Et déjà des vocations maristes en perspective

Un aspect de la mission : aller à la rencontre des familles et des jeunes

J’ai le plaisir, une fois de plus, de partager ma vie avec Canicio, un Frère brésilien qui passe son temps à communiquer la vie partout où sa motocyclette l’amène. Je suis arrivé à l’aéroport d’une ville au centre du pays. Il m’attendait en compagnie de sa motocyclette, une amie qui le suit dans toutes ses courses…

Deux heures de voyage depuis l’aéroport jusqu’à la communauté des Frères Maristes, située dans une ville de 30 000 habitants. Sur notre parcours, le paysage change avec les kilomètres. Avenues larges et bien tracées, suivies d’une route où les automobiles se mêlent au flot des motocyclettes ; vient ensuite une route bien goudronnée traversant des rizières.

Peu à peu, le paysage se transforme, la végétation grandit, les villages apparaissent puis laissent la place aux cultures.

Communauté au cœur de la vie

C’est le temps de préparer la terre et les paysans labourent les rizières selon la tradition, avec une paire de buffles. Nous traversons plusieurs ponts et nous constatons les progrès accomplis ces derniers mois dans la transformation des routes et des chemins vicinaux. Nous voici arrivés dans la petite ville où la communauté de 3 Frères partage sa vie, ses projets, ses joies et ses soucis face à l’incertitude devant l’avenir…

Frère Canicio (originaire du Brésil) et sa moto, fidèle compagne pour ses visites

Il n’y a pas d’autobus au village ; les maisons les plus proches sont visitées à pied et les autres à motocyclette ou à bicyclette. Je prends la bicyclette pour aller manger et, dans l’après-midi, nous allons visiter à moto un jeune qui désire en savoir un peu plus sur la vie mariste.

Cinq kilomètres de route, suivis d’un raccourci et nous voici arrivés à sa maison, située dans une rizière. Nous revenons chez nous et repartons bientôt pour rendre visite à d’autres étudiants intéressés par notre manière de vivre. Leur père a été témoin de la Foi en des circonstances difficiles. Dans sa jeunesse, il voulait être prêtre mais il fut arrêté alors qu’il était séminariste et vécut dix ans en prison.

Pas de pastorale sans moto !

Le lendemain, nouvelle rencontre dans un village voisin pour visiter un autre jeune souhaitant devenir mariste. Son problème, selon ses dires est de ne pas être assez bon. De nouveau à motocyclette, pendant une quinzaine de minutes, et nous retrouvons la nouvelle route, en sens contraire maintenant. Après un chemin de terre, voici un village beaucoup plus petit, éparpillé dans les rizières et pourtant, à l’église, proche de la maison que nous visitons, des centaines de jeunes se réunissent le dimanche pour la catéchèse et la messe…

Deux frères et trois aspirants

Nous parlons avec les parents du jeune aspirant et nous rendons visite à la communauté religieuse qui anime la liturgie en cet endroit. Une fois de plus, c’est la motocyclette qui nous rend service pour communiquer. Après le repas, nous repartons. Un chemin de terre, des rizières de part et d’autre du chemin, des champs inondés qui rappellent les pluies du mois précédent, des maisons, des chiens, des poules, des vaches et des enfants, tels sont les personnages du paysage que nous contemplons sur notre parcours… Le soir, nous repartons à moto pour partager le repas de deux maîtres d’école qui ont toujours été attentifs à aider la communauté. Nous allons et venons avec 3 motocyclettes et cela est pour moi la confirmation que dans ce pays la moto ou la bicyclette sont les instruments indispensables pour les relations humaines.

Un peuple de croyants

Un jour nouveau se lève et nous allons à la messe dans l’une des églises du village. Il est important de voir comment dans un village si petit, les églises se multiplient. Il s’agit d’un effort constant pour construire en chaque lieu un temple, symbole de la foi vivante de ce peuple. Il est 7 heures du matin, le temps est frais et, des rizières, le brouillard se lève lentement. Les gens vont et viennent, qui à bicyclette, qui à moto. C’est le jour de l’Immaculée et l’église est pleine à craquer, les hommes à droite, les femmes à gauche, les enfants également répartis sont devant, près de l’autel. L’harmonie de la chorale crée un climat sacré.

La moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux

En écoutant les chants avec attention on perçoit la précision acquise après des heures nombreuses de répétition. La messe se termine. Tous retournent à leurs occupations à motocyclette. Pierre, un des Frères de la communauté, revient à bicyclette. Cela lui prendra plus de temps mais il pourra jouir du paysage pendant son retour.

11 000 kilomètres pour communiquer la vie

Aujourd’hui, dernier jour en cet endroit. Je me suis préparé psychologiquement pour le voyage. Deux heures à motocyclette pour arriver à l’aéroport, mais le retour se fera par d’autres chemins afin de pouvoir rencontrer d’autres jeunes qui ont entendu l’appel de Champagnat pour répondre à Jésus, en travaillant avec la jeunesse. Nous partons du village à 8 heures, et après quelques kilomètres de route, nous prenons des petits chemins récemment asphaltés qui nous conduiront aux endroits voulus.
Après une demi-heure, arrêt sur un pont : au-dessous, une femme lave du linge dans la rivière profonde dont l’eau cristalline coule rapidement. Sur l’autre rive, une vache broute librement. Nous continuons notre parcours jusqu’à une autre ville. Grâce à la moto, nous avons pu visiter facilement 4 familles de l’endroit. L’une d’elles habite au nord de la ville, le chemin est tortueux et, à un carrefour, nous attendons le père de famille d’un des aspirants. Il nous conduit à sa maison où nous attendons son fils, de retour de l’école. De là, nous allons vers l’est dans un quartier hors de la ville où deux jeunes nous attendent. En arrivant chez eux, nous saluons leurs parents et leurs frères. Au terme de notre brève visite, ils nous indiquent le chemin le plus court pour continuer notre route vers l’étape finale, l’aéroport. C’est l’ultime étape de ce voyage avec Canicio. Elle dure une heure. Déjà 40 minutes ont passé et les 20 dernières me semblent très longues. Les kilomètres diminuent : 40 puis 35, 20, 16, 5 et nous voici enfin à l’aéroport. Sa motocyclette indique 11 387 km. Je prends congé de lui le cœur plein de reconnaissance et d’espérance.

J’ai découvert un Frère semeur de la Bonne Nouvelle, transmetteur de vie et d’espérance et je demande au Seigneur de le protéger lui et sa moto, fidèle compagne de tous ses parcours.

Frère Juan CASTRO
(publié dans Présence Mariste N° 263, avril 2010)

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