFA 6 et il est très varié. D’abord il consiste dans un apostolat de l’écoute. C’est là que les Frères découvrent la profonde misère, la solitude, la faim tenace, l’incertitude du lendemain, les abandons, les trahisons, la vie quotidienne, condition des gens tout proches. Les Frères prennent le temps d’aller visiter ces gens, de s’asseoir dans les taudis, de se rendre compte que les parois sont faites de carton, de feuilles de journaux, qu’aucune intimité n’est possible.

7. HOPITAL

Enfin, tous les samedis après-midi, un dernier groupe de Frères visite les malades du Kenyatta Hospital. Dans les grandes chambrées de cet hôpital populaire, les Frères passent d’un lit à l’autre. On s’intéresse aux malades, on parle de leur santé, de leurs enfants, de leur famille. Cela donne lieu à des amitiés brèves mais intenses. Les Frères voient non seulement toutes sortes de maladies et d’états d’âmes, mais aussi toutes sortes de situations familiales et sociales. Que de fois ils sont évangélisés par ces malades. Après un moment d’échange, la maman d’une fillette d’un an atteinte du sida, me dit : « Je sais que Dieu aime ma fille, c’est lui qui l’a créée ».

Nous espérons, nous souhaitons que ces divers apostolats aident les jeunes Frères à rester près des gens simples et souvent pauvres, informés de ce que vit une multitude de familles à Nairobi. Nous espérons que ces apostolats les gardent généreux, conscients, et qu’ils puissent résister à la tentation de l’embourgeoisement.

Frère Jean-Marie BIGOTTO

N o ë l

Ce 27 mars, le petit-déjeuner est à peine fini et je me rends à mon bureau. Susan, l’employée aux fleurs, court vers moi : « Frère, nous avons besoin d’une voiture, ma sœur est entrée dans les douleurs de l’enfantement ». En effet, je vois Sarah qui s’appuie, soucieuse, à un arbre. J’alerte Marcel pour la voiture et je fais entrer Sarah dans le bureau des médicaments. Dehors, il pleut. Sarah geint parfois, mais très peu, discrètement. La voiture est prête. Nous nous mettons en marche pour aller de chez le recteur à la voiture. Mais, après quelques pas, Sarah hésite, s’arrête, s’agenouille et en moins d’une minute le bébé est là ! Branle-bas, il faut improviser la maternité, chercher des ciseaux, du fil, des essuie-mains, des couvertures.

Les femmes alertées viennent, forment un cercle d’intimité et de pudeur pour la jeune maman, des parapluies s’ouvrent et abritent ce mystère. C’est une petite fille qui est née et la voix du peuple l’appelle tout de suite MARIA. Susan l’a prise, lavée, mise au chaud. Les autres femmes aident la maman à rentrer dans un bureau du nouveau bâtiment. C’est une femme forte, elle marche seule quelques minutes après l’accouchement. Un lit est préparé. Elle s’y installe pour nous faire plaisir. L’enfant revient, il est donné à la maman à la joie de tous les présents, et la tétée suit. A deux heures de l’après-midi la maman rentre à la maison à pied, le bébé dans les bras.

Pour moi ce fut un moment d’intense humanité : conseils, encouragements, compassion, joie, félicitations, profonde communion avec la maman et aide concrète en argent. J’étais heureux que le MIC fût le lieu d’un Noël improvisé. Maintenant que j’écris, ce 2 avril, bébé et maman sont en parfaite santé.

Frère Jean-Marie BIGOTTO au MIC.

(Publié dans « Présence Mariste » n°210, janvier 1997)

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