Synode : un grand moment pour l’Eglise et le monde

Recentrer la mission de l’Eglise au Moyen-Orient

[rouge]Communion et témoignage[/rouge]

Tel était le thème – audacieux – de l’Assemblée synodale sur les Églises du Moyen-Orient. En ces temps plus difficiles, il est urgent de dépasser particularismes et autres sujets de désunion pour revenir à l’essentiel : annoncer et témoigner de Jésus Christ.
Comment mettre plus de communion entre les fidèles, les paroisses déjà à l’intérieur de chaque Église, puis entre les Églises orientales catholiques et enfin avec les autres Églises ? Tel était l’enjeu. Il a fallu commencer par un examen de la situation avant de cerner les actions qu’il serait possible d’entreprendre.

Conférence de presse lors du synode avec des représentants des Eglises maronite, melkite et arménienne

[rouge]Le conflit israélo-palestinien en toile de fond[/rouge]

Désormais peu nombreux, les chrétiens sont confrontés à toutes sortes de défis pour se maintenir et pour témoigner. Ce ne fut pas tant l’Islam qui fut d’abord pointé mais plutôt les conflits politiques, surtout celui qui oppose Israéliens et Palestiniens, qui tend à s’éterniser et qui pollue toute la région. Ce conflit met en porte-à-faux les chrétiens pourtant totalement solidaires de leurs frères musulmans qui les soupçonnent d’être du côté des Occidentaux globalement considérés comme de religion chrétienne.
Comment, dans un tel contexte, les Églises peuvent-elles vivre et remplir leur mission ?

[rouge]La condition des chrétiens au Moyen-Orient[/rouge]

Les Pères commencèrent par camper la condition chrétienne au Moyen-Orient. Ils y sont chez eux. Ils comptent sur la solidarité chrétienne pour porter leur croix. Que les chrétiens d’Occident leur rendent visite (spécialement lors de pèlerinages) et que, chez eux, ils respectent leurs usages et leurs coutumes ; que les émigrés n’oublient pas leur Église d’origine. C’est en examinant les liens avec l’Église latine que sont revenues deux questions qu’il faut garder à leur juste place. Il s’agit de la juridiction universelle des patriarches et de l’exercice du ministère par des prêtres orientaux mariés. Enfin, il a été reconnu qu’il existe un afflux considérable de chrétiens notamment dans les pays du Golfe et en Arabie saoudite – on parle de 2 millions de personnes immigrées, en majorité des femmes – venant de l’Inde, du Sri-lanka et des Philippines pour lesquels pas grand-chose n’a été fait jusqu’à présent. Cette immigration change la donne. D’autres chrétiens remplacent ceux qui s’en vont. Le monde arabe musulman découvre qu’il y a d’autres chrétiens que les Occidentaux.

Pèlerinage des jeunes du diocèse de St Etienne. Importance de ces visites pour les communautés chrétiennes locales

[rouge]Nécessité de renouveler la pastorale[/rouge]

Face à une telle situation, que faire ? C’est toute la pastorale qui est à renouveler. Il faut s’en donner les moyens. D’abord, pour recevoir la Parole de Dieu avoir des bibles en arabe et connaître l’Ancien Testament.
Ensuite, renforcer la catéchèse à tous les âges et pour cela, utiliser les nouveaux médias. Les chrétiens du Moyen Orient ont su se doter d’une télévision et d’un satellite qui la diffuse partout.
Enfin, réformer la liturgie pour y inclure davantage de textes d’Ancien Testament et pour la rendre plus accessible aux jeunes. Rien ne se fera sans une pastorale des vocations et une formation des séminaristes ouverte à la mission et au service dans la Diaspora.

Avoir des Bibles en arabe pour recevoir la Parole de Dieu

[rouge]Comme chrétiens, être soi-même[/rouge]

Le message au Peuple de Dieu pose clairement les enjeux du Synode : nous, chrétiens des différentes Églises, nous devons être nous-mêmes. Nous sommes en relation avec nos concitoyens, chrétiens, juifs et musulmans. Ces relations sont commandées par deux principes. Un principe primordial : Dieu veut que nous soyons chrétiens dans et pour nos sociétés moyen-orientales. Le deuxième principe postule que nous sommes une partie intégrante de nos sociétés, ce qui suppose la liberté religieuse et la liberté de conscience. Il s’ensuit que l’État doit être religieusement neutre, ce qui a été appelé État civique. Il est en effet impossible, dans des pays aussi religieux, d’employer le terme de laïc.

[rouge]Relations œcuméniques et dialogue interreligieux[/rouge]

Après quoi, la communion est présentée comme condition et moyen du témoignage. Les propositions traitent des relations œcuméniques et suggèrent une traduction commune du Notre Père et du Symbole de Nicée-Constantinople. Elles souhaitent ardemment la fixation de la date de Pâques pour la célébrer, sinon ensemble, du moins en même temps. On trouve une autre proposition pour une fête annuelle des martyrs. Au plan du dialogue interreligieux, outre la nécessité de se former à un tel dialogue, les Pères affirment que chrétiens et musulmans veulent offrir à l’Orient et à l’Occident un modèle de convivialité. Les relations avec les Juifs sont commandées par la recherche d’une paix sincère, juste et durable.

Nécessité de poursuivre le dialogue entre juifs et chrétiens

À cet égard un appel à la paix est lancé en direction de la communauté internationale qui a été fortement repris par le pape au cours de son homélie à la messe de clôture.

[rouge]Témoigner jusqu’au martyre[/rouge]

Hélas, comme un démenti, la réponse de l’extrémisme islamiste le dimanche suivant la clôture du synode a été l’attentat perpétré dans la cathédrale syrienne-catholique de Bagdad, au mépris de la loi coranique qui reconnaît la liberté de culte aux chrétiens.
Comme pour les moines de Tibhirine, le témoignage est le même : « Voir en toute personne le visage de Dieu et la traiter selon les attributs de Dieu et selon ses commandements, c’est-à-dire selon la bonté de Dieu, sa justice, sa miséricorde et son amour pour tous ».

Mgr Philippe BRIZARD
Directeur général émérite de l’Œuvre d’Orient
Auditeur au Synode
(paru dans Présence Mariste N° 267, avril 2011)

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