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F. Albert PFLEGER, un juste des nations

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Les Frères pénètrent dans le ghetto de Budapest pour en arracher soixante-dix enfants et plusieurs vieillards. « Mais, ce qui m’a touché, ce fut le témoignage de F. Pfleger et son courage ». (Présence Mariste n°303, avril 2020)

En parallèle à l’article sur le Groupe Amitié Judéo-Chrétienne France Vichy Jacob Kaplan que vous pouvez lire ci-contre, voici le témoignage de Marc Knobel, Juif, qui a rencontré le F. Albert PFLEGER, à Varennes-sur-Allier, il y a environ 20 ans. F. Albert a été artisan, avec des Frères de sa communauté mariste, dont le F. Alexandre HEGEDÜS, de la sauvegarde des Juifs à Budapest face aux Nazis.
Marc KNOBEL

On est tenu de sauver son prochain en danger. Si vous voyez un autre homme courir après un autre homme pour le tuer, accourez au secours de celui-ci. Car, il est écrit : « Tu ne t’arrêteras point devant le sang de ton prochain » (Lv 19, 16).

De 1940 à 1944, il s’est trouvé des hommes et des femmes pour sauver, cacher et protéger des juifs. Quelques œuvres, des villages, des institutions catholiques, protestantes ou laïques ont arraché ces gens à un destin tragique. Très tôt, j’ai eu le privilège de rencontrer quelques-uns de ces justes, pour le compte d’une université californienne qui entreprenait justement une enquête internationale sur le sauvetage des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le 28 décembre 1985, je venais de recueillir le témoignage de l’un d’entre eux, un frère mariste. Dans les années trente, le frère Ronzon, directeur d’un orphelinat à Kispest, en Hongrie, eut l’idée d’ouvrir une école franco-hongroise, à Budapest. Encouragé par la légation de France, il fait appel au frère Albert Pfleger pour réaliser ce projet. L’école prend le nom d’école Champagnat (le fondateur des Frères maristes). Le 19 mars 1944, les Allemands envahissent la Hongrie et y installent un gouvernement à leur dévotion. La persécution des juifs s’intensifie. Sans attendre l’entrée en action de la Croix-Rouge, le directeur de l’école, frère Louis Prucser, prend l’initiative de recueillir des élèves juifs. Dès lors, les Frères pénètrent dans le ghetto de Budapest pour en arracher soixante-dix enfants et plusieurs vieillards.

Un diplôme semblable a été délivré aux Frères Louis Pruscer, Ferdinand Fisher, Albert Pfleger, Alexandre Hegedüs, Bernard Clerc, François Anghial, Ladislas Pingiczer et Alexandre Bonebeltz
Photo fms

A la suite, d’une dénonciation, le 22 décembre 1944, les huit maristes sont enfermés dans la prison de Fo-Utca à Buda. Les enfants, placés sous la protection de la Croix-Rouge suédoise, ne seront pas inquiétés. Quelques années plus tard, rendant visite au F. Albert Pfleger, alors qu’il était en retraite dans un monastère, je regardais les documents et photos de quelques enfants juifs sauvés par les frères. Mais, ce qui m’a touché, ce fut le témoignage de F. Pfleger et son courage.

Aujourd’hui

Dans une cinquantaine de pays, surtout au Proche et Moyen-Orient, Irak, Syrie, Iran, Libye, Soudan, Pakistan, Égypte et ailleurs, les Chrétiens subissent des vexations quotidiennes. Tous les moyens sont utilisés pour les contraindre à renier leur foi : posséder une Bible est devenu un crime, la célébration des cultes est interdite, les Eglises sont brûlées, les cimetières sont profanés, les chrétiens sont pourchassés, emprisonnés, dénoncés, abattus, liquidés, et même crucifiés. Le Pape François a lui-même appelé "à une vaste mobilisation des consciences« de tous ceux »qui ont des responsabilités au niveau local et international". Il appartient donc à l’Humanité tout entière de réagir.

F. Albert PFLEGER biographie

Nous savons depuis la nuit des temps ce que peuvent être les atrocités qui ont été commises par l’Homme sur l’Homme. Il appartient maintenant à l’Homme de montrer et de démontrer urgemment qu’il peut mettre fin à cette folie barbare. 
Contre le mal et le fanatisme nous sommes tous des Justes en puissance. C’est cela, l’enseignement du Frère Pfleger.

Par Marc KNOBEL, Historien - Chercheur au Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF), également rapporteur auprès de la Commission Nationale Consultative des droits de l’Homme (CNDH) pour les questions de racisme sur Internet.

Témoignage recueilli par F. Alain STEINBACH, membre de l’Amitié Judéo-Chrétienne de LYON.

(Publié dans « Présence Mariste » n°303, avril 2020)
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