PM 305

Une spiritualité du corps

F. GOUTAGNY Maurice

Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ? (Bible).

Y-a-t-il une spiritualité du corps ? Quand nous regardons ce qui se passe, on s’interroge.

Le virus nous invite à rentrer chez nous, à enfermer notre corps pour le protéger ! à le cacher…La question de la santé revient au top ! Il faut cacher son visage, une partie de son corps pour protéger tout le corps !

Ces évènements nous ont remis devant la mort, la vie quitte notre corps et nous prive de nos relations à l’autre.

Le corps, dans son contexte

Et le Verbe s’est fait chair

Dans notre société revient souvent la question de l’euthanasie. Faut-il libérer l’autre de toutes les souffrances qui le touchent ? Faut-il permettre de choisir la mort ? Si l’objet du débat n’est que la matérialité de notre corps, cela peut poser question.

Quand on parle de PMA, GPA on se centre sur l’objet de notre corps sexué capable de transmettre la vie. Sommes-nous allés au bout de la réflexion, avons-nous donné à notre corps toute sa valeur et sa dignité ? Ne risque-t-on pas de rester dans le « il n’y a que….il n’y a que la sexualité , il n’y a que le sexe qui est important »… !

On glorifie une partie du corps au détriment du corps entier. Le risque : pervertir notre vision du corps, notre vision de la personne. Depuis 30 ans nous assistons à une dégradation de la vision de la personne, de son corps, de sa dignité. Même les associations des droits de l’homme n’arrivent pas à juguler cette régression qui se vit sous nos yeux quant aux droits humains. Nous sommes tombés dans un relativisme qui anéantit une vision de l’homme en croissance.

Violences, torture, viols sont autant d’atteintes à la dignité de la personne. Nous savons très bien que les conséquences ne sont pas que physiques mais qu’elles atteignent toute la personne dans sa dignité profondément spirituelle.

Les Jeux olympiques vont attirer notre attention sur les athlètes et la manière dont ils cultivent leur corps. Quelles sont leurs motivations intérieures pour construire leur personne à travers le sport ?

Beaucoup aujourd’hui pratiquent le fitness et autres gymnastiques pour soigner leur corps, j’ose croire que c’est une bonne façon de prendre soin de toute leur personne, et qu’ils ne s’arrêtent pas à la culture de leurs muscles, ou de leur beauté physique.

Une vision éducative de la personne

Ceci est mon corps livré pour vous. Ceci est mon sang versé pour vous !

Poser la question d’une spiritualité du corps renvoie à notre vision éducative. Le chrétien a une vision intégrale de la personne. Cette vision a fait ses preuves historiquement et anthropologiquement. Sa pertinence et son objectivité disent sa valeur face à tant d‘idéologies flottantes sur la question.

Pour la Bible, l’homme existe dans une dynamique d’unité : corps, âme, esprit. Comme 3 perspectives qui sont complémentaires. Mon corps dit mon appartenance au monde matériel avec sa dépendance et vulnérabilité.

Mon âme c’est l’intériorité, la sensibilité, l’affectivité. Toute la capacité de m’ouvrir à ma liberté avec conscience, intelligence, volonté. Mon esprit : la source secrète de mon être. Je me reçois à chaque instant d’un « autre ». C’est le lieu qui me relie à Dieu, lieu de la transcendance.

Ma vision de la personne veut en saisir l’unité. Et c’est corps-âme-esprit qui permettent de construire cette unité de l’intérieur. L’éducation du corps fait signe vers l’âme : dans l’effort sportif, c’est la volonté qui s’exprime ! Hygiène, respect de mon corps, sont des dimensions qui appellent à un sens. Je puis construire cette unité à partir du corps, comme le sportif… ?

Unité de la personne dans un dynamisme de vie qui fait aller au profond. Dans l’éducation, je travaille sur l’intériorité. Je fais la différence entre la vie psychologique et la vie intérieure. Je fais large part à l’éducation de l’esprit qui commence par l’ouverture, de la vie profane à la question spirituelle. Quel est le sens de la vie, de la mort ?

La place de mon corps en ce monde ! Les matières scolaires deviennent lieux d’interrogation spirituelle. Ce jeune homme en formation va choisir une profession où il va investir tout son corps, sa personne. C’est le chemin de sa destinée spirituelle.

C’est beau si le jeune en question s’ouvre au visage de Dieu. Il entre dans une spiritualité du don : de sa vie, de son corps, de sa personne. Belle réussite si le jeune découvre ce lieu secret qui l’habite.

La nécessaire dimension spirituelle

Qui commande à la maison ? qui commande dans la maison de mon corps ? Instincts, désirs, caprices ! La tradition chrétienne a foi dans deux mystères essentiels : l’Incarnation et la Résurrection.

Oui, Dieu a pris chair, autrement dit : corps humain en Jésus. C’est inouï… Dieu choisit ce chemin pour se révéler, pour se faire l’un de nous ; il a pris corps dans le corps d’une femme. Corps social et corps culturel.

De plus, Jésus révèle Dieu, Père. Il dévoile le projet de Dieu pour nous en de belles rencontres où il donne la vie en abondance, où il guérit le tout des personnes en guérissant leurs maux corporels : ceux du corps physique, comme ceux du corps social ou du corps culturel.

Relisons l’histoire de l’aveugle Bartimée (Mc 10, 46-52). Un homme déploie toute la vitalité de son corps pour rejoindre Jésus. Il use de tous ses sens pour attirer le regard du Christ. Assis au bord du chemin, il entend la foule, il crie fort pour signaler sa présence. L’aveugle jette son manteau, bondit, court vers Jésus. Enfin, il suit Jésus sur le chemin.

L’homme se pose-t-il toujours les bonnes questions sur lui-même ?

Notre corps est la condition de notre existence, il est le lieu qui reçoit le souffle de Dieu. Notre corps est temple de l’Esprit. Ainsi comme croyant ma vie s’incorpore dans les gestes de ma prière, dans les actions de justice, dans les expressions culturelles de l’amour de Dieu pour l’humanité.

Pâques nous dit que le Christ ressuscité est un corps vivant. Son propre corps, ce corps crucifié ; ce corps marqué par les blessures ! Et cependant un autre corps, transformé (Ne me touche pas, dit Jésus). Un corps de gloire donnant à l’existence sa dimension d’éternité. Ce que nous deviendrons un jour. Notre corps est le lieu du salut, (de la santé, c’est le même mot) ; il devient corps de louange à la gloire de Dieu.

« Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu » (St Irénée). Cela réaffirme que l’Esprit de Dieu agit dans la transformation de l’être, donc de son corps. « Il est important de communiquer cette joie transmise par le sport, qui n’est autre que de découvrir les potentialités de la personne…il nous faut révéler la beauté de l’être humain lui-même, en tant qu’image et ressemblance de Dieu ». (François).

F. Maurice Goutagny
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