Dix ans de présence mariste à Cuba

Les Frères maristes sont arrivés à Cuba en 1903. Ils se sont bien développés et ont créé de nombreuses écoles jusqu’en 1961 où ils ont été expulsés du pays et leurs écoles confisquées. Après plusieurs années d’attente, ils ont pu revenir en 2001. (Présence Mariste N° 272, Juillet 2012)

Le contexte sociopolitique et ecclésial

La refondation mariste à Cuba a coïncidé avec une période particulièrement difficile pour le peuple cubain : la chute du socialisme en Europe, là où il dominait (1991-2001), provoquant une crise grave dans la population, avec des répercussions sur l’émigration (sorties massives de balseros [1] ), diminution du niveau de vie et des services de base et réinsertion du pays dans le nouveau monde globalisé unipolaire. Époque où l’Église a connu le phénomène du « débordement » (beaucoup de monde accourait dans les églises, de manière momentanée), quand les évêques publièrent la lettre intitulée « L’Amour espère tout », où ils faisaient écho aux inquiétudes et à l’épuisement du peuple.

Les frères présents dans la perle des Caraïbes

Quelques années plus tard, en 1998, le Pape Jean-Paul II vint visiter Cuba avec sa phrase célèbre : « Que Cuba s’ouvre au monde, que le monde s’ouvre à Cuba ». C’est dans ce contexte que le Conseil général des Frères Maristes prit la décision d’une nouvelle présence des Frères dans la Perle des Caraïbes.

L’itinéraire de fondation

En mai 1993, le Conseil général décide de refonder la mission de Cuba. F. Charles Howard, Supérieur général, demande des volontaires aux Frères Provinciaux de l’Amérique latine. Ainsi se forme un premier groupe de sept Frères prêts à entrer dans le pays quand les autorités le permettraient. La permission arrive au bout de 8 ans !

Entre temps, nous échangeons des lettres et visitons l’île pendant de courts séjours pour chercher comment accélérer les formalités d’entrée. La permission désirée arrive en 2001, mais pour deux Frères seulement. D’autres permissions seront accordées au compte-goutte : pour les FF. Efraín et Carlos en 2001, Héctor (2003), Salvador (2005), Jesús et Carlos (2007) et Germán (2010).

Cuba s’ouvre à l’évangélisation

Première fondation à Cienfuegos, ville de 150 000 habitants, au centre de l’île, à l’appel de Mgr Emilio Aranguren, ancien élève mariste, qui en fit lui-même la demande au Supérieur général. Appel à collaborer de manière préférentielle pour l’éducation chrétienne des enfants et des jeunes et pour la formation des laïcs. Accueil très chaleureux et plein d’attention, d’abord à l’évêché pendant deux mois et ensuite dans la Maison Caritas. On a dû adapter notre apostolat aux réalités propres à un pays socialiste, qui ne tolère pas la présence de l’Église à l’école et qui contrôle les lieux et les expressions apostoliques des Congrégations Religieuses, spécialement de celles dont la mission est l’éducation des jeunes.

Notre travail apostolique

Notre action se développe selon trois grands axes : animation de la catéchèse et de la pastorale des jeunes dans plusieurs paroisses ; collaboration à quelques commissions diocésaines comme celle de la Pastorale Sociale, la Pastorale des jeunes ; et enfin, Catéchèse et Mission avec l’animation du Centre Mariste de la jeunesse.

Dans ce centre, nous offrons des services, sur une petite échelle, aux enfants et jeunes du quartier, de 3 à 6 heures de l’après-midi : guitare, sports et théâtre au début, et par la suite, anglais, informatique et révision scolaire.

La Pastorale des Vocations

Dès le début, nous avons fait le pari d’une Pastorale des Vocations au sens large comme au sens spécifique en accompagnant les jeunes qui manifestent des désirs de vie religieuse ou sacerdotale.
Travail d’accompagnement difficile car les jeunes qui frappent à notre porte et aux portes d’autres congrégations ont parfois des motivations conscientes ou inconscientes peu claires ; ils viennent souvent de famille désunies et leur formation religieuse est pauvre.

Rassemblement national des jeunes Cubains

En 2004, notre communauté de Cienfuegos est devenue communauté de formation, d’abord pour le pré-postulat et ensuite pour le postulat. Nous avons accompagné trois candidats.

La communauté de La Havane et le Noviciat

En 2007, s’est ouverte notre seconde communauté, à La Havane parce que nous souhaitions privilégier la formation, la capitale offrant plus de possibilités pour la formation des jeunes. On y trouve l’Institut Marie Reine, de la Conférence Cubaine des Religieux, et la plupart des Congrégations y forment leurs postulants, novices et scolastiques.
Nous occupons actuellement une maison louée, à la périphérie de La Havane. Cette communauté est éminemment formatrice et missionnaire. C’est là que fonctionne le Noviciat depuis 2007. Un Novice a fait son noviciat en 2007-2008 et un autre le fait actuellement.
Les Frères collaborent dans différents centres de formation et instances formatrices du diocèse. Ils animent aussi des groupes de catéchèse et de jeunes dans la paroisse et ouvrent leur maison aux enfants et aux gens du quartier pour les leçons de guitare et d’anglais.

Notre vie communautaire et notre spiritualité

Après avoir précisé ce que nous faisons, je tiens à présenter brièvement deux dimensions de notre être mariste indissolublement liées à notre travail apostolique ; elles concernent notre vie communautaire et notre spiritualité. L’interculturalité, l’internationalité, l’interprovincialité et la diversité des caractères sont sans doute source de richesse pour notre vie communautaire, mais aussi occasion de divergences et parfois de tensions.

Heureusement, le Seigneur nous a accompagnés et, malgré les difficultés, ont prévalu le dialogue, la souplesse, la réconciliation, l’esprit mariste et la foi en notre vocation commune à la suite de Jésus. Nous avons tous la conviction que la vie communautaire est précieuse et que nous devons la défendre avec courage, par des structures porteuses de vie et par des attitudes qui génèrent foi, espérance et fraternité.

Parmi les cadeaux que le Seigneur nous a faits, je souligne aussi la découverte d’une nouvelle spiritualité qui guide aujourd’hui le cheminement de la vie religieuse sous nos latitudes, spiritualité qui se développe autour de trois pôles : mystique-ascétique, prophétie-sagesse, semence-utopie.

Toute notre reconnaissance aux Frères du Conseil général, à tous les Frères de l’Institut et à ceux de la Province d’Amérique Centrale, dont nous faisons partie depuis 2009, pour nous avoir accueillis dans son sein et pour son souci de veiller à notre croissance humaine et religieuse.


F. Carlos Martínez LAVÍN
(Publié dans Présence Mariste N° 272, juillet 2012)

[1Les émigrants prenaient la mer sur des barques, appelées « balsas », d’où le nom de « balseros »

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