Les écoles catholiques au Liban

La place importante de l’école catholique : diversité et répartition

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Le Liban, pays du Cèdre, a été qualifié par Sa Sainteté le Pape Jean Paul II, de « plus qu’un pays, un message de liberté et un modèle de pluralisme, pour l’Orient comme pour l’Occident »
(lettre adressée à tous les Évêques de l’Église Catholique, au sujet de la situation au Liban, le 7 septembre 1989).
Célébration de l’indépendance du Liban. École mariste de Jbeil (Liban)

Étant un lieu de brassage de cultures et de religions, où 17 communautés religieuses, toutes minoritaires, s’interpénètrent dans le cadre d’un régime sociopolitique pluricommunautaire, le Liban persiste dans un mouvement dialectique mouliné de confrontation et de réconciliation, de réalisme et d’idéalisme, d’angoisse et d’espérance, de sectarisme et d’humanisme.

Dans ce pays, l’école catholique constitue un choix stratégique de l’Église du Liban, puisqu’elle contribue à maintenir vivante, la présence de l’Église, malgré l’accroissement des défis qui augmentent en qualité et en intensité.

La réalité en quelques chiffres

L’enseignement catholique au Liban se caractérise par la diversité de ses établissements et par leur répartition sur tout le territoire libanais. Il existe 59 groupes scolaires fédérés au Secrétariat Général des Écoles Catholiques qui scolarisent 192 000 élèves, avec un corps enseignant et administratif qui regroupe 12 800 enseignants et 900 religieux et religieuses.

Dans le cadre du jumelage des diocèses de Saint-Étienne et de Batroun, rencontre dans une famille musulmane chiite

Actuellement, l’enseignement catholique scolarise 21,5 % de l’ensemble de la population scolaire libanaise. Nous comptons 365 écoles et scolarisons des élèves de toutes les communautés religieuses du Liban, dont 23,2 % de musulmans.

Rappel historique

Pour comprendre la situation de l’enseignement catholique au Liban et saisir la portée des défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, il importe d’évoquer rapidement l’histoire et de mentionner que le Synode Libanais de l’Église Maronite, qui se tenait en 1736, avait déjà édicté l’obligation et presque la gratuité de l’éducation. Depuis cette date et tout au long du 19e et du 20e siècle, les écoles se sont multipliées, fondées par des missionnaires venus d’Europe, et d’autres instituées par les Ordres religieux libanais, qui assuraient, déjà depuis le 18e siècle, un enseignement, aux filles et aux garçons, dans l’enceinte de leurs couvents, parsemés sur les cimes de la montagne libanaise. La situation instable du pays, depuis 1975, continue à peser de son poids sur les institutions éducatives.

Jumelage des diocèses, célébration du Jeudi saint à la cathédrale Saint-Étienne de Batroun

Les principaux défis…

Comment sauvegarder l’identité de l’école catholique, qui est l’école de l’Église et qui participe à sa mission évangélisatrice, dans un milieu qui connaît un développement de l’intégrisme, et où règnent la discrimination religieuse et confessionnelle, et où la violence perturbe les esprits ?
En rapport avec le pluralisme religieux, comment proposer aux jeunes les valeurs qui méritent d’être vécues et défendues et qui doivent être transmises, en leur assurant une formation au respect des différences religieuses et culturelles, assise sur un véritable dialogue, capable de sauvegarder l’unité et d’édifier la citoyenneté, et par là, comment pouvoir assurer un équilibre entre l’éducation à l’intériorité, en rapport avec la dignité de la personne et l’acquisition de l’autonomie responsable, ainsi que l’esprit de solidarité communautaire et nationale.

Comment élaborer une politique éducative nationale qui soit dynamique et qui synthétise deux visions du monde différentes : la vision chrétienne et la vision musulmane. Quel profil de l’élève et du citoyen ? Quel homme pour quelle société et pour quelle nation ?

Comment affronter une situation économique d’inflation qui prévaut dans le pays, et qui a appauvri la majorité de la population, tout en sachant que l’école catholique au Liban ne reçoit aucune subvention de l’État libanais, et les familles sont obligées de satisfaire aux exigences du coût de l’éducation par leurs propres moyens financiers, devenus limités ?

Comment éveiller les jeunes à la foi chrétienne, dans une société multi religieuse, une foi qui les motive à affronter tout ce qui déprécie la dignité de la personne, en rapport avec la mondialisation, mais aussi et surtout avec le matérialisme, le relativisme, le pragmatisme, qui constituent ensemble, le mal du siècle ?

Chorale de la paroisse N.D. du Liban à Lyon composée d’étudiant(e)s et de moines Antonins maronites

Certes, ces défis nous engagent à élaborer des options et des actions stratégiques qui nous portent à développer des structures de collaboration, entre tous les acteurs et les partenaires de l’école catholique. Il serait trop long d’exposer, ici, ces options et ces actions.

Tournés vers l’avenir avec le soutien de l’Église universelle

Il convient de terminer ce bref tableau, en disant que l’école catholique au Liban continue à avoir le souci de l’excellence dans les domaines de la science, de l’édification de la personne humaine et du citoyen libanais. Une solidarité effective de l’Église universelle nous serait de grande utilité, dans cette œuvre éducative noble de l’humanité que l’école catholique essaye de réaliser, dans un pays de pionniers, sur une terre parsemée de saints et de poètes et où les prophètes continuent à entonner le chant de Dieu.

Henry CREMONA,
Conseiller pédagogique auprès du Secrétariat Général des écoles catholiques au Liban
(Paru dans Présence Mariste N° 267, Avril 2011)[/bleu]

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